— Écoute Frist, je sais que je suis pas le meilleur des potes de cette Terre, je sais que je suis qu'un gros con, je sais que toutes ces années, je t'ai complètement laissé de côté, je sais que j'aurais dû t'écouter, putain.., ma voix déraille et j'ai presque l'impression que je vais pleurer, je suis désolé. T'es mon meilleur pote et.. désolé. Désolé d'être le pire des meilleurs amis. Désolé de ne pas être là pour toi. désolé, je répète en triturant mes doigts, les yeux voilés de larmes.

Aujourd'hui, c'est à mon tour d'être triste pour lui. Parce que Frist n'a personne depuis tout ce temps, et je ne m'en suis jamais rendu compte.

— T'es pas mon meilleur ami, il lance d'un coup.

Je ferme les yeux forts. J'ai l'impression qu'on vient de m'arracher une partie de moi. J'ai l'impression que..

— T'es mon frère.

Je tourne la tête vers lui, une larme sur la joue.

— T'as toujours été mon frère, il termine.

Je le prends dans mes bras. Je le serre fort. Comme j'aurais serré un frère dans mes bras, comme j'ai serré Ametyst dans mes bras, devant la prison pour mineur.

— Je vais pleurer, on entend renifler à côté de nous.

Je me tourne vers Viktoria, qui nous regarde en souriant tristement.

— Ma sœur me manque, vous savez, et quand je vous vois tous les deux comme ça, ça me fais rappeler que je ne prends pas assez ma sœur dans mes bras, elle dit entre deux reniflements.

Je me décale  vers elle et la prend elle aussi dans mes bras. Kenler hoche la tête, comme s'il me donnait la permission de faire ça. J'ai presque envie de rire.

— Et moi, ça me fait rappeler à quel point j'ai un frère minable, que j'aurais pu prendre dans
mes bras s'il n'était pas le plus gros salopard de la planète, marmonne la voix rauque d'Heaven, qui s'est redressée.

Nous nous regardons tous, comme dans un moment d'aveux. Nous n'avons plus de filtres. Comme si l'air léger et frais de Californie nous droguait. Il nous drogue d'un sérum de vérité qu'on ne peut avoir qu'avec sa famille. Parce que ces gens-là sont ma famille.

— Je vous aimes, lâche Frist en balançant son bras autour de mes épaules.

— J'ai dû m'essuyer avec des feuilles, vous vous rendez compte ? crie la voix aiguë de Zedd à quelques mètres de nous.

Nous éclatons de rires, tous encore un peu secoués.

Zedd s'assoit à côté d'Heaven et je me surprends à ne pas être jaloux. Nous sommes une famille.

On ne violente pas sa famille, me rappelle une voix dans ma tête.

Comme si je pouvais l'oublier.

Alors que nous nous lançons tous des regards pleins d'émotion, une voiture s'arrête à côté de nous.

MA VOITURE !

Je me lève le premier et ouvre la portière d'un coup.

— Tyler, t'es un homme mort, je grogne.

Heaven [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant