Chapitre 5 ( Partie II)

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Média :

Benjamin Clementine - I Won't Complain

&

Celui que vous attendez tant :) 

***

H A I L E Y 


Plus je m'approche de l'immeuble, plus je ralentis. Je suis même tentée de retourner au Lady Midnight pour grappiller quelques heures de moins en sa compagnie. C'est dire à quel point, j'aime mon mari. Mari. Je pouffe en silence. Il n'en porte le nom que sur papier, pour moi il n'est rien à part une corde qui m'enchaîne à cette vie. Je grimace au souvenir du nombre de temps qu'il me reste à ses côtés. Beaucoup trop à mon goût. Je prends une profonde inspiration et pénètre dans le garage attenant à l'immeuble. Je ne sors pas tout de suite de la voiture, je me prépare à écouter la litanie rasoir sur le fait que je rentre toujours à des heures indues. Je lâche un grognement et je me résigne à sortir de l'habitacle. Je ne suis pas une lâche, je ne vais pas me terrer ad vitam aeternam dans le garage en espérant qu'il s'endorme avant que j'ouvre la porte de l'appartement. Je sais que c'est une chose impossible, il ne se couche jamais avant que je ne sois là. On pourrait prendre ça pour une forme d'attention, comme une preuve de ses sentiments pour moi. Sauf qu'il n'en est rien.

Je choisis de prendre les escaliers au lieu de l'ascenseur, ça me permet d'évacuer un peu la tension qui m'habite. J'ai besoin d'un tour de circuit pour me détendre totalement, malheureusement ça devra attendre dimanche.

Légèrement essoufflée, j'arrive devant la porte de notre appartement, au 8e étage. Au moment où j'ouvre la porte, la douce mélodie d'un morceau classique parvient à mes oreilles. J'accroche ma veste à un cintre et la range dans le placard du vestibule. Je retire mes escarpins et me dirige vers le salon. Le parquet grince un peu sous mes pas et signale mon arrivée dans la pièce. La hauteur sous plafond est ce qui me plaît le plus ici. D'ailleurs, c'est la seule chose avec la vue sur les toits de Paris. Je n'ai pas choisi les meubles ni la décoration de ce que je suis censée appeler mon chez-moi. Tout l'honneur en revenait à mon cher et tendre.

— Enfin te voilà, s'exclame une voix rude.

Je serre les dents et tourne la tête vers l'homme confortablement installé dans un fauteuil. Un autre cadeau d'Henri. Jules Fournier. Une chevelure parfaitement disciplinée, des yeux bleus saisissants, un nez fin et des lèvres pour lesquels beaucoup de femmes seraient prêtes à se damner. Beaucoup sauf moi, car je sais quel venin elles sont capables de laisser échapper.

— Comme tu le vois, je n'ai pas quitté le foyer conjugal, et ce n'est pas l'envie qui me manque, j'ajoute in petto.

Il ne répond rien et se contente de me dévisager. Il lâche un soupir et se lève pour me rejoindre. Je croise les bras contre ma poitrine et lui rends son regard noir.

— Pourquoi fais-tu tout ce que tu peux pour qu'on se dispute ?

Je hausse les sourcils, incrédule.

— Dis-moi ce que j'ai fait ce soir pour provoquer une dispute ?

— As-tu vu l'heure qu'il est ?

— Tu as vu où je travaille. Il faut que je te rappelle les horaires ?

— Tu n'étais pas au club, déclare-t-il calmement.

— Bien sûr que si !

— Ne me mens pas Hailey.

Broken But Alive [EDITEE]Where stories live. Discover now