Broken But Alive [EDITEE]

Chapitre 1 ( Partie II)

Média :

Yodelice - Talk to me 

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H A I L E Y

Je me lève d'un bond et traverse l'allée en courant. Je bouscule les retardataires et n'écoute pas les râles qu'ils émettent. Il faut que je sorte d'ici le plus vite possible. Je descends les escaliers et tourne au coin de l'église. Je m'adosse au mur antique puis serre les poings et les dents pour ne pas crier. Je déglutis plusieurs fois pour déloger la boule qui obstrue ma gorge, mais elle ne veut pas sortir. J'appuie ma tête contre le mur et laisse mes larmes dévaler mes joues. J'ai l'impression de ne faire que ça, pleurer et me noyer.

— Hailey, murmure une voix rauque.

Eli. Je ne sais pas si je l'ai seulement pensé ou si j'ai prononcé son prénom à voix haute. J'aperçois son corps flou à travers ma vue embrumée. Je ferme les yeux et pose mon front contre sa poitrine. Entre nous, ça a toujours été ainsi. Il me rassure, me pousse dans mes derniers retranchements quand ça ne va pas. Les autres me faisaient rire, m'emmenaient faire la fête et me laissaient déblatérer pendant des heures sur les profs ou les connards qu'étaient devenu mes petits amis. Alors qu'avec Eli, il suffit qu'il me prenne dans ses bras pour que je me sente mieux. Il a cette aura de bienveillance et de douceur qui l'entoure et m'apaise.

— Je ne peux pas, je souffle.

Eli place son index sous mon menton et relève mon visage pour ancrer ses yeux dans les miens. J'observe son visage ciselé, ses cheveux noirs en bataille, son nez fin un peu tordu suite à une bagarre, ses lèvres charnues. Il ne manque que les fossettes au creux de ses joues pour que j'en arrive à imaginer que nos amis nous attendent au bar du coin. Mais, elles n'apparaissent pas. Alors je sais, je sais que plus jamais ils ne me consoleront chacun à leur façon. Ils ne me prendront plus dans leurs bras, ils ne joueront plus leurs rôles de grands frères ultras protecteurs auprès de mes prétendants. Je sais que mon cœur ne sera plus jamais entier. Je remonte mon regard jusqu'à ses yeux humides. Ses pouces caressent mes pommettes.

— Tu vas le faire ma belle. Parce que tu es une femme forte et que tu en as besoin.

Ses bras m'entourent et je laisse mes larmes couler encore quelques minutes. Puis ses doigts s'entremêlent avec les miens et il m'emmène jusqu'aux portes de l'église. Il s'arrête sur le seuil et me jette un coup d'œil par-dessus son épaule. Il presse ma main tandis que j'inspire profondément. On remonte l'allée ensemble, et je reprends ma place. Mon père pose sa main sur mon épaule et m'embrasse la tempe. Je ferme les yeux à son contact. Il n'est pas d'un naturel démonstratif, mais ses petits gestes me font du bien et me culpabilisent à la fois, car les parents qui se trouvent devant moi ne pourront plus le faire. Je porte mon regard plus loin, sur le cercueil. Ça me brise qu'un homme autrefois si gentil puisse se trouver dedans. J'écoute à peine les mots du prêtre et des personnes qui défilent pour réciter différents textes. C'est comme si je me retirais de mon propre corps et observais la scène d'au-dessus. Je me vois, totalement immobile, les yeux dans le vide, le teint cireux, les poings serrés sur les cuisses, tentant vainement de ne pas pleurer. Je sais que je suis proche du point de rupture. Eli me murmure quelque chose, mais je ne l'entends pas. Sa main se pose sur ma cuisse, puis desserre mon poing. C'est à ce moment que je reviens à moi, j'appuie ma tête contre son épaule, alors que la main de mon père attrape mon autre main libre. 3

— Reste avec moi Hailey, chuchote Eli.

Je hoche la tête et pour la première fois, je pleure pendant la cérémonie. Eli passe son bras autour de mes épaules et me serre contre lui. Je sens à son corps tendu qu'il se retient de ne pas craquer aussi. Je passe pratiquement toute la cérémonie dans ses bras, jusqu'à ce que les gens commencent à se lever, pour prendre la direction du cimetière. Le seul endroit où je ne suis pas encore prête à mettre les pieds.