Broken But Alive [EDITEE]

Chapitre 3 ( Partie I)

Média :

OneRepublic - Let's Hurt Tonight

***

E L I J A H

Je lance mes clés sur le buffet et jette mon manteau sur une chaise. Je marche d'un pas rageur jusqu'à la cuisine pour me servir un verre. Putain ! Je ne pensais pas que ça se passerait de cette façon. Qui aurait pu l'imaginer ? Mais je comprends mieux pourquoi Noémie agit de la sorte. Ses parents sont exactement comme elle, ils misent tout sur l'apparence. Est-ce que je vais pouvoir supporter cette mascarade encore longtemps ? Je sais parfaitement pourquoi je m'entête dans cette liaison, pourquoi je ne voulais pas rencontrer ses parents plus tôt. Cela aurait rendu les choses beaucoup trop concrètes à mon goût. Aussi improbable que cela puisse paraître, c'est bien parce qu'il manque quelque chose à notre relation que je reste auprès d'elle. Avec Noémie, je sais à quoi m'attendre, je n'ai pas à craindre qu'elle me demande de pousser notre relation plus loin.

— Tu ne peux pas parler de la sorte à mon père, Eli.

— Et pourquoi ? Tu crois que je vais le laisser me marcher dessus ? je grogne en me retournant vers elle.

Elle commence à faire descendre lentement la fermeture de sa robe, puis laisse tomber cette dernière à ses pieds. Je m'appuie contre l'évier, tandis que mes yeux détaillent sa lingerie de la même couleur sombre que sa robe. Noémie sait jouer de ses atouts. Elle fait un pas de côté pour ne pas se prendre les pieds dans le tissu.

— Tout simplement parce que c'est mon père, me répond-elle en avançant vers moi.

— Ne joue pas à ça avec moi Noémie ! Le fait que ça soit ton paternel n'excuse en rien son attitude.

— Il ne veut que le meilleur pour moi.

— Et moi je suis quoi ? Un bouche-trou en attendant qu'il te trouve un mec qu'il puisse contrôler ou un vieux plein aux as ?

— Mais non, je t'aime Eli, minaude-t-elle.

— Ne dis pas n'importe quoi Noémie. Tu n'aimes personne d'autre que toi !

J'avale cul sec le liquide ambré et dépose le verre, plus violemment que je ne le voulais, sur le comptoir. Le bruit sec fait sursauter Noémie et un rictus sardonique fleurit sur mes lèvres. Elle me rejoint et se colle à moi. Il n'y a pas le moindre frisson qui parcourt mon corps. Pas même une petite étincelle et c'est pour cette raison que je la laisse croire qu'elle peut me manipuler. Mes sentiments sont sous clés depuis trois ans. Aucune chance de souffrir. Noémie sait que notre relation n'est pas basée sur les sentiments, seulement sur le désir. Je ne lui ai jamais dit ces fameux trois mots et je ne compte pas le faire un jour. Noémie se frotte contre moi.

— Je sais à quoi tu joues et ça ne fonctionne pas.

Elle se place devant moi et pose sa main parfaitement manucurée sur mon torse.

— Ça fait longtemps que tu ne m'as pas touché, ronronne-t-elle.

Sa main descend et se pose sur la boucle de ma ceinture. Je la retiens par le poignet et la repousse.

— Noémie, je ne suis pas d'humeur.

— Tu ne l'es jamais, s'exclame-t-elle.

— Je le suis quand on ne me traite pas comme un moins que rien et que la femme qui partage ma vie me soutient ! Ce qui n'était pas le cas ce soir.

Le masque de sensualité qu'elle arborait se fissure pour laisser place à son vrai visage. Celui que je connais le mieux. Celui que je vois de plus en plus souvent ces derniers temps. L'amertume fige ses traits, ses lèvres sont pincées.