CHAPITRE 4

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              La porte devant moi s'ouvre sur une grande pièce occupée d'un simple canapé et d'une télé. La cuisine donnant sur l'intégralité de cet espace. Cette pièce sombre me rappelle ces moments que j'ai passé enfermé dans ma chambre à prendre toutes sortes de substances. Je ne pouvais pas m'en passer, je ne vivais que pour ça, je vivais uniquement grâce à elles. Comprimés, poudre, liquide, pastilles, tout ce qui était possible et imaginable. Je n'étais qu'une loque à la recherche d'une lueur d'espoir pour la sauver, bien que celle-ci l'ait abandonnée depuis longtemps. L'ambiance qui se dégage de cet appartement, je ne la connais que trop bien. J'observe chaque recoin, chaque angle de la pièce. J'avance avec prudence, comme si au moindre faux pas, tout allait s'écrouler.

Ce n'est pourtant pas la première fois que je me retrouve ici. Mais j'avoue que la dernière fois, mon attention ne se portait que sur les faits et gestes de Jimin. Ce qui se trouvait autour de moi ne m'importait peu, j'étais bien trop dégoûtée de le voir se pourrir la vie avec ces merdes. Merdes qu'il s'empresse de reprendre le plus discrètement possible.

« - C'est plus la peine de te cacher maintenant. Je sais très bien ce que tu fais Jimin. »

Tout en continuant mes observations, je prends place sur l'une des chaises présentent dans la cuisine. Un silence lourd et pesant commence à s'installer suite à mes mots. Je n'avais pas prévu cette réaction. Lui qui habituellement paraît d'une froideur extrême laisse la tristesse et le malheur se dessiner sur son visage. Il s'empresse de fuir mon regard et de replonger dans son activité. La dose est beaucoup trop grande pour que ce ne soit qu'un « traitement ».

« - C'est le seul truc que tu prends ? »

Toujours aucune réponse de sa part. Toujours aucun regard et aucune attention ne m'est accordé. Qu'est-ce que je suis censée faire dans ces circonstances. J'ai beau insister pour avoir une réponse, rien n'y fait, il ne prononce pas un mot à ce sujet. Je me lève pour lui arracher son flacon de pilules de la main, ce flacon qu'il contemplait avec désarroi. Ce n'est qu'après lui avoir volé l'objet de son silence qu'il daigne enfin porter son attention sur moi.

« - Je t'ai posé une question. Est-ce que tu prends d'autres drogues dans ce genre ? »

« - ... J'y ai seulement pensé. Celles-ci ne font plus assez effet. »

Un rire nerveux passe mes lèvres. Substituer une drogue par une autre sous prétexte qu'elle ne fait plus effet ? Arrêter une substance qui te pourrit la vie pour en prendre une autre qui te la détruit ? Où est la logique dans sa façon de penser ? Je ne peux m'empêcher de me lever et lui lancer ma main en plein visage. Le coup est parti sans même que je ne m'en aperçoive. Je me retiens pour ne pas que la deuxième parte. Je serre les poings, sa manière de penser m'énerve au plus haut point. C'est le genre de personnes qui détruit sa vie plus qu'elle ne l'est déjà, le genre de personnes qui a abandonné tout espoir de vie.

« - Pourquoi est-ce que tu veux à ce point m'aider ? »

Mon visage se décrispe de sa montée de colère suite à ses mots. Il fixe le sol, sa voix était d'un calme et d'une froideur étrange, vide d'émotion. Il lève alors son regard pour le plonger dans le mien. Je n'ai jamais vu autant de blessures en un regard. Comment suis-je censée rester sans rien faire face à ça ? Je ne peux pas, il a besoin de quelqu'un en qui croire, quelqu'un sur qui se reposer. Je veux être cette personne, je peux le comprendre.

« - Je te l'ai déjà dit, tu laisses paraître plus que tu ne le penses. Tu as mal, tu souffres, tu es seul. Je ne peux pas te laisser comme ça, encore moins après avoir vu ce que tu fais. »

DENYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant