CHAPITRE 1

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                Je sens un regard insistant. Mes yeux balayent les alentours jusqu'à croiser le regard perçant de cette fille. Elle se tient assise en face de moi, les bras croisés à me scruter du regard. Pourquoi semble-t-elle m'observer avec un air sévère, sombre et persistant. Stop. Stop ! Je ne supporte pas ce regard qu'elle porte sur moi. Il faut que je parte. Loin. A l'abri de l'origine de mon malaise.

Mes jambes parviennent à se mouvoir pour fuir. Je marche sans prêter attention à ce qui m'entoure. Je sens toujours cette sensation, elle me suit. Je continue ma route, seulement, ma rapidité s'évapore dès que mon envie de fuir est plus forte.

Mon corps ralentit jusqu'à sentir une présence se poster à mes côtés et emboîter mes pas. Je n'y prête pas attention au premier abord mais une voix douce et calme vient me perturber dans ma course et me sort de ma réflexion intérieure :

« - Tu devrais faire attention à ton sourire. »

J'avoue avoir du mal à cerner le sens de ses mots. Où veut-elle en venir ?

Je tourne mon regard pour apercevoir le visage de la personne qui m'a interpellé. Je suis interloqué par son style assez voyant. Les cheveux blonds avec la pointe légèrement verte, ondulés, les yeux d'un marron noisette perçant. Je l'observe en détaillant l'intégralité de son corps. Elle n'est pas désagréable à regarder mais elle dégage quelque chose qui m'inspire la crainte.

« - Pardon ? »

« - Ah force de sortir un sourire faux, on va finir par croire que ton vrai sourire est hypocrite. »

Ces mots me surprennent, émotion qui se retranscrit immédiatement sur mon visage pour ensuite prendre une expression dure.

« - T'es qui pour te permettre de me dire ça ? »

« - Quelqu'un qui peut t'aider. »

De l'aide ? Pourquoi est-ce que j'en aurai besoin ?

« - Je ne vois pas pourquoi j'aurais besoin d'aide. Tu devrais faire attention de la manière dont tu t'adresses aux inconnus dans la rue, ils ne sont pas tous aussi compréhensifs que moi. »

Mon pas reprend sa rapidité pour la devancer et rentrer dans ce qui sonne comme un espace de torture continuel à mes oreilles : ce qu'on peut appeler mon appartement. Mais encore une fois, sa voix revient casser mon rythme

« - Tu as justement besoin d'aide pour fuir ces inconnus je me trompe ? Ou plutôt cet inconnu ? »

Des sueurs froides traversent mon corps. Je garde le silence et continue ma route sans montrer la moindre réaction sur ses paroles.

Après quelques minutes de marche et de tourments concernant cette fille, j'entre enfin dans cet immeuble sombre. Du moins, c'est ce qu'il m'inspire. Tout ce qui m'entoure dégage une aura noir, quelque chose d'inquiétant, d'indescriptible. Je n'aime pas cette sensation, j'ai envie de fuir à chaque fois que je la sens. Le problème est qu'il n'y a pas un seul endroit où je ne ressente pas quelque chose d'aussi nuisible. Est-ce mon inconscient qui continue à jouer avec ma perception des choses ? Comment suis-je censé vivre dans des conditions aussi destructrices. Je veux paraître fort, mais au fond je suis mort. Je ne suis qu'une coquille vide qui a besoin de quelque chose pour la maintenir en vie. Tout se résume à un quotidien répétitif dont je ne peux me défaire.

Machinalement, je me dirige dans ma salle de bain. Je prends ma douche, le plus rapidement possible. Je me sens oppressé dans cette pièce. Mon regard fuit tout objet pouvant refléter mon visage. Dans mon état actuel, je serais incapable de supporter encore une fois ces mots qui me hantent depuis plusieurs années.

Je parviens enfin à venir à bout de cette lutte acharnée, je me jette et me laisse aller sur le canapé. Mes muscles commencent à ressentir un manque, des spasmes et tremblements en émanent. J'en ai du mal à bouger. Je me précipite comme je peux dans la cuisine pour prendre l'une de ces pilules blanches qui me permettent de survivre. C'est le seul moyen pour moi de trouver un sommeil des plus calme. Sans elles, je ne vivrais pas le jour et ne dormirais pas la nuit.

DENYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant