28. Douce ignorance

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─ Tu es toute seule en France à faire un deuil ?

─ J'irais bien maman. Je te le promets.

C'est difficile de la convaincre, mais elle n'est pas en France pour me faire la morale ou m'aider émotionnellement. En-tout-cas, lorsque je rentrerai, je lui demanderai de me tenir éloigné de notre nouveau voisin. Je ne veux jamais avoir affaire avec lui. Je me prendrai même un appartement si ça me permet d'être éloigné de lui. En fait... C'est une bonne idée...

─ M'man ? Je peux te demander un truc ?

─ Oui ma fille, ce que tu veux qui est en mon pouvoir.

─ Est-ce que tu peux chercher un appartement au centre-ville de Manama ?

─ Tu veux partir ?

─ Je veux en quelques sortes, prendre mon indépendance.

Le silence pèse à travers le combiné. 

Je n'ai jamais voulu partir de chez ma famille. Pourquoi le vouloir alors que je vis dans l'une des résidences les plus riches du Bahreïn ? Pourquoi vouloir partir quand j'ai une villa en guise de maison ? 

Mais tomber sur Zaïm, ça m'humilierait plus que ce que je ne le suis déjà.

─ Je vais voir ce que je peux faire alors, reprend ma mère en soupirant.

Un petit sourire illumine mon visage qui a été terne toute la journée. Je raccroche sans rien ajouté de plus, laissant le portable s'écraser sur le canapé. 

Je tourne la tête vers la grande fenêtre. Le temps est comme ce que je ressens actuellement. Une avalanche de pluie de tristesse et un tonnerre de nerfs en ébullition. 

Rester dans cette chambre, assise sur le canapé où nous avons baisé, non, c'est impossible pour moi. J'attrape furtivement ma veste et décide de quitter l'hôtel pour quelques heures. 

Sans arme. Juste la pluie et l'orage vibrant autour de moi. 

Je quitte l'hôtel et suis rapidement trempée par l'avalanche dehors. Le vent est tellement fort que j'ai besoin de pousser sur mes jambes afin d'avancer. 

Les gens vont me prendre pour une folle. Je suis la seule personne à être dehors par ce temps. 

Je pourrais sans doute rester à Paris ou même juste en France, le temps que ma mère me trouve un appartement et que toutes mes affaires soient déplacés là-bas afin d'éviter de croiser Zaïm. Son comportement m'agace plus que ce que je ne l'aurais imaginé. J'ai une envie d'éclater sa tête dans un mur et de le vider de son sang pendant qu'il agonise en me suppliant de le pardonner. Pauvre con. Il n'est pas différent des autres, c'est juste que lui au moins, il a la beauté qui va avec, contrairement à certains. 

Alors que je marche la tête baissée pour avancer contre le vent, je me prends quelque chose de dur qui me fait tomber au sol. Mes fesses toutes trempées et plongées dans l'eau parisienne.

─ Yousr ? Qu'est-ce que tu fais dehors par ce temps ?

Je relève furieusement les yeux vers l'homme qui me tend sa main pour aider à me relever.

─ Je pourrais te poser la même question, je lui réponds d'un ton désintéressé.

─ Je te cherchais justement. Ton copain a envoyé l'argent pour la famille d'Anna. J'allais venir le remercier.

Je lève les yeux vers Kyle en fronçant les sourcils. Le pauvre essaye de garder sa capuche sur la tête, mais c'est sans compter sur le vent, venu lui compliquer la tâche.

𝐒𝐀𝐑𝐐𝐀𝐍 | 1 et 2 |Where stories live. Discover now