6 | YARA

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SONG : Brutal – Olivia Rodrigo


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─ J'ai trouvé cette vidéo sur Internet, soupire Gabi en mettant la vidéo en question sur l'écran géant. Non mais n'importe quoi au Pakistan hein... De la violence sans fondements, ça me dégoûte. J'espère que le mec en question va crever.

Je lève le regard vers la télévision et mon cœur arrête de battre quelques secondes. Mes yeux sont captivés vers ce masque doré aux cornes de diable qui frappe un homme à terre au plein milieu d'un ring. Et lorsque mes sourcils se froncent, je comprends que Zafar Khan règne toujours dans la violence et pour satisfaire ses pulsions, il continue les combats illégaux. 

La manière dont il se bat me permet d'assurer qu'il sera un parfait garde du corps alors, pourquoi refuse-t-il mon offre ? Il n'a pas besoin d'un salaire plus élevé étant donné que Monsieur est déjà riche, mais la richesse ne nous permet pas de ne pas aider son prochain et moi, j'ai besoin d'aide. 

Malgré les années qui nous séparent l'un de l'autre, Zafar restera toujours l'homme en qui j'aurai le plus confiance. Il me l'a prouvé maintes et maintes fois, donc il peut bien me rendre ce petit service. Et c'est juste le temps de trouver quelqu'un de meilleur que lui car oui... Il y a toujours meilleur autre part et surtout, de me laisser du temps de trouver quelqu'un en qui je pourrais placer une totale confiance sur le plan de ma sécurité. Le portable qui vibre contre la table en verre me fait grimacer. 

C'est un appel vidéo de ma grand-mère indienne. Gabi fronce les sourcils avant de soupirer et de se tirer. J'attrape mon portable, réponds à l'appel dans un grand sourire et trouve de quoi soutenir l'objet pour parler avec mes mains. 

Le visage bronzé de ma grand-mère vêtu d'un léger voile en satin bleu clair me fait sourire. Ses yeux aussi gris que la lune me fixe à travers l'écran, s'assurant que je me porte bien. Alors d'une main sur ma bouche que j'éloigne, je la salue silencieusement. En pliant et dépliant deux fois les majeurs et indexes, elle me demande si tout va bien, donc je lui réponds avec un pouce en l'air et un grand sourire. Ses mains frottent contre son torse de haut en bas avant de me pointer du doigt.

─ Je ne suis pas fatigué Naani (mamie).

─ Tu devrais passer me voir, j'ai vu que tu venais bientôt en Inde. Tu me manques beaucoup.

Je souris à travers l'écran, attristée de sa sincérité. C'est vrai que je devrais aller la voir plus souvent, mais mon emploi du temps ne me le permet pas. Et le peu de geste que je connaisse pour lui parler la langue des signes, ça n'aide pas. Je n'ai pas envie de l'embêter de m'écrire chaque fois qu'elle veut tenter une conversation avec moi. J'ai appris le strict minimum, car je ne fréquente personne de malentendant, sourd ou encore muet. Naani est la seule que je connaisse et à moins que j'amène un traducteur avec moi, nous ne pouvons pas communiquer longtemps.

─ Je te promets que je viendrais te voir. Tu me manques beaucoup aussi.

C'est en plissant les yeux que ma grand-mère essaye de comprendre mes signes et avec un sourire et un hochement de tête simple qu'elle me répond.

─ Ne m'abandonne pas toi aussi, tu me le promets ?

En posant mon petit doigt sur l'écran, Naani fais la même chose et de cette façon que nous scellons cette promesse. Je ne pourrais pas l'abandonner parce qu'elle a déjà vécu l'enfer plus jeune. Puis d'un geste de la main, mamie me salue et l'appel se coupe. Alister rentre au même moment, un air de pitié au visage. Reposant mon portable sur la table basse en verre, je soupire et grimace en voyant cet air que je déteste voir sur quelqu'un qui me regarde. Je ne veux pas que l'on ait pitié de moi.

𝐒𝐀𝐑𝐐𝐀𝐍 | 1 et 2 |Where stories live. Discover now