Prologue

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       Comme chaque soir, je me retrouve seul face à moi-même. Le regard posé sur ma personne que je suis obligé de contempler chaque jour. Je ne veux pas, je ne peux pas. Je n'y arrive pas, mon regard se pose et se détourne dans la seconde. J'ai pourtant envie de surpasser cette sensation, surpasser cette rancœur, mais mon inconscient en a décidé autrement.

Regarde-toi. Regarde comme tu es. Regarde-toi putain. Ton visage, ton corps...

« Qui voudrait de toi ? Sérieusement tu t'es vu ? Haha arrête de t'imaginer que tu pourrais plaire. C'est peine perdu. »

Ces pensées qui résonnent dans mon crâne reviennent me hanter dès que mon reflet parvient à ma rétine. Je ne m'inspire que haine et dégoût. J'ai mal, tellement mal. Je veux que ça s'arrête... Je veux arrêter d'entendre ces horreurs... Je veux arrêter de ressentir ces sentiments abjects... Pourquoi est-ce si dur ?

« Ces horreurs ? C'est pourtant toi qui te les crées. » Non. Arrête. Je ne veux pas entendre.

« Arrête de te voiler la face. Tu verras que tu n'entendras plus ces mots. » Pourquoi je n'y arrive pas ?

« Tu n'as pas de volonté. » Arrêtez de me dire ça. Arrêtez... Je n'ai pas de volonté... qui peut affirmer que je n'ai pas de volonté...

« Ta conscience. »

Conscience qui est l'auteur de tous mes maux. Je me sens trahi, trahi par moi-même. Je n'ai aucune raison de le penser pourtant. Pourquoi toutes ces questions, toutes ces sensations, toutes ces contradictions viennent enivrer mon esprit chaque seconde que je passe, bloqué sur mon reflet.

Ce que je contemple n'est autre que le reflet des horreurs de mon esprit. Mon regard sombre, juge, détaille chaque parcelle de mon corps dès lors que je daigne laisser mon regard se perdre sur ce que je suis. Arrête de te haïr. J'aimerais que ce soit aussi facile. Comment arrêter le reflet de sa propre personnalité ? Sombre, vide, rongée de l'intérieur. Ta vie se résume à porter ce mal intérieur dans l'ignorance jusqu'à ce que tu te retrouves une nouvelle fois, un soir, face à ce miroir.

Ce discours, je me le répète incessamment. Ce débat intérieur commence à prendre place en tout temps et tous lieux. Ça ne me quitte jamais.

Pourtant il le faut, il faut que j'arrive à en faire abstraction. A oublier ces mots, ne serait-ce que pour un court temps. Je ne veux pas qu'on voit ce qui se trame à l'intérieur de mon crâne. Alors, ris. Montre-leur ton plus grand sourire, que tu es heureux, du moins fais-leur croire ce beau mensonge. Tu as réussi à cacher cet aspect de ta personnalité jusqu'à maintenant, pourquoi est-ce que ça changerait ?

DENYWhere stories live. Discover now