Teach, Not Teach [CAMREN]

Chapitre 1.

Point de vue : Lauren.

La nuit était encore haute dans le ciel en ce mois de novembre. Mon réveil venait de sonner, comme chaque matin depuis deux mois déjà. Le temps était passé incroyablement vite et j'avais encore du mal à me faire à cette vie étrangement stable dans laquelle j'évoluais désormais. L'année dernière encore, je travaillais comme une acharnée pour obtenir mon master ainsi que mon diplôme d'État du CAPES et me voilà, quatre petits mois plus tard, à enseigner à des élèves la superbe matière qu'était l'Histoire-Géographie, et un peu d'éducation civique, sociale et juridique, par conséquent, dans le but de les amener à pouvoir prétendre à l'obtention du bac, cette année ou les prochaines.

Un profond soupir franchissait mes lèvres alors que je cherchais désespérément mon portable pour éteindre la musique qui en émanait. Il était six heures et j'étais épuisée. Je fus d'ailleurs tentée de me rendormir, quelques instants seulement, pour palier mon manque de sommeil évident, mais je ne pouvais pas m'y résoudre. Les responsabilités qui m'incombaient m'en empêchaient.

Alors, c'est avec la plus grande des flemmes et des fatigues que je me résignais à sortir de mon lit fort accueillant pour gagner la salle de bain et me glisser sous le filet d'eau chaude de ma douche. Non seulement c'était un petit rituel destiné à me détendre, en plus de me blanchir le petit matin avant de partir en cours, mais, c'était aussi un moyen de finir de me sortir totalement la tête du cul. Je prétendais de plus en plus aux vacances de Noël qui arrivait à grands pas. J'avais besoin de repos et, même si je savais que ces vacances propices aux fêtes n'étaient jamais réellement reposantes, je comptais bien faire en sorte qu'elles le soient cette année. 

Quittant la douche après m'être lavé les cheveux et m'être séchée, je regagnais ma chambre pour enfiler des vêtements adéquats. Ma tenue ne consistait en rien d'extravagant si ce n'était un t-shirt à l'effigie de The 1975, mon groupe de musique favori. Je trouvais aussi, par la même occasion, l'ambiance qui régnait étrangement calme alors qu'en temps normal, les protestations et les plaintes allaient à tout vas à cette heure déjà bien avancée. Ouvrant sans délicatesse la porte de ma chambre, qui me confirmait la présence d'un silence de mort, ma voix brisait celui-ci sans ménagement aucun.

- Taylor ! Chris ! Debout bande de feignasses !

La réponse de mes deux marmottes de frère et sœur ne se fit pas attendre. J'entendais d'ici les gémissements que je soupçonnais venir de Chris et les protestations de Taylor. Tous les deux ne cessaient de s'évertuer à se coucher tard le soir et ce, malgré mon rôle de gendarme. Il n'était pas rare que je fasse irruption dans leur chambre alors que ceux-ci essayaient de me berner en jouant sur leurs téléphones dont ils avaient préalablement baissé la luminosité. Alors dans une énième réprimande, je leur disais de dormir et récoltais l'une de leurs éternelles réflexions disant que si j'étais pareille avec mes élèves, ceux-ci ne devait pas spécialement m'apprécier. Et c'était le cas. Mais à vrai dire, je m'en fichais un peu. J'étais payée pour faire cours et non pour faire de la garderie. Ainsi, j'avais la sale manie de virer rapidement les perturbateurs et, généralement, cela servait d'exemple pour les autres qui se tenaient maintenant à carreaux.

- Encore cinq minutes... se plaignit Taylor dans un gémissement témoignant de sa fatigue. S'il te plait...

- Magne tes fesses parce que si je dois venir te lever ça va aller mal !

Ma menace eue l'effet escomptée. Alors que Chris passait la tête par l'entrebâillement de sa porte, j'entendais aussitôt Taylor sauter sur ses pieds en faisant grincer son matelas. Satisfaite, je ne m'éternisais donc pas dans le couloir et je m'empressais de descendre leur préparer un petit déjeuner rapide le temps qu'ils prennent leur douche. Ayant parfaitement compris qu'il n'y avait pas intérêt à ce qu'ils traînent en prenant tout leur temps, je ne dû pas les attendre énormément avant qu'ils ne mettent les pieds sous la table. Fidèles aux deux contraires qu'ils étaient, Chris se jetait littéralement sur la nourriture alors que Taylor le faisait avec bien plus de modération.