CHAPITRE 12 : JE LE COURTISE (2)

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Gætan était mort, le stress l'avait tué.

Pour la septième fois en cinq minutes, il jeta un regard anxieux à l'horloge de sa chambre.

19h46

Plus que 14 minutes.

Il frappa sa paume sur son front : qu'est-ce qui lui affirmait que Morgan serait parfaitement à l'heure ? Soupirant, il se leva de son lit et se positionna devant son miroir. Délicatement, il caressa le col de sa veste, appréciant la douceur exquise du tissu.

Pour la première fois de sa vie ou presque, il se trouva beau. Pas magnifique certes, mais beau. Il sourit : son costume y était sans doute pour beaucoup. Lui qui avait toujours rêvé d'avoir un costume trois pièces, il avait finalement réalisé son rêve. Et le résultat était sensationnel.

Jamais il n'avait vu de costume aussi superbe, et celui-ci recouvrait désormais ses épaules. Dès qu'il l'ait vu dans la boutique, il avait eu un réel coup de cœur, à peine l'avait-il endossé qu'il lui sembla que jamais il ne pourrait le retirer. Il s'y sentait comme dans une seconde peau.

Le tissu était gris anthracite avec un petit liseré argenté sur le col et un autre plus épais sur le gilet, un nœud papillon noir et argent et une chemise blanche avec des boutons de manchettes noir brillant, des chaussures noires et, petite touche finale, une pochette assortie au nœud papillon.

En un mot : magnifique.

De plus, après un passage chez le coiffeur, il avait fait un réel effort capillaire pour tenter de dompter sa masse capillaire à grand renfort de laque. A présent, il avait de quoi être fier de lui.

Il fit quelques tours dans le miroir pour admirer encore sa tenue puis regarda de nouveau l'horloge.

19h54

Il se saisit de sa télécommande. Sa chaine Hifi diffusait SOS d'un terrien en détresse de Daniel Balavoine. Il se figea : cette chanson lui avait toujours fait monter les larmes aux yeux. Pourtant, pas cette fois. Il réfléchit au sens des paroles : un gars qui a le sentiment de n'avoir jamais vraiment appartenu au monde des terriens, parce qu'il n'avait rien à quoi se raccrocher.

Était-ce son cas ? Ou... Ne l'était-ce plus vraiment ?

Troublé, il éteignit la chaine puis sortir de sa chambre et rejoignit ses frères dans le salon.

Maxence était allongé dans le canapé, vêtu d'un pantalon large et d'une chemise noire, un châle gris autour du cou.

- Coucou, fit Gætan.

Maxence se redressa avec un large sourire :

- Voilà ce qui s'appelle avoir de l'allure.

- Merci, répondit le cadet en rougissant.

Il n'était pas encore tout à fait habitué au revirement de comportement de son ainé, mais il n'allait certainement pas s'en paindre.

- Je suis sûr que Morgan ne restera pas insensible à ça.

Gætan leva les yeux au ciel :

- Arrête avec ça... Morgan n'est qu'un ami.

- Pour l'instant, compléta Maxence avec un clin d'œil.

Gætan lui tira la langue puis s'assit à côté de lui :

- Tu es sûr que tu ne veux pas venir ? fit-il avec une mine dépitée.

Maxence lui sourit :

- Je ne crois pas que je sois le bienvenu. Mais je te souhaite de bien t'éclater avec ton « ami », et ne t'en fais pas pour moi.

- Mais tu vas faire quoi ?

- Je vais rejoindre des amis, on ira sans doute boire quelques bières dans un bar.

- Tu bois pas trop hein ?

Maxence lui fit une grimace :

- Dis donc, c'est qui le grand frère ici ?

- C'est moi, répondit Jules en entrant dans la pièce.

Il avait revêtu un beau costume blanc cassé, chemise rouge et cravate crème.

- Gæt, j'y vais, fit-il. Tu es sûr que ça va aller ?

- Oui, il devrait bientôt arriver, répondit Gætan en regardant l'horloge.

19h58

- Ça marche, on se voit là-bas. Bye Maxence.

- Bye, amuse-toi bien avec ta mystérieuse cavalière.

Jules lui fit un clin d'œil puis sortit.

Gætan regarda son portable. Pas de nouveau message. Il ouvrit la conversation avec Morgan et remonta le fil des messages. Leur dernière discussion datait de mercredi, un message de Morgan qui lui souhaitait bonne chance pour son oral, puis plus rien. Jusqu'à ce que quelques heures avant il ne reçoive un simple :

À Gætan, 16h49 : « Je passerais te chercher à 20h »

Gætan ferma son portable. La semaine était passée, entre révisions et attente. Il avait excellé lors de son oral, lequel avait porté sur le théâtre. Il avait passé une super après-midi avec ses frères à la recherche de son costume, savourant pleinement la complicité retrouvée avec eux.

Mais plus que tout, il s'était surpris à attendre avec une impatience dévorante que le samedi arrive enfin.

Plus d'une fois il avait hésité à envoyer un message à Morgan, mais une arrière-pensée inavouable et inextricable l'en avait empêché. Comme s'il avait l'impression qu'il lui fallait ménager un temps de silence pour attiser son désir de le revoir, exalter leurs retrouvailles, prendre le temps de réfléchir à ce qu'il désirait vraiment. Et, peut-être à tort, l'idée s'était inséminée dans son esprit que Morgan pouvait faire exactement la même chose.

Aussi s'était-il contenté d'attendre. Jusqu'à ce fameux message, qui avait eu un effet électrisant, transformant toute son attente en appréhension. Tous ses doutes lui étaient revenus avec la force d'un flot torrentiel, le laissant dévasté.

La seule chose qui l'avait sauvé fut de revêtir ce costume. Alors il s'était senti investi d'une nouvelle détermination, d'une nouvelle prestance, d'une nouvelle force de conviction. Avec ce costume, il lui semblait qu'il pourrait affronter le regard des autres sans faillir, que rien ni personne ne pourrait lui résister.

Soudain, la sonnerie de la porte retentit, le tirant brusquement de sa réflexion. Il se redressa d'un bond et regarda l'horloge.

20h00

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