CHAPITRE 11 : JE L'ADORE (4)

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Ils passent leur petit-déjeuner à bavarder, à parler de leurs projets pour les vacances. Morgan proposa un tas d'activités qu'ils pourraient faire ensembles et Gætan se montra très enthousiaste.

Puis comme ses parents ne devaient rentrer que dans l'après-midi, Gætan proposa à Morgan de rester la matinée pour qu'ils révisent ensembles leurs oraux de français.

Morgan ne se fit pas prier.

Ils passèrent donc la matinée à travailler tous les deux. Morgan admira l'intelligence et les vastes connaissances de Gætan, surtout en termes de théâtre. Il lui fut d'ailleurs d'une grande aide pour comprendre certains passages obscurs de son cours. Le jeune blondinet avoua ensuite en rougissant qu'il aimait bien jouer les professeurs, non pas par vanité ou suffisance, mais parce qu'il adorait transmettre ce qu'il savait, donner des conseils et partager ses idées.

Morgan se mit avec plaisir et dévotion dans la peau de l'élève suspendu à ses lèvres.

Ils rirent aussi, beaucoup. Gætan avait une bonne humeur et une jovialité quasi omniprésente, ce qui le rendait d'autant plus hors du commun aux yeux du jeune athlète. Il n'aurait su dire à quel point il adorait ce garçon, il était merveilleux, il incarnait tous ses désirs. Il incarnait tout ce qu'il rêvait d'une histoire d'amour.

Enfin, lorsque l'heure du midi survint, il prit plaisir à partager avec lui une autre de ses passions, la cuisine. Gætan se montra aussi bon élève que professeur, et ce midi là ils mangèrent un excellent risoto qu'ils partagèrent avec Jules, alléché par l'odeur.

À la fin du repas, alors qu'ils débarrassaient la table, Morgan se tourna d'un air gêné vers Gætan :

- Bon, il va falloir que j'y aille...

- Ah ? fit Gætan.

La déception pointait dans sa voix. Paradoxalement, cela réchauffa le cœur du jeune athlète. Lui non plus n'avait pas envie de partir, il aurait voulu que cette journée dure indéfiniment.

- Oui, j'ai mon cours de piscine...

- Ah, oui, répondit Gætan en hochant la tête, les championnats mondiaux...

- Nationaux, corrigea Morgan avec un petit sourire.

Le jeune blondinet rougit :

- Euh oui, pardon, je sais plus trop ce que je dis !

- Pas de soucis.

Un silence passa.

- Bon, bah, ça marche, reprit Gætan. C'était bien sympa en tout cas !

Morgan le regarda. C'était bien plus que « sympa », c'était l'un des meilleurs moments qu'il avait passé dans sa vie et dont il se souviendrait longtemps. Gætan était tellement... Tellement... Désirable. De tout son être, Morgan le désirait, comme il n'avait jamais désiré personne auparavant. Plus que tout, plus que jamais.

- Carrément, dit-il finalement.

***

Gætan avait du mal à expliquer l'état dans lequel il se trouvait. Il se sentait... Triste, étrangement. Délaissé.

Comme si une partie de lui ne voulait pas laisser Morgan partir. C'est vrai qu'ils avaient passé un bon moment ensemble... Morgan était très gentil, bien loin de l'image qu'il en avait avant de le connaître. Le Morgan qu'il avait découvert était tout à fait le genre de personne que Gætan souhaitait avoir comme ami. Voire... Un peu plus.

Presque fatalement, le jeune blondinet ne pouvait taire l'attirance grandissante qu'il avait pour lui. Il était beau, bien sûr, mais aussi gentil, sensible, bon vivant et profondément humain. Exactement tout ce que Gætan recherchait.

Perdu dans ses pensées, il perdit l'équilibre et faillit rentrer dans celui qui en était le centre comme il le suivait vers la porte d'entrée.

- Pardon, bafouillât-il.

- Pas de problème, répondit Morgan en le rattrapant.

Un court instant, leurs mains se frôlèrent comme leurs regards se croisaient.

Pour la première fois de sa vie, Gætan connut une envie aussi saisissante qu'irréfrénable d'embrasser quelqu'un, Morgan. Il était si beau, ils étaient si proches, son regard était tellement brillant, tellement expressif...

C'était l'un de ses moments hors du temps où l'on semble connecté à quelqu'un, où tout le reste disparaît.

Il dut se faire violence et détourner la tête pour résister à cette violente tentation.

- Bon, dit-il, bah je te remercie, j'ai passé un très bon moment.

- C'est moi qui te remercie, pour tout, répondit le jeune athlète. J'ai aussi passé un superbe moment comme j'aimerai en passer d'autres.

Gætan sentit l'oxygène lui manquer :

- Euh, oui, moi aussi, bredouillât-il.

Morgan ouvrit la porte. Il fit un pas au dehors puis se retourna brusquement. Il semblait hésitant, comme s'il s'apprêtait à dire quelque chose d'important.

Gætan retint sa respiration. Il sentit qu'il se préparait quelque chose d'important. Toute son attention était concentrée sur ce qu'allait dire Morgan.

- On se voit demain, finit par lâcher celui-ci.

***

Alors qu'il marchait vers l'arrêt de bus, après avoir quitté Gætan, Morgan réalisa brutalement ce qu'il venait de faire. Cela lui fit l'effet d'un sceau d'eau glacée : il venait de passer une nuit et un jour avec Gætan en tête à tête quasi permanent, et jusqu'à la dernière seconde il avait cruellement manqué de courage pour l'inviter à venir au bal avec lui.

Choqué, il s'immobilisa un instant puis ne pus refréner un profond cri de rage. Quel idiot il avait été !

Il s'effondra sur un banc, la tête entre les mains. Méritait-il quelqu'un comme Gætan en se conduisant en pareil lâche ?

La main tremblante, il se saisit de son téléphone et du numéro qui traînait au fond de la poche de sa veste.

Il le composa. La sonnerie retentit.

Quoi qu'en pensent les autresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant