16. L'EMBRASEMENT (PARTIE V)

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Kyne écouta son frère et prit Jane par la main, avant de nous ouvrir l'accès.

- Mon ange, je vais devoir te soulever, et ça risque de te faire très mal, me prévint-il en attrapant mon menton.

- Je peux marcher, objectai-je faiblement.

Il leva les yeux au ciel.

- Dans tes rêves, bébé !

- La proposition tient toujours, insistai-je avec un faible sourire.

Ma répartie lui fendit le visage d'un sourire qui m'avait bien trop manqué. Il m'embrassa rapidement avant de me soulever avec mille précautions, ce qui ne m'empêcha pas de piailler à chacun de ses plus infimes mouvements. À ce train-là, nous n'étions pas prêts d'atteindre notre but. Je lui enjoignis d'accélérer, préférant encore subir une douleur fulgurante contenue en un court laps de temps plutôt que d'endurer cette torture à petits feux. Nous atteignîmes tous les quatre la Réserve, et empruntâmes l'espèce de monte-charge imposant qui nous ramena à ce qui se rapprochait le plus de la surface. Je fus délicatement placée dans une impressionnante voiture gris métallisé superbement aérodynamique.

- Je ne sais pas ce que c'est que cet engin, mais c'est une petite bombe ! s'enthousiasma Skyler en grimpant côté conducteur. Tu as une idée d'où sont rangées les clés ?

- Ils laissent toujours les voitures ouvertes, et ils cachent les clés dans le pare-soleil. Tu sais, pour les garder prêtes à l'usage.

- Vous ne pouvez pas vous balader avec ce genre d'engin sans vous faire remarquer, quand même ? Non, parce que, franchement, sans être l'un des plus grands passionnés de l'histoire de l'automobile, j'ai quand même suffisamment l'œil pour voir quand une voiture de ce genre a été mise sur le marché ou non !

Le moteur émit un vrombissement assourdi lorsqu'il mit le contact.

- Cet endroit regorge de prototypes qui ne seront pas présentés en salon avant l'année prochaine, admis-je en posant ma tête contre la vitre. La Hennessey Venom F5 n'en est qu'une parmi d'autres.

- D'autres, genre, celle-là ?

Une imposante Peugeot DKR 2008 surgit devant nous, occupée par ma sœur et mon meilleur ami.

- Bon, on y va, décréta-t-il en suivant l'engin noir relevé par des notes de rouge terriblement design.

- Et Zane ? Et les autres ? me rendis-je brusquement compte.

- Ils sont déjà derrière nous, indiqua-t-il en jetant un coup d'œil dans le rétroviseur.

Je soupirai, vidée d'énergie. Comment pourrions-nous faire face à la tâche qui nous incombait ? J'avais déjà l'impression d'avoir vécu le pire durant ces deux dernières semaines. Serais-je vraiment à la hauteur de la prochaine – et j'espérais dernière – étape ? Rien n'était moins sûr. J'avais la désagréable impression de n'avoir procédé qu'à l'embrasement du foyer érigé par les Duplicateurs, et que j'allais devoir jouer les Jeanne d'Arc pour en faire cesser les ravages. Non pas que nos destins aient quoique ce soit en commun : elle avait agi par dévotion là où je luttais de toutes mes forces pour l'amour et la survie. Mais en considérant mon état actuel et celui de Gabriel, je craignais que même nous, nous ne soyons pas capables de tenir le choc. Cela aurait toutes les chances d'aboutir à deux sacrifices et quatre destins brisés - sans que le défi que nous avait lancé par le destin ne puisse être relevé pour autant.

Une des paroles que j'avais adressée à l'ennemi me revint en tête, et je compris que je m'étais fourvoyée de destinataire en l'énonçant. Nous n'étions certes pas les premiers à avoir joué avec le feu, mais une chose était néanmoins certaine : désormais, c'était à nous de l'attraper.




Très courte partie, mais qui conclut le chapitre 16. Le dénouement approche enfin. Comme toujours (mais je crois que je le répéterai jusqu'à la fin ^^), n'hésitez pas à réagir.


PHENOMENE - Parce que le combat ne sera jamais terminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant