3. INTÉGRATION (PARTIE VI)

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Un sourire fugace traversa son visage. Si fugace que je doutai l'espace d'un instant de l'avoir réellement vu se dessiner sur elle. Pourtant, ce fut bientôt le cadet de mes soucis. Sans prévenir, son poing atterrit violemment dans ma mâchoire, m'envoyant valser contre le mur. Je perdis l'équilibre et me retrouvai à genoux, les deux mains sur le sol afin d'éviter de tomber plus bas. Je commençais à voir trouble, et les rayons du soleil qui pénétraient dans mes yeux réduisaient à néant toutes mes tentatives pour recouvrer la vue. J'avais encore la bouche ouverte, sonnée par le choc. Ma tête fut brutalement redressée en arrière lorsque mon ennemie m'attrapa par les cheveux et m'obligea à me relever d'un seul coup.

Je perdis le contrôle de moi-même. Je m'étais déjà retrouvée dans une situation où je n'avais pas pu me défendre contre ce que l'on avait voulu me faire subir. Aujourd'hui, je le pouvais.

D'un geste brusque, je me dégageai – l'adrénaline m'empêcha momentanément de ressentir la douleur provoquée par ma poignée de cheveux restée dans sa main. Ahurie par ma rapidité, elle n'eut pas le temps de parer le coup de pied que je lui décochai dans l'estomac. Le souffle coupé, elle se tordit en deux, mais se reprit néanmoins très vite. Elle se jeta littéralement sur moi et nous fit tomber toutes les deux au sol. Le choc contre ma colonne vertébrale me cloua sur place. Hystérique, elle enfonça ses griffes dans ma gorge. Je me débattis tant et si bien que je parvins à la faire rouler sur le côté et me mis à ramper rapidement – je cherchais à ne pas céder à ma colère en m'écartant de cette cinglée. Elle m'attrapa par la cheville et me la tordit en essayant de me tirer dans sa direction. Je me libérai d'une secousse en poussant un cri de colère.

Des sifflements appréciateurs fusèrent dans la pièce. Brooke avait déjà réussi à m'attirer vers elle jusqu'à la taille et se remit debout en m'attrapant par le bras. Je cherchai à retrouver un semblant d'équilibre sur mes jambes, mais ce fut peine perdue. Elle s'amusa à former un drôle d'angle avec mon coude, parvenant à m'arracher une plainte rauque. Si elle ne s'arrêtait pas tout de suite, j'allais bientôt avoir le bras cassé.

Heureusement pour moi – ou peut-être pas -, elle sauta sur une autre idée et me plaqua face au mur contre lequel elle m'avait déjà projetée par surprise. Son autre bras était fermement appuyé contre ma nuque, sa main relevant mes cheveux en arrière. Elle approcha ses lèvres à deux centimètres de mon oreille.

- Ne crois pas que tu sois différente de nous, déclara-t-elle sur un ton menaçant. Tu viens d'arriver, tu essaies de jouer ta solitaire, mais tu n'es pas la seule à avoir tenté le coup. Dans quelques jours, tu te mélangeras à nous, tu ne concevras pas d'autres pensées que les nôtres, et tu croiras que tu t'es facilement intégrée. Mais sache une chose. Nous ne sommes pas du genre à nous laisser impressionner par les humeurs et les caprices du premier venu, juste parce que c'est un nouveau. Tous ceux qui sont ici ont compris la mise en garde, tu vois. Alors, on vit en bonne entente. Mais malheureusement, un jour ou l'autre, il y a toujours une exception qui se décide à confirmer la règle. C'est pour ça qu'on préfère parer le coup. Alors, un conseil, respecte-nous et surtout, respecte-moi. Et si un de ces jours tu en arrives à te demander pourquoi tu dois toujours te plier à cette règle, souviens-toi de la raclée que je viens de te mettre, et je suis convaincue que tu rentreras dans le droit chemin.

Considérant mon mutisme, la force de son emprise se relâcha un peu. Je bouillais littéralement. Mais qu'est-ce qu'elle avait cru ? Je récupérai mon bras tordu d'un geste rageur et exécutai un rapide demi-tour qui eut au moins le mérite de la déstabiliser. Elle devait s'être attendue à ce que je prenne une expression terrifiée. Une chose était sûre, en tous cas, elle ne s'attendait certainement pas à la furie que j'affichais en ce moment même. Je la repoussai au visage et me glissai derrière elle avec agilité. Je finis par la plaquer au sol et m'asseoir à cheval sur elle, pesant volontairement de tout mon poids sur son corps.

PHENOMENE - Parce que le combat ne sera jamais terminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant