2. RÉCIT ORIGINEL (PARTIE I)

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Je rouvris brutalement les yeux. Je ne distinguai rien d'abord, plongée dans la pénombre. Mais que venait-il de se passer, bon sang ? Si c'était un rêve – ou plutôt, un vrai cauchemar – alors je n'étais pas prête à m'autoriser à me rendormir avant longtemps. Tout avait paru tellement réel. La douleur avait été si vive, tellement insupportable... J'avais cru être sur le point de mourir. Moi qui n'arrivais généralement pas à me souvenir de la moindre chose que j'avais pu vivre dans le royaume de Morphée, le souvenir de cette nuit n'était pas prêt de s'effacer de ma mémoire. Je croyais même avoir encore mal à la tête.

Je pris cependant bien vite conscience que ce n'était pas qu'une impression. Portant les mains à mes tempes, je me rendis compte que la moindre pression m'était insupportable. Je laissai échapper un gémissement.

Une lumière tamisée s'alluma tout-à-coup, et je jetai un véritable cri cette fois, tout en me redressant vivement. Juste à côté de moi, un garçon d'une vingtaine d'années se tenait assis sur une chaise, le doigt encore sur l'interrupteur de la lampe de chevet. À la manière dont il se frottait les yeux, il venait visiblement d'être tiré de son sommeil.

- Tu es réveillée...

Il s'interrompit au beau milieu de sa question lorsqu'il posa son regard sur moi. Il eut l'air brusquement gêné et détourna la tête.

- Heu...

Je baissai la tête et ne mis pas longtemps à comprendre ce qui l'embarrassait ainsi. Le drap avait glissé sur mon ventre lorsque je m'étais relevée, et je ne m'étais pas encore rendue compte que je n'étais qu'en sous-vêtements. Je n'avais sous les yeux qu'un soutien-gorge noir – qui ne m'appartenait pas, d'ailleurs. Rougissant jusqu'à la racine des cheveux, je ramenai le drap jusqu'à mes épaules d'un geste vif. Je n'avais jamais rencontré ce genre de problème, avant. Le seul être humain qui avait existé pour moi était une femme, et encore, je ne l'avais vue en trois dimensions qu'une seule fois dans toute ma vie – si ce qui m'était arrivé était bien réel. Voir brusquement un garçon se matérialiser devant moi et me retrouver dans une situation pareille... Ma réaction n'en fut que plus brutale.

- Va-t'en, bégayai-je.

- Euh, en fait... c'est ma chambre, se justifia-t-il sans oser me regarder.

- Va-t'en ! hurlai-je en insufflant une bonne quantité d'air à mes poumons.

Mes oreilles vibrèrent douloureusement, et j'eus l'impression d'avoir reçu un coup de massue sur le crâne.

- O.K, j'ai compris, je dégage, tenta-t-il de me calmer, en agitant la main pour me faire baisser le volume.

Il se dirigea vers la porte de la chambre et l'entrouvrit, avant de jeter un coup d'œil par-dessus son épaule.

- Y'a tout ce qui te faut dans le sac à côté de ton lit, d'accord ? Appelle si tu as besoin, ajouta-t-il avant de sortir, pour de bon cette fois.

Je ne lui répondis rien, ce qui ne sembla pas le déranger outre mesure. L'obscurité l'avala, et le bois grinça légèrement avant de se taire définitivement. Je repérai le verrou en-dessous de la poignée et me jetai en bas du lit pour m'enfermer le plus vite possible. Le jeune homme ne s'en rendit pas compte, ou bien ne s'en troubla pas plus que ça, vu qu'il ne revint pas sur ses pas pour me demander de rouvrir la pièce immédiatement. En même temps, je m'aperçus bien vite que ce n'était pas un danger non plus de me laisser me cloîtrer de la sorte, vu qu'il n'y avait apparemment aucune autre issue.

La pièce était plutôt petite, assez bien meublée pourtant. L'espace avait été habilement aménagé, à vrai dire. Le lit avait été placé dans le sens de la longueur dans le coin Nord-Est de la chambre avec une table de chevet juste à côté et une gigantesque armoire noire qui montait jusqu'au plafond devant. Un petit bureau avait été poussé dans le fond contre le mur gauche, avec, juste au-dessus, une rangée complète de livres en tous genres reposant sur une étagère improvisée. Un minibar était installé non-loin de là, suffisamment loin pour que la porte ne bute pas dedans une fois ouverte. Hormis ça, pas une fenêtre, ni même une quelconque autre ouverture en vue. Je m'aperçus qu'il n'y avait pas de lumière principale lorsque je jetai un coup d'œil au plafond. Celui-ci était nu, peint de la même couleur que les autres murs de la pièce, d'une teinte marron à peine foncée qui rendait l'endroit un peu plus chaleureux que ce qu'il n'était en réalité. Même la moquette au sol était marron. Une cellule de prison bien dissimulée en quelque sorte.



PHENOMENE - Parce que le combat ne sera jamais terminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant