11. L'OEIL DU CYCLONE (PARTIE VII)

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- Un conseil, coupe le moteur.

- Tu crois vraiment que c'est bien prudent ? fit-il mine de s'interroger. Je veux dire, si elle en veut à ma vie, il vaudrait mieux que je puisse fuir rapidement.

- Crois-moi, tu attireras plus l'attention sur toi si tu le laisses tourner. Et toujours pour ta sécurité, reste à l'extérieur de la maison tant que je ne te dirai pas d'entrer.

- O.K., accepta-t-il en me faisant un salut militaire.

Je sentis la main de Skyler se poser au creux de mon dos tandis que nous remontions l'allée. Il frappa trois coups à la porte – j'eus le réflexe de les compter -, puis répéta deux fois l'opération. Le bruit d'un verrou se fit entendre de l'autre côté, et je notai qu'ils avaient fait réparer la porte depuis que nous nous étions plus ou moins accidentellement rencontrées elle et moi. Le battant s'ouvrit doucement, et un œil bleu surmonté d'une mèche blonde apparut dans l'ombre relative.

- Kyle ?

- C'est moi, confirma-t-il en se plaçant de manière à ce qu'elle puisse m'apercevoir.

Le bois grinça en cédant sous la pression du vent, Jane ayant lâché la poignée sous le choc.

- Eireen ? murmura-t-elle en me donnant l'air de voir un revenant – ce que j'étais probablement à ses yeux.

Ma gorge se serra sous l'émotion, et je fus incapable d'émettre un son.

- Viens par-là, gémit-elle en m'entraînant à l'intérieur dans le cercle protecteur de ses bras.

La chaleur qui régnait à l'intérieur me fit frissonner de plus belle.

- Tu m'as tellement manqué, commença-t-elle à sangloter en voyant que j'en faisais autant. J'ai vraiment cru que... tu ne reviendrais jamais !

- Ne l'écoute pas, lança Skyler derrière moi sur un ton léger. Elle a toujours gardé espoir. Sans elle, c'est moi qui serais parti en vrille.

- Je suis désolée, balbutiai-je une fois que j'eus retrouvé suffisamment de force pour parler.

Elle me regarda droit dans les yeux.

- Je dois reconnaître que cette couleur me fait complètement flipper, avoua-t-elle avec une moue mitigée. Mais je suppose que j'apprendrais à faire définitivement une croix sur ton regard chocolat durant les prochaines années... Vu que tu resteras comme ça jusqu'à la fin de ta vie, je me trompe ?

Je lançai un coup d'œil furtif à mon compagnon, en l'interrogeant muettement sur ce qu'il lui avait raconté en ce qui me concernait. Son visage innocent me fit comprendre que c'était à moi que reviendrait la très difficile tâche de lui annoncer mon décès imminent – j'étais moi-même étonnée de la facilité avec laquelle j'arrivais à penser à une chose pareille sans me troubler outre mesure.

- Oui, confirmai-je, sans avoir besoin de mentir.

La seule nuance, c'était qu'elle devrait apprendre à faire une croix sur mon regard tout court, durant les prochaines années.

- Je veux entendre toute l'histoire de ta bouche, reprit-elle en faisant mine de m'entraîner vers le canapé.

- Attends, me ressaisis-je en pensant à Gabriel resté dehors. J'aimerais d'abord te présenter quelqu'un, mais je préfèrerais que tu me promettes de garder l'esprit ouvert.

- Rassure-moi, il ne s'agit pas de cette espèce de sangsue qui lui collait au train à Gilbert ? fit-elle en ne s'adressant qu'à Skyler.

Celui-ci haussa les sourcils d'un air exaspéré, en faisant mine de ne pas avoir perçu le regard noir que je venais de lui jeter. Ainsi, monsieur s'était cru malin en oubliant de préciser qu'il serait avec nous.

- Tu m'avais dit que tu t'en débarrasserais à Jackson, le réprimanda-t-elle.

- Tu me le paieras, pestai-je avant de me retourner vers ma sœur. Écoute, repris-je en prenant ses mains, je t'assure que s'il y a bien une personne à qui tu dois ma survie, c'est à lui. Et vu qu'il a déjà subi un traumatisme crânien il y a peu de temps, j'aimerais assez éviter que tu lui montres l'étendue de tes talents.

Elle haussa les épaules.

- Amène-le, et on verra bien.

Hum, c'était loin d'être une promesse, ça. Néanmoins, je devrais m'en contenter.

- Gabriel, criai-je. Tu peux venir, maintenant.

Celui-ci ouvrit timidement la porte restée entrouverte et se plaça derrière moi, légèrement en retrait. Jane m'écarta sans ménagement et vint se placer en face de lui. Le silence s'étira durant quelques secondes qui me parurent bien longues, avant que Gabriel ne commence à vaciller. Son visage s'affaissa brutalement, et je vis ses genoux céder sous son poids.

- Arrête, hurlai-je à ma sœur en la tirant en arrière par les épaules. Qu'est-ce que tu es train de lui faire ?

- Mais... absolument rien, se défendit-elle, aussi surprise que moi.

Je me précipitai près de mon meilleur ami, qui gardait son visage entre ses mains, et le suppliai de me dire ce qu'il lui arrivait. Il parvint à relever la tête grâce à un effort démesuré, mais ses mains restèrent obstinément en place. Lorsqu'il écarta enfin les doigts, je vis pour la première fois le véritable œil du cyclone. Sous mon regard ahuri, je découvris l'éclat violet qui parait les iris de mon meilleur ami.




Chapitre 11 terminé. Des réactions ? ;)


PHENOMENE - Parce que le combat ne sera jamais terminéWhere stories live. Discover now