11. L'OEIL DU CYCLONE (PARTIE I)

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- Moi, je le sais, assura-t-il en quittant une seconde la route des yeux. J'ai un très bon ami qui vit installé ici et qui est, comme qui dirait, au courant de tout ce qu'il se passe dans cette ville. S'il y avait eu ne serait-ce que l'ombre d'un regroupement de Duplicateurs dans le coin, je peux te dire qu'il aurait déjà fait appel à qui de droit pour les virer – enfin, les éliminer, pour être exact. Tes copains ne peuvent donc pas être installés depuis si longtemps que ça. Je suis passé ici il y a à peine un mois, et tout avait l'air en ordre. Tes copains doivent juste faire des incursions pour essayer de nous renverser.

- Premièrement, ce ne sont pas mes copains, et deuxièmement, quand notre objectif est de tuer une cible, nous n'y allons pas en équipe. Mon cas était particulier.

- Mais quand il y a plusieurs cibles au même endroit ? Vous faites comment ?

- Ils ont parlé d'équipes de renfort, pourtant...

- Bien sûr, acquiesça-t-il avec sérieux. Il s'agit de renforts parce qu'ils n'étaient pas assez nombreux ou assez puissants pour gérer le groupe devant lequel ils sont tombés.

- Ils ne m'auraient pas menti là-dessus.

- Je t'en prie, fit-il en levant les yeux au ciel.

- Gabriel ne m'aurait pas menti, insistai-je néanmoins.

- Tiens, on y revient à celui-là, observa-t-il avec un sourire sardonique. Alors, on fait enfin la lumière sur son vrai visage ?

- Ne recommence pas avec ça, le coupai-je, peu désireuse d'entamer un nouveau débat.

- O.K., c'est toi qui vois. De toute façon, ajouta-t-il devant mon expression contrariée, tu as simplement dû te méprendre. Tu as cru que vous aviez besoin de renfort parce que vous étiez attaqués, alors que c'était seulement parce que vous ne faisiez pas le poids en nous attaquant.

- Sache pour ta gouverne que notre chef de mission a très nettement déclaré que ce point serait le plus facile à soutenir. Toi et ton très bon ami devriez peut-être commencer à vous faire du souci. Jackson n'a pas l'air d'être un point très compliqué à reprendre pour nous. Peut-être que tout ne va pas si bien que tu le penses, en fin de compte.

- Raison de plus pour passer le voir, et discuter un peu avec lui.

- Quoi ? m'exclamai-je. Mais non ! Tu m'as écouté, au moins ?

- Oui, et je t'avoue que ce n'était pas franchement la première conversation à laquelle je m'attendais après que tu aies retrouvé la mémoire.

Pour toute réponse, je croisai les bras et me concentrai sur mon reflet dans la vitre, lui tournant ostensiblement le dos. Je l'entendis soupirer, mais ne desserrai pas les dents jusqu'à ce que nous arrivions à destination. J'avais l'air d'une gamine, et alors ?

La rue dans laquelle nous nous étions arrêtés était étroite et sombre, un peu glauque sur les bords. Les seules sources de lumières étaient les réverbères de la rue droit devant, qui passait perpendiculairement à celle-ci, et qui paraissait être une artère nettement plus fréquentée. Je n'aurais pas été jusqu'à dire que l'endroit était mal famé – il n'y avait pas un bar en vue ou quoique ce soit de ce genre, après tout – mais c'était exactement le genre de lieu que j'aurais déconseillé à une fille seule de traverser la nuit. Certes, je n'étais pas franchement une référence en matière de promenade nocturne, mais nous étions loin des rues calmes de Géorgie.

En dépit de tout bon sens, Skyler éteignit le moteur et sortit de la voiture. Je le suivis rapidement, de peur de le perdre de vue avec les phares éteints, bien que cela paraisse hautement improbable. J'avais toujours une bonne vision nocturne issue de mes facultés de Duplicateur, et qui s'était combinée à celle que m'avait conférée la pratique de mes pouvoirs de Cérébral. Être un Phénomène comportait quand même quelques avantages. Un Phénomène... Encore une chose sur laquelle je n'avais pas vraiment eu le temps de réfléchir et que j'allais pourtant devoir aborder avec mon compagnon.

Celui-ci m'attrapa par la main et nous fit descendre quelques marches sur notre gauche, avant de frapper à une drôle de porte en bois tout à fait dans le style « entrée de repaire secret ». Le perron, situé en-deçà du niveau de la rue, donnait une réelle sensation de confinement, mais aussi, curieusement, de sécurité. Je ne manquai pas de remarquer néanmoins le minuscule voyant de la caméra de surveillance dissimulée dans un coin. Moins de vingt secondes plus tard, des bruits de verrous par dizaines se firent entendre de l'autre côté du battant, ainsi qu'une sorte de déclic métallique. Je fus soudain inquiète de tomber sur une espèce de ninja paranoïaque. Pour quelqu'un de soi-disant tranquille dans sa ville, il paraissait être barricadé comme un forcené. Même Jane et moi, du temps où nous étions revenues vivre dans notre maison d'enfance, n'avions jamais versé dans une anxiété aussi extrême. La porte coulissa – à mon grand étonnement – à peine suffisamment pour nous laisser passer l'un derrière l'autre.

- Dépêchez-vous d'entrer, nous intima une voix grave depuis l'intérieur.





Pour ceux qui se demanderaient le rapport entre le média et la partie publiée, le lien n'est pas direct. Je n'avais pas la chance de connaître ce groupe à l'époque où cette histoire a été écrite, mais la première fois que j'ai entendu cette musique, l'une des paroles m'a fait penser au titre de ce chapitre, et ce rapprochement est resté.

Voir le clip officiel : https://vimeo.com/65464897.

Dans l'idéal, le meilleur conseil que je puisse vous donner, c'est encore de regarder intégralement le film "Legion of the Black" :  http://www.dailymotion.com/video/x2yefws (cliquez sur HD, l'expérience n'en sera que meilleur)

PHENOMENE - Parce que le combat ne sera jamais terminéWhere stories live. Discover now