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Quand je me réveillais de mon "sommeil", mon crâne me faisait atrocement souffrir. Je voulais me masser la tête, mais mes mains étaient attachées à une chaise sur laquelle j'étais assise. Je me concentrais pour ne pas paniquer et éviter que je fasse une crise d'angoisse. Tous mes sens étaient en alerte, affolés par la situation. Je contrôlais du mieux que je pus ma respiration avant de laisser mes yeux parcourir l'ensemble de la pièce pour l'étudier dans les moindres détails. Il faisait sombre -ce qui n'arrangeait pas les choses- dans cet vieil entrepôt de très grande taille, très peu de fenêtres, un sol sale et abîmé où jonchaient une multitude de papiers en tout genre. Puis, la porte en face de moi s'ouvrit pour laisser entrer un homme avant qu'elle se referme derrière son passage.

Il était grand et mince, une carrure élancée qui lui donnait un air supérieur. Une frange en bataille lui barrait le front de manière disgracieuse, ses cheveux paraissaient huileux et d'une saleté hallucinante. Il souriait sadiquement en me regardant de haut-en-bas, il s'arrêtait longuement sur ma poitrine légèrement sur-développée.

- Je te dérange peut-être ? Demandais-je méchamment.

- Agressive en plus... j'aime ça, soufflait-il en posant -enfin- ses yeux sur les miens.

Je pus voir que ses yeux étaient verts-marrons, mais empreints d'une grande perversité qui me fit frissonner malgré la chaleur de l'été. Des regards pareils, j'en avais croisé des tas, toujours obnubilé par mes formes.

- C'est quoi ton nom ? Me demandait l'homme qui s'était approché un peu plus de moi.

- Dis-moi le tien avant, peut-être que je te répondrais après, crachais-je.

- Bien... je suis Gareth et tu es ?

- Ta mère.

Il riait de façon exagérée avant de reprendre son sérieux et de me fixer durement.

- Sérieusement.

- Lolita.

- Très sexy en plus comme prénom, bon je vais te détacher mais... si tu essaye quelque chose contre moi, je t'enferme dans un des wagons qui sont à l'extérieur. C'est clair ?

- Ouais. Comme de l'eau de roche.

Gareth souriait fier de son pouvoir qu'il exerçait sur moi, du moins c'est ce qu'il croyait. Je n'allais pas me laisser faire par cette enflure. Je sentais enfin mes mains reprendre vie, je me massais les poignets avant de le suivre dehors.

- Là, nous avons la cuisine et la réserve, de ce côté ce sont les dortoirs avec des salles de bain à disposition et ici les wagons dont je te parlais, disait-il en me montrant chaque bâtiment du doigt.

- Et celui d'où je sors ? Demandais-je quelque peu surprise qu'il ne l'ait pas montré.

- C'est là où on tue les ennemis ou les animaux vivants quand on en a attrapé.

J'hochais la tête pensive et demandait alors :

- Où sont mes affaires ?

- Viens avec moi, c'est Olivia qui les a, souriait-il, c'était un sourire protecteur qu'il m'avait adressé.

Nous nous dirigeions vers ce qui me semble être la réserve comme il m'avait dit précédemment. Une femme assez ronde nous accueillit avec un grand sourire tout en préparant de la viande sur un... barbecue ?

- Bonjour, je suis Olivia.

- Lolita.

- Très joli, disait-elle en m'adressant un sourire attendrissant. Tu veux récupérer ton sac, je suppose ?

- Vous supposez bien.

Elle commençait à se diriger vers la porte de la bâtisse avant que l'homme l'interrompe.

- J'y vais Liv', fit Gareth en entrant dans le bâtiment. Occupe-toi d'elle.

Après qu'il fut hors-de-vue, j'osais enfin parler à cette femme qui témoignait d'une grande gentillesse à mon égard. Elle continuait à préparer la viande qui grillait sur les plaques.

- Comment faîtes-vous pour être aussi heureux ? Tout à l'air parfait, vu comme ça... comme si l'Apocalypse n'était pas là, soufflais-je tristement. Tous ces gens ont l'air d'être inconscients de ce qu'il se passe à l'extérieur, de ne pas être touchés... ils sourient tous.

Olivia s'arrêtait et levait son regard sur moi en me souriant tristement avant de me dire :

- Nous avons appris à ne pas laisser tomber malgré les temps actuels, les membres que nous avons perdus n'auraient pas voulu que nous abandonnions ce que nous avions entrepris ensemble. On vit pour leurs mémoires, en étant heureux d'être encore en vie aujourd'hui. Ils nous surveillent d'en-haut maintenant, nous guidant inconsciemment vers une vie sans dangers...

- C'est vrai, fis-je en baissant la tête en essayant de ressasser mes souvenirs.

Un long silence reposant apparut entre nous, chacune d'entre-nous pensant à nos vies antérieures.

- Tu as faim ? Me demandait Liv', mettant fin au silence.

- Ah... oui merci.

Elle me tendait une assiette avec un morceau de viande que j'engloutis rapidement. Cela faisait longtemps que je n'avais pas mangé de viande, je n'avais pas vraiment de moyens pour attraper un quelconque animal. Alors, je me contentais de fruits ou conserves que j'avais la chance de trouver dans une des maisons que je pillais.

- Et voilà pour toi, fit Gareth en me tendant mon sac à dos noir et vert.

- Merchi, lui répondis-je en mangeant.

Il souriait avant de nous saluer, un homme l'avait appelé pour régler un problèmes aux grillages.

- Tu veux sûrement savoir où se trouve ta chambre, me questionnait Olivia.

- Oui, effectivement.

Elle me souriait encore une fois avant de m'emmener dans un grand bâtiment, abîmé par les bourrasques de vent et la pluie torrentielle qui pouvait parfois tomber. Nous entrions à l'intérieur, je fus surprise de voir une salle où de nombreux canapés et fauteuils étaient disposés avec un vieux baby-foot et une table de billard. Des femmes avec leurs enfants jouaient ou lisaient et quelques hommes jouaient aux cartes dans un coin de la pièce.

Elle me fit un signe de tête me poussant à avancer, je la suivis alors dans un long couloir, avant de monter des escaliers en bois grinçant sous nos pas et elle s'arrêtait au premier palier.

- On y est presque, m'informait-elle.

J'acquiesçais et nous traversions encore un couloir avant de nous stopper devant une porte en bois portant le numéro 27.

- Et voilà ! S'enthousiasmait-elle en ouvrant la porte de la chambre.

J'entrais et observais la pièce : une fenêtre, un lit double, une table servant de bureau et une chaise ainsi qu'une commode.

- C'est pour toi, souriait la femme ronde. Tu as la salle de bain ici, disait-elle en désignant une porte aux côtés de la commode.

- Merci, merci beaucoup.

- Je t'en prie, je vais te laisser comme ça... tu pourras te familiariser avec ta chambre. Fais comme chez toi !

Je lui souriais sincèrement avant qu'elle parte en fermant la porte que je vérouillais. Juste pour être sûre et être en sécurité. Je soufflais et déposais mon sac sur le bureau avant de m'affaler sur le lit d'un moelleux incomparable.

- Putain, j'en rêvais... et c'est arrivé.

Après m'être calée dans les coussins, je m'endormais rapidement, emportée par un monde idéal...

"Find me." | Carl GrimesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant