22, sur la corde

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« On m'a encore dit que j'étais fou, aujourd'hui. Finalement, tu es le seul. Le seul qui compte Hyung. Le seul qui est persuadé que je ne suis pas bon pour l'asile. Si tu savais comme je t'aime. »

Ces derniers jours, je les passe comme s'ils étaient au ralenti. J'ai l'impression que l'on a doublé les secondes, les minutes, les heures, qui formaient habituellement une journée. Mais surtout, j'ai l'impression que plus rien n'a de sens.

Car, vraiment plus rien n'a de sens.

Jungkook passe ses journées à pleurer, Taehyung le réconforte même si son état à lui est similaire, NamJoon ne mange plus malgré que Jin essaie de le forcer, et Hoseok a l'air vide, sa présence est devenue superficielle, car il ne parle plus et aborde tout le temps un air affligé.

Tout le monde est triste pour ce qui est arrivé à Jimin.

Les professeurs, les élèves, et même moi.

Aujourd'hui, les professeurs ont décidé de réunir toutes les dernières années dans la cour, accompagnés de la directrice. De ce que j'ai compris, ils veulent qu'on crée des pancartes et des messages de soutien pour Jimin. Ça me paraît stupide. Le coma dans lequel il est, est plus que profond, et il y a plus que 90% de chances qu'il ne se réveille pas. Mais si ça les soulage, qu'ils fassent ce qu'ils souhaitent. Ce n'est plus de mon ressort.

Lorsque j'arrive dans la cour, toute ma classe est déjà présente, et tous ont la tête baissée. Même SungJae. Je trouve ça ironique.

Quelques regards convergent vers moi, ils se font menaçants et méprisants. Ils n'ont pas l'air de comprendre que je suis autant mal au point qu'eux, si ce n'est plus. Mais je m'en fiche. Ça n'a pas d'importance.

Ces derniers jours, je me sens vide. Je ne mange plus, ne dors plus et pleure pour un rien encore plus que d'habitude. J'ai recommencé à me mutiler et je reste plus que jamais dans mon coin, quitte à sécher quelques cours. Je me sens plus déchiré que je ne l'aurai pensé. Son absence me fait mal. Mais je vais devoir m'habituer et passer outre, car ça ne risque pas de changer. J'aimerais tellement pouvoir me débarrasser de ces sentiments. Je n'en veux pas, je n'en ai jamais voulu et je n'en voudrai jamais. Mais ça aussi, je vais devoir m'y habituer. Ce que je ressens pour lui fait partie de moi, et même si ça me dégoûte, je fais mon possible pour l'accepter.

Comme je l'avais pensé, ils évoquent l'idée des pancartes et nous précisent que ce serait bien que l'on aille le voir à tour de rôle à l'hôpital. Une fois de plus, je trouve ça stupide, mais peut-être que le voir allongé sur un lit d'hôpital me permettra de tourner la page, histoire que je réalise vraiment que c'est terminé, qu'il ne se réveillera pas, et que cette infime lueur d'espoir que j'essaie de dissimuler au fond de moi s'en aille une bonne fois pour toute. Je ne veux pas espérer. Je me dis que je n'ai pas le droit.

Une fois le petit discours improvisé terminé, les adultes s'en vont et les lycéens commencent à se disperser. On nous a laissé notre après-midi de libre.

Je réajuste mon sac sur mon épaule et m'apprête à rentrer chez moi alors que je me fais interpeler par Jungkook, les joues ruisselantes et la voix furieuse.

- Hé, toi ! Pourquoi tu sautes pas de joie ? Pourquoi tu fais semblant d'être triste ? Tout le monde le sait, que t'es content ! Alors montre-le, merde ! Te fous pas de nous avec ton faux air abattu putain, tu me donnes la gerbe ! T'as vraiment aucun respect, en fait, c'est ça ?!

Il me pousse violemment, et je tombe par terre, alors que lui me fixe les poings serrés, le visage rougi par les larmes et le nez qui coule. Taehyung intervient et le prend dans ses bras, alors que je me rélève avec méfiance. SeokJin s'avance vers moi avec un air désolé.

HARCÈLEMENT (yoonmin)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant