Chapitre 7

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Nico, Ferme des Hedge, Vendredi 25 Décembre.

        Noël. La période de l'année la plus attendu des enfants. On dit qu'il peut se produire des miracles lors de cette journée. Mon dernier Noël à moi avait été catastrophique. Il s'était terminé à l'hôpital.

       Mon père et ma belle-mère étaient présents ainsi qu'Hazel qui venait d'arriver dans la famille. Personne ne parlait. Il n'y avait qu'un lourd silence et le bruit des couverts. Et puis je m'étais décidé à briser le silence.
- Pourrons-nous aller à Los Angeles avant de retourner au pensionnat ?
- Pourquoi faire ? Que voudrais tu faire à Los Angeles ? avait demandé mon père.
- Eh bien, il y a maman et Bianca et...
- Serait-il possible d'arrêter de parler de cette femme en ma présence ? s'était plainte la femme de mon père.
- Ce n'est pas qu'une simple femme, c'est celle qui m'a donné la vie ! Et elle resteras présente que vous le vouliez ou non ! Ce seras toujours la femme la plus importante de ma vie tandis que vous vous ne serez jamais rien ! Vous n'aurez jamais d'enfants qui vous aimeront et vous mourrez seule et oubliée ! m'étais-je écrié.
- Nico ! mon père était furieux. Veux-tu bien t'excuser et parler correctement ? Je croyais t'avoir mieux élevé.
- Toi, tu ne m'as jamais élevé.
Je m'étais ensuite levé et j'étais parti. Hazel s'était levé.
- Rassied-toi, lui avais ordonné notre père.

         Dans le couloir, j'avais pris un vase de Chine posé sur une petite table et l'avait envoyé s'exploser contre le mur en face. J'avais ensuite ouvert une armoire vitrée et avais jeté avec rage toutes les babioles en porcelaine et en cristal de l'autre femme.
         Une fois dans ma chambre, je m'étais mis à éventrer mes oreillers avec mon couteau de poche. Ma vie était un vrai calvaire. Les deux personnes qui comptaient le plus pour moi étaient mortes et on m'avait mis dans un pensionnat où tout le monde me fuyait. Je détestais ma vie. En plus, à chaque fois que j'essayais d'imaginer mon avenir je ne voyais qu'un trou noir. Je n'avais pas d'avenir et rien ne me retenait ici. Rien ni personne. Si je venais à disparaître personne ne s'en soucierait.
         J'avais regardé le couteau. Oui, il valait sans doute mieux que je partes. C'était triste mais plus rien ne me retenait sur Terre. Plus rien ne valait la peine de supporter tout ça. Alors autant arrêter de souffrir dès maintenant.
          Je m'étais ensuite tranché les veines au niveau des poignets. La douleur avait été horrible. J'avais vu mon propre sang couler le long de mes doigts puis tomber sur le sol. Je m'étais alors étendu sur le dos dans mon lit en laissant pendre mes mains de chaque côtés. Au bout d'un moment, je m'étais senti extrêmement faible et j'avais sombrer dans les ténèbres.

         Je me réveillais en sueur en pleine nuit. Je regardais le réveil numérique. 04 h 56. Je scrutais la chambre autour de moi. J'étais toujours dans la maison de M'sieur Hedge. Je n'étais pas à New York en train de me suicider. Il n'empêche que même si j'avais survécu, cet épisode de ma vie m'avais marqué pour toujours. Je regardais mon biceps gauche. Sur la partie intérieure, tournée vers mon corps, là où personne ne regardait jamais se trouvait de longues cicatrices blanches. Je les touchais. Même maintenant elles me faisaient mal. Jamais personne n'avait su que je me scarifiais. Je détournais le regard. Il ne fallait pas que je recommence. J'avais réussi à arrêter et même récemment alors que ma vie s'était écroulé, je n'avais pas osé replonger le couteau dans ma chair pour me faire saigner et souffrir. De toute façon mon existence n'étais que souffrance et tristesse.
            Je pris mon jean et sortis mon couteau. Je l'ouvris et regardais la lumière de la lune se refléter sur la lame. L'attraction était trop forte. Il fallait que je le fasse. Je laissais le canif parcourir ma peau, l'entailler jusqu'au sang.
          Je retins un cri de douleur. Mais comme à chaque fois c'était aussi une satisfaction mêlé au regret. Si je souffrais cela signifiait que j'étais toujours vivant. C'était pour ça que je me scarifias, pour me rappeler que j'étais vivant. Et puis la douleur physique me faisait oublier la douleur mentale qui était beaucoup moins supportable.
          Je me levais et allais dans la salle de bain adjacente. Je pris un mouchoir que j'humidifiais et nettoyais la plaie ouverte. Je bandais ensuite mon bras. Bien que la lumière soit éteinte, je pouvais voir mon reflet. Toujours aussi maigre et pâle. J'esquissais un sourire.
        De retour dans mon lit, je rabattit la couette et m'endormis comme une pierre.

        - Debout ! Faut se lever ! C'est l'heure ! Allez debout !
Chuck était entré dans ma chambre et me secouait. Il était 5 h 32. J'avais à peine dormis une demi-heure de plus.
- Qu'est-ce qu'il y a ? marmonnais-je.
- Le père Noël est passé, aller Nico debout ! Faut aller ouvrir les cadeaux !
- Tu veux pas encore dormir un peu ?
- Non ! Papa et maman, on dit qu'ils allaient se lever ! Aller s'il te paît ! Je pourrais pas tenir une minutes de plus !
- OK, j'arrive. Laisse moi juste m'habiller.
- Ouais !!!!!!
        Et le petit sortit en courant. Et dire que j'étais comme ça à son âge !

        Lorsque j'entrais dans la salon, une odeur de pancakes flottait dans l'air. Mellie s'affairait déjà dans la cuisine. Son ventre s'arrondissait à vue d'œil.
- Gleeson, ne vas pas tarder à se lever. Tu devrais aller voir au pied du sapin, me dit-elle avec un clin d'œil.
        Je tournais la tête. Sous l'arbre, se dressaient quatre piles de paquets. Une pour Chuck, une pour Mellie, une pour M'sieur Hedge et une pour moi.
- Mais... Non, c'est... Ce n'était pas nécessaire.
- Si, cela nous faisait plaisir.
- Mais je n'ai rien prévu.
- Noël est la fête des enfants, c'est aux parents de faire des cadeaux et non aux enfants. En plus maintenant tu fais parti de la famille.
         M'sieur Hedge entra à ce moment là.
- Ouais, c'est vrai. D'ailleurs il faut qu'on te parle.
        Il regarda Mellie.
- Absolument, assied toi.
       Ils s'assirent en face de moi et M'sieur Hedge commença.
- Alors, voilà, avec Mellie on se disait que si ça te faisais plaisir tu pouvais resté ici.
- Resté ?
    Je n'étais pas sûr de comprendre.
- Oui, reprit Mellie, on te propose de rester vivre avec nous.
    J'en restais bouche bée.
- Mais... Comment pouvez-me le proposer ? Vous me connaissez à peine !
- On sait qui tu es vraiment, répondit Hedge.
- Comment ça ?
- On sait que tu es le fils Di Angelo en fugue.
      J'eus l'impression de recevoir un coup de poing.
- Depuis quand ?
- Le deuxième jour. Ils ont passé un avis de recherche à la télé.
- Mais c'était il y a deux semaines ! Pourquoi ne pas en avoir informé la police ?
- Parce que cela ne nous regarde pas, dit Mellie. Tu vis ta vie comme tu le veux.
- En tout cas réfléchis-y.
- J'ouvrais la bouche pour parler lorsque Chuck intervint.
- Vous faîtes quoi ? Allez venez faut ouvrir les cadeaux !
- Vas-y, me dit Mellie.
       Le petit me traîna par la main jusqu'au pied du sapin.

      Ce fut la première fois depuis cinq ans que j'avais le droit à un Noël normal avec des cadeaux et une dinde. Et une famille. Un vrai Noël. Depuis la mort de maman j'avais toujours eu l'impression de ne compter pour personne. Je repensais à Will et aux autres qui me cherchaient. Sans doute avait-il abandonné. Je ne devais pas compté autant pour eux. Cela leur ferait un poids mort en moins. Il n'empêche que j'aurais bien aimé revoir Will une dernière fois.

L'Ange et le SoleilWhere stories live. Discover now