Lesbienne malgré moi. {TERMINÉE}

Chapitre 20 :

Pendant le reste des vacances, notre vie de famille a été rythmé par les allers et retours à l'hôpital espérant sans cesse que des bonnes nouvelles nous soient apportées. A la maison, on ne parlait plus de ma soeur, comme si elle était morte. C'était devenue tabou. Ma mère est devenue petit à petit hystérique et a fait une dépression sévère. Elle ne se nourrissait plus. Elle disait vouloir rejoindre Elsa. Mon père l'a fait interner une semaine dans un hôpital psychiatrique pendant qu'il a du partir en déplacement pour son travail. Quant à moi, je ne parle plus, je songe. C'est fou comme en une fraction de seconde tout peu changer et devenir si sombre. Comme si le bonheur était quelque chose de bannit. Chaque jour, j'écris des résumés de la journée pour qu'au retour de ma soeur, elle ne manque de rien. J'essaie de ne pas espérer son retour, car ce qu'on dit de l'espoir est mauvais. Il apporterait le malheur. Je sors de mes pensées. Aujourd'hui je suis seul, comme depuis un certain temps. Tout le monde fuit cette maison remplie de souvenirs. J'enfile mes chaussures et part rejoindre Lyra et Estelle à l'hôtel. Les deux ont pu faire le point et comprendre ce qu'il s'est passé dans la tête de ma soeur pour que soudainement elle se déclare amoureuse de Lyra. Chaque jour, Estelle va voir Elsa à l'hôpital. Lyra y va de temps en temps. Je pense qu'elle n'est pas à l'aise avec la situation.

Aujourd'hui, au programme, hôpital pendant 3heures. Je ne comprends pas le but mais les filles sont persuadés que des paroles familières pourraient ramener ma soeur à la conscience. Elle est dans le coma depuis 1 mois et j'ai l'impression d'avoir perdu une partie de moi. Sa meilleure ami, Alycia, passe la voir souvent. On ne se parle pas, on se regarde juste et en un regard, je lui communique l'état d'Elsa. Généralement on ne se parle pas dans la salle d'attente. On se donne la main, on la sert et puis rien. Alycia part la première en pleure et c'est sans attendre que je le fais aussi. On fait continuellement des détours pour embrasser ma soeur sur le front. Aujourd'hui Alycia doit venir. Tout le monde sera présent. Il y aura elle, Lyra, Estelle, et moi. Ma soeur n'a pas beaucoup d'amis mais elle en a des vrais. J'ai renié mes propres amis pour accorder tout mon temps à elle depuis cet été.

Cela fait maintenant 3heures que nous sommes tous dans la salle d'attente. Alycia commence à perdre espoir et me demande qu'elle est l'autre alternative. Je lui réponds que je ne sais pas ce que veut Elsa. Attendre ou tout arrêter. Nous en avions jamais parler auparavant. Mes parents ne savent pas non plus. Je me lève le premier et décide de dire encore une fois au revoir à ma soeur. Les filles m'accompagnent, têtes baissées. Alycia l'embrasse la première, suivit d'Estelle et de Lyra. Les filles sortent de la chambre pour me laisser de l'intimité avec elle. Je m'accroupis au rebord de son lit et lui souffle des mots à l'oreille : "Elsa, il est temps. Temps que tu prennes une décision. Soit tu te bats pour te réveiller, soit tu abandonnes, m'abandonnes, nous abandonnes. Alycia, Estelle, Lyra tout le monde est là. On a besoin de toi, alors je t'en supplie bats-toi. Si c'est un test pour voir si je peux me débrouiller sans toi, et bien la réponse est non. Je ne peux pas, tu comprends ? Ca fait si mal. Je t'aime de tout mon coeur. Je t'en pris, bats-toi." C'est après ces quelques mots que je me relève. L'embrasse sur le front. Je prends le temps de l'embrasser et essuies une larme qui s'écoule sur ma joue. Je la regarde tendrement. Je me retourne, respire un bon coup et lorsque je fais un pas, je sens un doigt fébrile me caressant la main. Je fais volte-face et alarme les filles qui m'attendent. Tous rués sur ma soeur, nous admirions le spectacle : ses yeux tremblaient. C'est alors que je prends l'initiative de dégager tous les filles et de demander à Alycia d'aller chercher une infirmière. Je me rue au creux de l'oreille de ma soeur et lui demande de ne pas forcer, que je suis là avec elle et que les médecins arrivent. Alycia arrive en courant avec des aides-soignants. Ils nous font dégager de la pièce et ferme les rideaux. Fébrile, je prends mon téléphone et appelle mon père pour lui dire la nouvelle. Il se charge d'aller chercher ma mère et nous rejoint.