NAO, Les Youtubers

Les juments mangeuses d'homme : les conservatismes mortifères

- VL : Quelles étaient les sympathiques bestioles que vous aviez écartées Natoo ? Avant de prendre la ceinture d'Hyppolite.

- Natoo : C'était, c'était les juments mangeuses d'homme. Le roi Diomède les nourrissait avec la chair de ses invités. C'est charmant ! On devait être content à l'époque d'être invité à la table du roi !

- Norman : D'être invité « sur » la table du roi !

- VL : Les juments mangeuses d'homme. Au sens figuré, un animal qui devrait être au service de l'homme mais qui cause sa perte. Cela colle pas mal avec certains acteurs du jeu social actuel. Je vais vous laisser juges avec les dernières mesures d'accompagnement, les plus délicates car elles concernent le code du travail.

- Norman : Aaaah ! Le code du travail ! C'est là que vous allez être désagréable !

- Natoo : Et que vos propositions vont se fracasser contre la réalité : personne ne veut y toucher. Vous espérez qu'en 2017 les jeunes vont voter pour le contraire de ce qu'ils ont refusé cette année ?

- Norman : Plus fort que Valls et Hollande ?

- VL : Oui, sujet délicat. On pourrait dire que leur électorat s'est rebellé car ce n'est pas ce pour quoi ils les avaient élus. C'est vrai : difficile de faire passer des réformes qui vont à l'encontre des promesses de campagne. Mais avant El Khomri, il y a eu le CPE de Villepin et bien d'autres exemples. Difficile de toucher au droit du travail, de proposer des mesures qui « précariseraient » la situation des travailleurs ...

- Cyprien : So ?

- VL : Difficile de toucher au droit du travail sans provoquer une bronca. Mais ! Mais ! Par qui sont rejetées toutes les propositions d'évolution ?

- Cyprien : Les jeunes.

- VL : Les jeunes ? En fait non. Ceux qui parlent au nom des jeunes. C'est tout le problème. Les jeunes, génération après génération, sont prompts à se mobiliser, il faut trouver le motif, c'est tout. Et ils ont de la chance car il y a des officines de prêt à penser qui leur délivrent le prétexte. L'UNEF par exemple. Mais l'UNEF, ce n'est pas les Jeunes ; ou du moins, si les membres de l'UNEF sont jeunes, ils ne travaillent pas pour les Jeunes mais pour un projet politique . En l'occurrence trotskiste, communiste pour simplifier. Intéressant de voir le parcours des leaders passés de l'UNEF. Le portrait type : un étudiant issue de la bourgeoisie, de gauche, et même ultra gauche, qui agite les étudiants en leur disant que le méchant Gouvernement - de gauche ou de droite selon - veut leur faire un mauvais sort et qui gagne ainsi des galons de trublion politique qu'il vaut mieux avoir avec soi que contre pour entrer ... au PS. A gauche du PS bien sûr. En quoi Bruno Julliard qui a mené la fronde anti CPE, à l'époque de Villepin, représentait-il les jeunes ? De quelles compétences son successeur aujourd'hui, William Martinet, peut-il se prévaloir pour contester l'analyse de Jean Tirole, prix Nobel d'économie, qui pense que le projet de loi El Khomri était favorable pour l'emploi des plus fragiles ? De sa licence de biologie ? Non, de son brevet d'idéologie d'extrême-gauche.

- Cyprien : LE CPE, c'était quoi déjà ?

- VL : Le Contrat Première Embauche était un premier emploi qui bénéficiait de moins de protections qu'un CDI mais permettait la transition vers ce statut au bout de deux ans. C'était déjà le constat que les jeunes rencontraient d'énormes difficultés pour entrer sur le marché du travail, les patrons étant frileux avec les CDI. La réforme a été bloquée et aujourd'hui, 90 % des embauches sont en CDD. Mais les partisans du dogme ont eu gain de cause ! Rien n'a été changé au code du travail. Rien non plus aux conditions d'embauche des jeunes qui sont aujourd'hui encore plus majoritairement en contrats précaires dix ans après. Qui a vu sa situation s'améliorer ? Les jeunes ? Non. Thomas Julliard ? Ah oui. Membre du PS, secrétaire à l'éducation, premier adjoint d'Anne Hidalgo à Paris. L'UNEF, une vraie pépinière pour le PS : Jospin, Julien Dray, Cambadélis ... Ils ont bien réussi tous. La condition des jeunes en revanche ...