La biche de Cérynie : le temps de travail

3 0 0
                                    

Mardi 3 mai, 16h, conférence web

- Norman : Vous rétablissez la compétitivité des entreprises aujourd'hui Valérie ?

- Natoo : Hercule lui doit tuer l'Hydre de Lerne, une créature possédant plusieurs têtes, dont une immortelle. Les têtes se régénèrent quand on les coupe. L'Hydre a une haleine de chien apparemment car elle souffle un poison dangereux. Sale bête.

- VL : Ce doit être le coût du travail. Et toutes ces têtes, les charges sociales de toutes natures qui pèsent sur les entreprises. Quand on en réforme une, une autre repousse. Et je vous confirme pour l'haleine, les entreprises sont asphyxiées !

- Norman : Cyprien, tu prends les têtes de gauche, je prends celles de droite.

- VL : Avant de tuer l'Hydre, il y a un autre travail à réaliser. Disons que c'est le troisième travail d'Hercule. Vous avez autre chose Natoo ?

- Natoo : Capturer la biche de Cérynie. C'est mignon pour une fois.

- VL : Là je ne vois pas le rapport avec notre sujet. D'autant qu'on peut pressentir que ce sera une des mesures qui paraîtra les moins « mignonnes » aux Français.
La question de la dette traitée, une partie de celle du déficit budgétaire en même temps, le vrai travail de réforme commence. Face au déficit restant, deux solutions possibles : augmenter les recettes et diminuer les dépenses. Non trois solutions : faire les deux.
Du côté des recettes, deux moyens : augmenter le taux des impôts ou augmenter la base des impôts, la richesse produite sur laquelle viennent s'appliquer les impôts. La bonne solution ?

- Natoo : Les deux ?

- VL : Perdu ! Non pas les deux cette fois : en termes de taux d'imposition, nous sommes déjà au summum, les plus élevés dans quasi toutes les catégories parmi les pays de l'OCDE, les pays développés. Or les entreprises et le capital sont mobiles. Nous ne pouvons pas augmenter les impôts sauf à faire peur aux investissements étrangers qui préféreront aller chez les voisins qui taxent moins, faire fuir nos entreprises internationales sous des cieux plus cléments et plomber la compétitivité de nos entreprises qui luttent sur le marché français avec les importations. D'ailleurs, c'est ce que nous vivons depuis plusieurs années.

- Norman : Nous en sommes où par rapport aux autres pays européens ?

- VL : Il s'agit de taux nominaux, avant optimisation fiscale, et de moyennes : les prélèvements obligatoires en France représentent 47 % du PIB, contre 40,6 en moyenne dans l'Union européenne, 37 % au Royaume-Uni.

- Norman : 10 points de plus, c'est une grosse marche ! On comprend mieux pourquoi Londres est si attirante pour les jeunes entrepreneurs français.

- VL : Absolument et si on se concentre sur les entreprises plus précisément, la comparaison est encore plus défavorable :
                 • Charges sociales : 75 % du salaire brut en France quand on additionne les cotisations sociales patronales et salariales contre 40 % en Allemagne et 28 % au Royaume-Uni !...
                 • Impôt sur les sociétés : 33 % en France, voire même 41 %, contre 23,2 % en moyenne.

- Cyprien : 10 points d'écart encore pour l'impôt mais c'est surtout sur les charges que l'écart est fou !

- VL : Oui et on est amené à se demander comment dans de telles conditions le Pays continue à vivre, comment des entrepreneurs continuent leur activité chez nous ... Quand un salarié coûte mécaniquement 30, voire 44 % plus cher. D'ailleurs, il y a en France plus de 200.000 travailleurs détachés, officiellement, 500.000 selon le Sénat : ce sont des travailleurs étrangers détachés par leur entreprise d'origine pour travailler en France ; ils sont soumis pour partie à la règlementation française, 35 heures, salaires minimum mais les charges sociales sont celles de leur pays ... Alors la construction, l'industrie ou l'agriculture font venir ces travailleurs polonais, portugais ou roumains pour occuper des emplois qui ne seront pas proposés aux chômeurs français. Absurde.

NAO, Les YoutubersWhere stories live. Discover now