j'ai chopé une sacrée grippe

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On dirait que j'ai chopé une sacrée grippe. Enfin, ça c'est selon ma vision des choses. J'essaie de rendre ça plus banal, parce qu'au fond, ça me fait mal. Et j'me demande si ça te fait la même chose, si tu regrettes, des fois, si je te manque.

Tu vois, j'm'emmerde un peu depuis ce jour-là, parce qu'avant y'avait que toi qui embellissait mes journées. Aujourd'hui, j'essaie d'faire les mêmes trucs qu'on faisait ensemble, mais, c'est vachement trop déprimant. J'ai arrêté après deux jours. Faut pas j'me rende malade, quand même, ce serait le pire du pire, t'imagines.

Ma mère elle m'a demandé pourquoi j'ai fait ça, ce jour-là. J'ai dit que j'savais pas et c'était la vérité, tu me connais, j'mentirais jamais à ma mère. Mais, bon, j'essaie d'la rassurer, j'lui dis que j'suis un connard impulsif, un macho.

Mon père, lui, c'est différent, il me demande souvent comment j'me sens. J'lui invente des trucs poussés, des métaphores. Parce que bon, les hommes, on le sait hein, ça parle jamais de leur vrais sentiments, faut qu'on modifie tout. J'lui ai dit que j'avais une voie ferrée qui m'passait droit dans le coeur, déjà ça, c'est souffrant. Mais, le pire c'est quand le train passe, alors là, ça agrandit l'trou plus encore. Et à chaque fois qu'il passe, ça surprend encore, ça grandit plus fort. Tu peux t'imaginer les yeux qu'il me fait, mon père, quand j'lui raconte ça. Ouais, là c'est lui qui me traite de connard.

Tu vois, encore là, j'prend le tout à la légère. J'fais mon homme fort, mon homme qui a peur de rien. Mais, tu sais, j't'entend rire de moi, là. J'aime pas ça. J'deviens vide sans toi. J'passe devant chez toi, des fois, quand t'es pas là et j'regarde à travers les vitres. Comme s'il y avait du nouveau, j'sais pas.

J'sais pas ce que tu me ferais, si jamais on se reverrait. Si tu me sauterais aux bras ou si tu me frapperais au cul. Des fois tu m'appelles et j'répond pas, j'me sens mal pendant deux minutes, mais, après j'm'imagine une discussion qu'on aurait pu avoir. Et ça aurait sûrement été mieux que la réalité.

J'me sens fragile depuis que t'es plus là. Comme si j'avais réellement chopé une grippe, en fait. J'pourrais me donner moi-même les symptômes: toux creuse par excès de cigarettes, nez qui coule à force de pleurer, yeux rougis à force de chialer, étourdissement dus à un cerveau qui pense trop, maux de tête mais ça c'est depuis toujours, fièvre causée par le stress. Ça ne changerait pas grand chose, encore là, on me droguerait au sirop pour la toux et on me coucherait pendant deux jours complets.

J'sais pas si t'as chopée une mauvaise grippe toi aussi, mais, j'aime bien me l'imaginer comme ça. Parce que depuis que je t'ai frappée au visage, y'a ces 50 mètres qui nous séparent par la loi. Et j'me sens vraiment comme si j'étais contagieux.

INSPIRATION: 2XGM DE FAUVE

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