Strawberry Fields

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Il est 4h du matin, Rosie, et j'pense à toi. J'ai pas fermé l'oeil encore, sur rien. Tout est placé devant moi et je contemple. Sans attente, sans peur de quoi que ce soit. Ma fenêtre est ouverte et elle donne sur ton mur, où, de l'autre côté, tu dors. Les yeux fermés sur tout.

Comme Lennon disait: "living is easy with eyes closed, misunderstanding all you see". Pourtant, tu ne vois rien, Rosie. T'as beau avoir cette joie de vivre, ce bonheur qui te guide, moi j'ressens rien venant de toi quand j'te parle dans le blanc des paupières.

Il est 4h du matin, Rosie. J'suis pas prête à dormir. J'ai juste l'image de ton corps nu dans ta piscine gelée et moi qui te rejoins. Puis la suite qui chamboule tout. Tu me prends par les hanches et tu me dénudes, et c'est mes seins contre les tiens, j'sais pas si j'aime ça, mais j'me sens bien. Puis ta bouche contre la mienne, Rosie, et là tout commence à me plaire. Mais tu te tires, tu t'allumes une clope et puis t'éclates de rire, merde.

Tu dors de l'autre côté de ce mur, Rosie, les yeux tellement bien fermés. J'suis sûre, même, que tu ris dans ton sommeil. Je t'entend d'ici. Peut-être que ta vie est sûrement facile comme ça, Rosie. Qui suis-je pour contredire Lennon? Seulement, il y a un côté non-exploré derrière tout ça, pour celui qui vit les yeux ouverts, qui se brûle les yeux dans le chlore d'une piscine gelée, qui se promène dans des Strawberry Fields sans aucun panier à la main, qui aime vachement fort, merde, sinon il se serait fermé les yeux. Il serait pas là, à 4h du matin, figé devant une fenêtre qui donne sur deux murs.

c'est çaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant