Chapitre 41

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L'obscurité commençait à envahir la rue et les réverbères n'étaient pas encore allumés. Voilà qui faisait son affaire. Le fond de l'air s'était considérablement rafraîchit. Mais la jeune femme n'y prêtait aucune attention. Elle marchait vite mais difficilement tanguant sur ses coûteuses chaussures à talons hauts, encombrée avec son gros sac. Elle était très agitée et semblait bouleversée. Elle n'arrêtait pas de regarder autour d'elle. Ça ne serait pas facile. Il n'arriverait pas à la prendre par surprise. Il lui fallait réfléchir et vite.

Harvey, qui avait eu l'occasion de l'observer à plusieurs reprises, savait à quel point elle était belle. Le patron avait vraiment bon goût. Il ne se souvenait pas la dernière fois qu'il avait pu approcher une aussi jolie femme et rien qu'à cette idée son sang se mit à bouillir. Avant de sortir de l'ombre, il baissa bien sa casquette sur son visage et mit les lunettes de soleil bon marché qu'on lui avait fournit. Il lissa la fausse moustache qui devait finir de protéger son identité. Il devait se concentrer sur ce qu'il avait à faire, après il serait débarrassé. Il n'était pas payé pour se poser des questions.

Helena arriva près de la ruelle en fouillant dans son sac à main. Son bagage l'encombrait et ses mains ne cessaient pas de trembler. Elle devait appeler Dean. Lui, il saurait quoi faire, il la rassurerait, il saurait trouver les mots pour l'aider à se calmer. Il viendrait la chercher. Mais bon sang ! Pourquoi avait-elle mit autant de choses dans ce sac? Où était ce satané portable ?

Quand elle l'attrapa enfin, il se mit à vibrer et la nervosité faisant, il lui échappa encore des mains. Elle s'arrêta et prit plusieurs inspirations profondes pour essayer de se calmer. Elle passa ses mains tremblantes dans les cheveux et regarda à nouveau autour d'elle. Les rares passants ne lui accordaient pas un regard, trop pressés de rentrer chez eux pour prêter attention au reste du monde. Tant mieux car elle devait avoir l'air extrêmement vulnérable ainsi affolée et hagarde.

La rue, comme à son habitude, était très tranquille. Mais le quartier dont elle était tombée sous le charme quand elle avait emménagé, il n'y avait de cela que quelques mois, n'avait brusquement plus rien d'accueillant. Tous les coins sombres lui semblaient inquiétants, les rez-de jardins et les haies pouvaient abriter des agresseurs tapis dans l'ombre pour lui sauter dessus. Les bruits habituels du quartiers lui semblaient menaçants. Les voitures qui roulaient lentement semblaient la surveiller.

Stop. Il. Fallait. Se. Calmer.

Elle ferma brièvement les yeux. Non impossible, elle devait partir d'ici au plus vite! La panique lui obscurcissait le cerveau et elle replongea dans son sac à main. Quelle idée d'avoir un sac aussi profond ! Un sac que l'on payait aussi cher se devait d'être bien plus pratique ! Ça lui apprendrait à vouloir transporter sa vie entière avec elle !

Madame Kemper. Morte. Assassinée. Les clés volées. Son appartement visité. Le lit froissé. Où était ce portable !

« Mademoiselle ! Mademoiselle !

Helena sursauta et fit plusieurs pas en arrière quand l'homme surgit devant elle tel un diablotin jaillissant de sa boîte. Elle porta la main à son coeur en poussant un cri.

- Non mais ça va pas ! S'écria-t-elle.

- Oh pardon, mademoiselle, je ne voulais pas vous faire peur.

Helena recula encore de quelques pas et jeta un regard affolé autour d'elle avant de poser brièvement les yeux sur son interlocuteur. Manquait plus que ça !

- Il faut que vous veniez m'aider.

-Je suis pressée. Désolée.

Elle tenta de le contourner mais il tendit la main vers elle.

La vie volée de RubyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant