17. Broken Glass

1K 52 5
                                    

18 août 2020

Denitsa :

Je passe le reste de la nuit dans mon lit à me demander comment tout ça est possible. Il n'a rien nié, il a avoué être au courant depuis le début que j'avais un enfant, pourquoi est-ce qu'il a débarqué deux ans et demi plus tard en faisant comme si c'était le scoop du siècle ? Pourquoi est-ce qu'il a encore joué avec moi de la sorte ? Je me sens trahie, encore une fois, au plus profond de moi. J'ai l'impression que nos semblants de retrouvailles sont basées sur un mensonge et ça m'énerve considérablement. J'ai besoin de savoir, j'ai besoin de comprendre, j'ai besoin qu'il m'explique, qu'il me rassure mais ma fierté m'empêche totalement d'aller le voir. Je suis comme bloquée dans mon angoisse et je n'ai aucun moyen d'en sortir. Je pouvais pardonner la rupture qu'il m'a fait traversé, je pouvais pardonner ce qu'il a tenté de faire en me retirant Théo, il avait une excuse pour tout ça. Mais ça, non ça c'est beaucoup trop. On s'était promis de repartir sur des bases saines, pourquoi est-ce qu'il a fallu qu'il me mente comme ça ? Je suis complètement perdue de nouveau. Le matin, je me lève avec des cernes immenses et les yeux rouges. Je pensais même pas avoir pleuré pourtant. Il faut croire que si. J'ai même pas mal je crois, je me sens juste salie, au plus profond de moi. Je sors de ma chambre avec la ferme intention de l'ignorer complètement. A peine 5 minutes après que je sois levée, quand je me dirige vers le couloir des chambres pour aller réveiller les enfants pour l'école, la porte de sa chambre s'ouvre à la place. Je tente de continuer ma route comme si de rien était mais il m'attrape par le bras pour m'arrêter. Le regard que je lui lance est suffisamment clair je pense. Il lâche mon bras, le regard un peu triste.

« Denitsa.. On peut parler s'il te plaît ?

-Non, ça c'est ce que tu aurais du faire depuis le début. Là c'est trop tard. Tes excuses bidons, j'en veux pas. Tu restes ici pour les enfants mais nous deux, c'est comme depuis trois ans, silence radio. Tu m'as suffisamment prise pour une conne dans ta vie, c'est fini. »

Je crois qu'il comprend rapidement qu'il ne peut rien rajouter parce qu'il se contente d'hocher la tête et de partir dans la cuisine. Pour l'instant, j'ai pas mal, je suis juste énervée et je prie pour que ça reste comme ça, c'est tellement plus facile de crier que de pleurer. Je ne veux plus pleurer pour lui. Je vais dans la chambre de Sofia en premier et son sourire dès le matin m'oblige à en décrocher un aussi. Je me suis vraiment attachée à cette petite et c'est aussi pour ça que je ne peux pas virer Rayane d'ici. J'aurais trop peur de ne plus la voir et je ne suis pas sure que je le vivrais si bien que ça. Je m'occupe d'elle quelques minutes, en profitant pour l'habiller pour l'école. Je la dépose ensuite rapidement dans la cuisine où Rayane prend le relais, dans le plus grand silence entre nous. Sofia elle, elle est juste heureuse de se retrouver avec son Papa, comme d'habitude. Je retourne dans la chambre où je retrouve Théo. Lui le matin, c'est un peu plus compliqué. Je crois qu'il a hérité de Rayane pour ça. J'ai beau essayer de le chatouiller, de rire, il a du mal à décrocher un sourire. Bon ce matin, tant pis, je devrais me contenter de ça. Une fois habillé, il me tend les bras pour que je le porte jusqu'au salon pour son petit déjeuner.

« T'as des pieds Théo ! Tu deviens trop lourd pour que je te porte tout le temps chéri ! »

Je sens la crise de larmes arriver et j'ai envie de tout, sauf de ça. Je suis tellement sur les nerfs que je ne sais pas comment je serais capable de réagir. Alors je cède, tant pis. Je le porte et je le dépose dans le canapé où Rayane lui amène son biberon. Notre routine du matin est parfaitement calée mais d'habitude, c'est un peu moins silencieux, un peu plus joyeux. Ça me tue de devoir rester aussi froide avec lui mais j'avoue que là, j'ai plus envie de faire aucun effort avec Rayane. Les 3 semaines suivantes se passent dans le même silence. Notre seul point commun, c'est les enfants. Dès qu'ils sont couchés, plus aucun bruit ne se fait entendre dans l'appartement. On s'ignore complètement et honnêtement, ça me bouffe totalement. Je pensais qu'il m'expliquerait, qu'il tenterait de se justifier mais rien, il m'ignore autant que moi je le fais, il ne tente même pas d'arranger les choses. Le soir, on regarde la télé côte côte et on ne s'adresse même pas la parole, pas un regard, rien du tout. J'attends désespérément au fond de moi que sa main vienne chercher la mienne, que son bras passe autour de mon épaule, qu'il me demande de me rapprocher, j'en sais rien, un signe n'importe quoi. Mais rien, rien du tout pendant 3 longues semaines.

9 septembre 2020

Ce soir là, tout se passe de la même façon. Je finis par aller me coucher un peu plus tôt que d'habitude, avant même la fin du film, lasser de tout ça. Je me cale dans mon lit et pour la première fois, je fonds en larmes, vraiment. Y'a tout qui sort, je m'effondre totalement. Il me manque vraiment et  je lui en veux tellement. Il n'y a plus rien qui va en ce moment et j'ai l'impression que je vais continuer à couler tant qu'on aura pas une vraie discussion. Je suis à bout de force de me battre comme ça pour continuer à l'ignorer de la sorte. J'entends la porte de la chambre s'ouvrir, je pense d'abord à Théo qui a fait un cauchemar, j'essuie donc mes larmes et je renifle doucement.

« Bébé, pas ce soir.. Va voir papa plutôt s'il te plaît. Il a un grand lit, tu peux dormir avec lui. »

Pas de réponse. Je sens juste quelqu'un se glisser sous la couette et venir se coller à mon dos. Je sais très bien qui c'est, je n'ai pas besoin de me retourner. Je suis complètement figée dans ses bras, je ne bouge plus du tout. Sa main se glisse sur mon ventre pour m'attirer un peu plus contre son torse et je sens son souffle dans mon oreille.

« Arrête de pleurer s'il te plaît.. Je peux plus t'entendre pleurer.. J'ai jamais pu, je supporte pas..

-Je pleure pas. C'est.. je fais une allergie. »

Son rire dans mon oreille, même si il sonne tout triste, c'est la plus belle des mélodies. J'ai l'impression que ça a un effet magique, ça recolle d'un coup tous les morceaux de mon cœur.

« Les murs de ton appartement sont fins babe et je dors dans la chambre d'à côté je te rappelle.. Mais peu importe, juste arrête, ça fait trop mal, surtout de savoir que c'est à cause de moi. »

Je me tends doucement dans ses bras. Il est tellement proche de moi que je sais qu'il l'a senti. Ses surnoms, ses paroles, son rire, ses bras, mon cœur se soude doucement, c'est tout aussi simple que ça. Pourquoi est-ce qu'il a encore et toujours cet effet sur moi. J'arrive doucement à prendre la parole, même si ma voix a rarement été aussi faible.

« Pourquoi.. ? Pourquoi tu me l'as pas dit depuis le début ? Pourquoi tu m'as encore menti.. ? Explique moi.. »

C'est encore le silence qui me répond. J'en peux plus du silence, ça me rend dingue, ça m'assourdit. Je me tourne vers lui et il a le regard baissé. Il a pas l'air du tout décidé à me répondre. Ça m'insupporte.

« Pourquoi t'es venu ici si c'est pour te taire Rayane ? Tu sais très bien ce que j'attends depuis trois semaines putain. Explique moi, excuse toi, rattrape toi. Fais quelque chose d'autre que de te taire merde ! Tu penses réellement qu'on pourra aller loin si tu m'expliques pas ? Bats toi putain Rayane, bats toi pour nous un peu. »

Encore et toujours ce silence. Son regard remonte et je me perds complètement dans ses iris, je ne comprend pas ce qu'il ressent, ce qu'il pense. Comment est-ce qu'il peut rester si silencieux quand je lui demander enfin de parler.

« Mais parle Rayane ! Dis moi quelque chose ! Explique moi ou dégage, y'a que ça qui peut te faire réagir ? Un ultimatum ? Parce que si c'est le cas alors ouai, explique moi ou sors de cette chambre et on repart pour 3 semaines sans se parler. »

Je sais pas si je serais capable de le supporter mais j'ai pas vraiment le choix. Et puis quand il se met à parler, je crois que je prie pour que ce soit un mauvais rêve, une mauvaise blague, tout sauf la réalité en fait.

« Laisse nous la nuit mon amour, juste une nuit et je te laisse. S'il te plaît, je demande juste ça. J'en peux plus d'être loin de toi. »

Mon sang ne fait qu'un tour et j'explose. On se retrouve dans le couloir entre sa chambre et la mienne. Je crie et je ne sais même plus ce que je crie. Sofia finit par se mettre à pleurer dans la chambre d'à côté et je vois la petite tête de Théo apparaître par la porte. Il a l'air.. apeuré. Il a peur de ses propres parents. Je me calme et j'oblige Rayane à retourner dans sa chambre, ce qu'il finit par faire et je vais m'occuper de mes deux seules raisons de vivre. Sofia se calme rapidement mais pas Théo. Je finis par devoir le faire dormir avec moi, dans mon lit pour qu'il daigne se rendormir. Je ne me rendors pas moi, impossible. Je sais que demain, tout risque d'être compliqué de nouveau.

______________

Nouveau chapitre et c'est toujours pas la joie. J'espère que vous aimez toujours et à demain ! Il reste donc 4 chapitres je crois :)

Losing your memory Where stories live. Discover now