Losing your memory

1. Grenade

14 novembre 2019

Denitsa :

Ça fait déjà trois ans. C'est fou comme le temps passe vite. Trois ans que Rayane a disparu de ma vie totalement. Évidemment, c'est lui qui m'a quitté, j'en étais incapable moi. J'ai pas compris pourquoi, j'ai toujours pas compris. Bêtement, j'ai accepté de rester amis, je pouvais pas le virer de ma vie. Au début, ça a été dur puis j'ai commencé à m'en remettre, plus ou moins vite. On se croisait toujours de temps en temps, dans les soirées entre amis par exemple. Et puis j'ai appris une nouvelle qui a tout changé. J'ai coupé les ponts totalement il y a un peu plus de deux ans et demi. Il m'en a énormément voulu, je le sais. Tous nos proches en commun me l'ont dit mais j'ai pas vraiment eu le choix. J'ai perdu un peu tout le monde après, au fur et à mesure. J'ai arrêté DALS aussi. J'ai fait la saison 7 et puis j'ai arrêté. C'était impossible pour moi de recommencer de toute façon, pas avec un bébé de quelques semaines. Ouai, j'avais un enfant. Quand la saison 8 a commencé, il avait à peine un mois. Aujourd'hui, il a plus de deux ans. C'est la fierté de ma vie, mon bonheur au quotidien. C'est grâce à lui que j'ai tenu sans Rayane pendant de si longues années. Bon, si vous aviez pas encore compris, c'est le sien, c'est son fils. Vous le verriez, vous auriez compris directement. C'est son portrait craché. Il a les mêmes yeux, les mêmes cheveux, tout. Je vois son père à chaque fois que je le regarde. Au début, je le vivais mal, aujourd'hui, ça me rappelle uniquement la plus belle partie de ma vie. Rayane me manque, évidement, mais j'ai appris à vivre avec ce manque. La question que vous vous posez c'est sûrement de savoir si il est au courant ? La réponse c'est non. J'ai jamais eu le courage de lui dire ça. Comme je ne vois plus aucun de nos amis en commun, personne ne m'a forcé à le faire, je crois que personne n'a vraiment pensé que c'était lui en fait. Il ne le mérite pas. Je n'ai jamais eu les explications de notre rupture, il n'a jamais voulu m'expliquer alors pourquoi moi je serais honnête avec lui ? Je sais que c'est égoïste, notamment pour mon fils, mais tant pis, je fais ça aussi pour me protéger. Si un jour il veut connaître son père, je ne refuserais pas, je lui présenterais, je lui expliquerai, mais pour l'instant je ne vois même pas l'intérêt. Il paraît qu'il a refait sa vie depuis, une blonde apparemment, grande.. Enfin vous voyez le tableau cliché non ? L'opposé total de moi quoi. Ça m'a fait dérapé totalement quand je l'ai appris mais j'ai tout fait pour me reprendre, pour lui, il fallait que je lui offre la meilleure vie possible et je savais que ce ne serait pas possible si je ne relevais pas la tête un minimum. Il est 8h, je viens de me réveiller et je croise la petite bouille de mon bébé en ouvrant les yeux. Il me regarde avec ses grands yeux encore tout endormi. Il a passé la nuit à pleurer, j'avoue que j'ai encore flippé. Je comprend pas quand il fait ça. Quand il était petit, j'avais tendance à débarquer aux urgences dès qu'il pleurait tellement j'avais peur de tout. Étant donné que je l'élevais seule, je n'avais personne pour me rassurer et je crois que c'était ça le plus dur, mis à part l'absence de Rayane. J'avais tout le temps peur de faire les choses de travers. J'ai même hésité à retourner vivre au Canada pour avoir la présence de ma mère mais j'ai fini par abandonner. Enfin non justement, je me suis battue et j'ai fait en sorte d'y arriver. Enfin bref, on est là, encore dans le grand lit de mon appartement à se regarder dans les yeux. Je lui décroche un petit sourire et il me répond en venant se coller à moi pour un câlin. Comment est-ce que je suis censé ne pas craquer devant ça moi ? Après lui avoir fait un gros câlin, je finis par le lever. On déjeune tranquillement puis je le met dans la voiture pour aller à la crèche. Notre rituel du matin quoi. On arrive rapidement, je le sors de la voiture et je prends bien soin de le couvrir avec son manteau. Je rentre dans le bâtiment en disant bonjour un peu à tout le monde. A force, je commence à connaître des gens. Je rentre dans la grande pièce où je dépose Théo au milieu des autres enfants. Après lui avoir dit au revoir et l'avoir couvert de bisous en entendant son petit rire de bambin, je me retourne pour retrouver ma voiture quand je tombe soudainement sur son regard qui me fixe. Vu sa tête, il a vu strictement toute la scène. Et moi, le premier truc que je vois, c'est le bébé qu'il porte dans ses bras. Il a quoi ? 6 mois peut être ? C'est quoi ce délire ? Dites moi que je rêve, que j'extrapole, dites moi que c'est impossible. Par pitié, dites moi que ce n'est pas sa fille. Je ne le supporterais jamais, je ne serais pas capable de vivre avec ça.

Rayane :

Attendez, je sais que je ne suis pas très bien réveillé le matin mais là quand même, je pensais que ce matin, j'avais fait les efforts nécessaires. C'est quoi cette scène qui vient de se dérouler sous mes yeux ? Je ne comprend pas là. J'ai pas signé pour ça en me levant ce matin moi. Je devais juste emmener ma fille pour la première fois à la crèche et je tombe sur mon ex avec un enfant dans les bras. Gênant, je crois qu'il n'y a pas d'autres mots. Elle sort sans un mot de plus mais j'ai bien vu que ça ne l'avait pas laissé indifférente. Je dépose ma fille à la garderie et je ressors. J'allais prendre mon téléphone pour contacter Jade et avoir le numéro de Denitsa mais je n'ai pas besoin. Elle est là, elle m'attends, adossée à sa voiture. Elle a l'air.. énervée. C'est le seul sentiment que j'arrive à comprendre dans ses yeux au milieu de tout le merdier à côté. Je me poste en face d'elle et je sors le seul mot qui a réussi à franchir mes lèvres. Il faut dire que ça fait vraiment bizarre de la revoir après autant de temps.

« Salut.

-Tu comptais me le dire quand exactement ?

-Et toi ?

-Réponds Rayane. Ca me fait pas rire moi. »

Parce que moi c'est censé me faire rire ? Parce que je vous jure que c'est pas ce que je suis en train de faire loin de la. Ça veut dire quoi tout ça ? C'était qui ce gosse ? C'était avec qui? Il est évidement plus âgé que ma fille, elle s'est remise beaucoup plus vite que je le pensais de nous. Quand elle a coupé les ponts, j'en suis sûr maintenant.

"C'est pour ça que je n'ai plus eu de nouvelles ? C'est ça ?

- Arrête ça Rayane. Fais pas comme si tu t'intéressais. Elle a quel âge ?

- Six mois hier.

- Elle s'appelle comment ?

- Sofia.. Denitsa je.."

J'ai pas le temps de continuer. Elle s'est immédiatement tourné pour reprendre la voiture. Quand elle est repassé à la hauteur, j'aurais juré qu'elle pleurait. Mais pourquoi ? Pourquoi à ce moment là ?

Denitsa :

Je rêve ? Dites moi que je rêve putain. Depuis tout à l'heure, j'ai l'impression de vivre sur une autre planète, c'est pas possible autrement, je vous en supplie dites moi que c'est pas vrai. Sofia, il n'a pas osé faire ça putain. Il sait, du moins j'étais persuadé qu'il savait. On en avait parlé. Il savait que c'était le prénom qu'on avait prévu. Il n'a pas pu oublié ça. Le prénom de sa grand mère, celui de la capitale de mon pays. Il n'a pas pu oublier autant de symbole. Si Théo avait été une fille, c'était le prénom que je lui aurais donné. Il a pas pu me faire ça putain. Je pensais souffrir du fait qu'il ai un enfant, sans moi, mais là c'est encore pire. Je reçois un sms quand je suis encore sur la route. Je le lis au volant, je m'en fiche, je veux savoir ce qu'il a à me dire.

"Denitsa je suis désolé de ne pas t'en avoir parler plus tôt. Je sais que j'ai merdé en l'appelant Sofia mais je ne voyais pas comment je pouvais appeler mon premier enfant autrement. Tu sais que c'est un prénom qui me tenait à cœur avant toi.."

J'ai envie de l'envoyer valser, j'ai envie de tout envoyer valser en même temps. Pour la 1000eme fois de ma vie, je remercie le destin d'avoir mit Théo sur mon chemin, sinon je ne sais vraiment pas où je serais aujourd'hui. Alors je tiens, pour lui. Je fais semblant d'avoir trouver la force de répondre, j'enfouie le reste au fond de moi. 

"Et si c'était pas ton premier enfant ?"

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Voilà le premier chapitre, j'espère qu'il vous plaît. Hésitez pas à me le dire en commentaires. L'idée du prénom n'est pas de moi, je préfère le préciser. Bisous et à demain' !