Losing your memory

12. Pillowtalk

Toujours le 15 avril 2020

Denitsa :

Il est là, face à moi et clairement, il est en train de me prévenir qu'il va me faire une déclaration. Je ne sais pas vraiment si mon cœur est prête à entendre ça mais je me laisse faire. Je ne vais pas l'arrêter, ça fait des années que j'attends qu'il m'ouvre son cœur. J'attends que ça en réalité. Il commence et je me perds totalement dans ses yeux, dans ses mots, dans son cœur. Mon amour.

« Tu vois quand t'es arrivée, comme ça, aussi perdue, aussi stressée, la première chose que je me suis dit, c'est que t'étais sacrément belle. Après, j'ai réfléchi et je me suis dit que ça sentait pas spécialement bon pour moi. T'avais tellement de raison de me descendre. Pour ce que je t'ai fait il y a trois ans, pour ce que je t'ai fait cette année. Et puis quand t'as prit la parole, j'ai compris que non, t'étais pas comme ça. J'ai compris que t'étais vraiment quelqu'un de bien. J'ai compris que t'étais celle qui m'avait toujours correspondu et qui me correspondra toujours. Tu sais, je t'ai jamais expliqué pourquoi je t'avais quitté il y a trois ans. Je pensais que j'étais pas celui qu'il te fallait. Je pensais que tu avais besoin d'un homme, un vrai, pas d'un gamin d'à peine 24 ans. Je me voyais pas assumer tout ça, tout ce que tu voulais, tout ce que tu méritais. Mais je me suis rendu compte que t'étais pas seulement ma copine. T'étais bien plus, t'étais ma meilleure amie, t'étais ma complice, t'étais tout, t'étais surtout l'amour de ma vie. Alors quand je t'ai perdu un petit peu, j'ai pas compris que c'était mal parce que t'étais toujours un peu là. Quand je t'ai perdu complètement, c'est seulement là que j'ai compris ce que t'avais comprit depuis le début. Toi sans moi, ça marche pas. Moi sans toi, ça marche pas non plus. J'ai essayé de te recontacter à ce moment là mais j'ai cru que t'avais fini par passer à autre chose. T'avais coupé les ponts avec tout le monde, je pensais que t'avais juste fini par tirer un trait sur ta période DALS. Si j'avais su ce qui te tenait loin de moi.. Je serais venu directement tu sais. Je t'aurais jamais laissé seule avec Théo si j'avais su. Je sais que c'est facile de dire ça aujourd'hui maintenant que tout est passé, mais c'est la vérité, c'est ce dont je suis persuadé au plus profond de moi en tout cas. Mais je peux pas regretter cette période, je peux pas regretter Marie, parce qu'il y a eu Sofia et tu sais comme je l'aime. Tu le sais, t'es la seule à voir à quel point. Sûrement parce que toi t'aime Théo tout autant. Mais je crois que tu comprends pas ce que ça me fait de voir Théo et Sofia ensemble. Et tu comprends pas à quel point moi aussi, je voudrais que tu vois ça de tes propres yeux. Parce que tout simplement, ça voudrait dire que vous êtes là, tous les trois dans la même pièce. Je sais que ça va arriver lundi et je sais pas si je suis vraiment prêt à supporter tout ça. Mais j'ai hâte, vraiment. Je veux que tu la rencontres, je veux que les deux femmes de ma vie se rencontrent avec le seul petit mec que je laisse de dire que vous êtes les femmes de sa vie aussi. En fait c'est ça que je veux te dire depuis le début. A partir d'aujourd'hui, je serais le seul avec Théo a avoir ce droit. Je serais le seul avec Théo a pouvoir vivre avec toi. Je veux être le seul de nouveau. Le seul dans ta vie, le seul dans ton lit, le seul. Je te demande pas de faire ça d'un seul coup, je vais me battre pour récupérer ce droit t'inquiète pas, mais je veux que tu saches que c'est ça dans mes plans. Ouai, je compte bien te refaire tomber folle amoureuse de moi. Si t'es d'accord bien sur.. Parce que moi c'est déjà fait. »

Je l'ai écouté, du début à la fin mais j'arrive pas à tout saisir, je suis complètement perdue, je suis complètement amoureuse en fait. C'est ça qu'il sait pas, c'est trop tard, c'est déjà fait tout ça. J'ai jamais arrêté en fait. Pendant tout son discours, naturellement, je me suis rapprochée de lui, sans maîtriser vraiment mes gestes, ce qui fait que maintenant, j'ai son souffle qui tape sur mes lèvres et ça me rend littéralement dingue. J'ai envie de rompre cette distance et même avec le discours qu'il vient de me faire, j'ai encore peur de me prendre un vent. Les séquelles du passé il faut croire. Parce que oui, c'est arrivé une fois et plus jamais je ne pourrrais supporter de ressentir ce qu'il m'a fait ressentir ce soir là. Je me suis jamais sentie aussi mal que ce soir là.

Flashback du 17 décembre 2016

Rayane m'a quitté le mois dernier. Ça fait un mois que j'essaye de comprendre ce qu'il s'est passé pour qu'il prenne cette décision. En plus de ça, on est 'amis' apparemment. J'avoue que j'adhère pas spécialement au concept et j'ose encore espéré que tout ça n'est qu'une vaste blague. DALS s'est terminé hier. On est assis à côté là, dans le canapé, chez Jade, on fête la fin de la saison. Tout le monde a trop bu, nous deux compris. Les derniers invités finissent par partir et Jade finit par aller se coucher, complètement morte. On se retrouve donc là, tous les deux, dans un salon vide hormis les dizaines cadavres de bouteilles qui jonchent le sol. Au début de la soirée, Rayane m'a plus ou moins fait comprendre qu'il m'aimait toujours et je n'ai toujours pas vraiment saisi si c'était l'alcool ou pas. Alors je sais pas, dans ma tête, c'est maintenant ou jamais. Dans un élan de courage, je m'approche de lui. Son souffle rejoint le mien et mes lèvres se rapprochent beaucoup trop vite des siennes. Quand enfin elles se touchent, j'ai l'impression de revivre, de respirer de nouveau... jusqu'à ce que j'étouffe de nouveau.

« Denitsa... Arrête. Je t'ai déjà dit que c'était fini pour moi..

-Quoi ? Mais tout à l'heure.. tu.. tu disais que tu m'aimais toujours..

-Mais j'étais complètement bourré... Ca aurait pu être n'importe qui en face de moi.. Denitsa je croyais qu'on était d'accord.. »

Moi d'accord avec le fait qu'il me quitte comme une merde en me laissant complètement seule ? Je crois pas non. Mais ce soir là, j'ai fait comme si j'étais d'accord et je me suis tue. Comme les trois années qui ont suivi. C'est en rentrant le lendemain matin que j'ai apprit pour ma grossesse. Et c'est une semaine après, le jour du réveillon de Noël, que j'ai quitté définitivement sa vie, gardant pour moi toutes les séquelles de cette soirée.

Fin du Flashback
Retour au 15 avril 2020

Alors là, même après tout ce qu'il m'a dit, je me recule et je baisse les yeux. Pourquoi est-ce que j'ai encore si peur ? Peut-être parce que je l'aime toujours autant. Et puis surtout, je sais qu'il est là, Théo, pas loin. Je ne peux pas l'emmener dans les débauches de notre relation tant que tout n'est pas clair, tant que je ne suis pas sure à 100% de ce que je veux, de ce qu'il veut lui. Je vois bien dans son regard qu'il ne comprend pas vraiment quand je me recule mais je m'empresse de lui sourire pour le rassurer. Je ne veux pas le perdre pour autant, je veux juste qu'on prenne notre temps.

« Ouai.. Ouai je suis d'accord. Fais moi retomber folle amoureuse. »

Comme si c'était pas déjà le cas mais bon, je ne dis pas non pour qu'il donne tout ce qu'il a quand même. Il a ce petit sourire aux lèvres qui me confirme que ma réponse lui convient. Par contre si il n'arrête pas de se mordre la lèvre, mes résolutions de prendre mon temps ne vont pas tenir longtemps. Je lève la main sur son visage et je tire doucement sur son menton.

« Arrête ça. Tu m'auras pas comme ça. Ça compte pas si tu joues avec ça. Fais comme si tu me connaissais pas, comme si tu savais pas déjà ce qui me plaît.

-Comme tu voudras. Alors on se connaît pas ?

-Non. On reprend depuis le début. »

Il se lève et prends un air très sérieux, ce qui me fait rire. Il me tend la main, je lui tends la mienne.

« Rayane, enchanté. »

Et ce petit jeu qui commence rapidement. On passe la soirée à « apprendre » à se connaître. Pour mon plus grand plaisir. Tout se passe à merveille. Vers 4h du matin, on se décide à se coucher. On se retrouve comme des cons devant ma chambre à pas savoir comment se dire bonne nuit. Il fait le premier pas, il me serre contre lui, j'ai l'impression de revivre notre premier câlin. C'est exactement le même, exactement les mêmes sensations.

« Mais juste... Je vous connais déjà par cœur Denitsa Ikonomova. »

Et il me laisse comme ça, en plan, en partant dans sa chambre.

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Voilà pour la suite, j'espère que ça vous plaît toujours !