2. Say you won't let go

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23 janvier 2020

Denitsa :

Ca fait déjà deux mois que j'ai envoyé ce sms, deux mois que j'attends désespéremment une réponse. Ouai je sais c'est pitoyable mais c'est pas parce que je lui en veux que je suis passé à autre chose. Alors Théo a une sœur, c'est ça le truc non ? Une demi-soeur du moins. Rayane, je lui en voulais tellement que je n'arrivais même pas à m'en vouloir de le sortir de la vie de Théo mais elle, Sofia, elle a rien demandé. Elle a un grand frère et elle doit savoir. Pas maintenant, évidemment, mais je veux que plus tard, elle sache, comme je veux que Théo sache qu'il a une petite sœur sur qui veillait. C'est surement con mais mon frère est une énorme partie de ma vie et je n'aurais pas aprécié qu'on m'en sépare. Bon, c'est sur, je suis pas tout à fait objective. Si je fais en sorte qu'ils se voient un jour, il faudra que je revois Rayane. C'est con, j'avoue, mais c'est mon seul espoir qu'il accepte qu'on se revoit. Ouai je sais, la dernière fois qu'on s'est quitté, je lui en voulais à mourir mais j'ai avancé depuis deux mois. Ce prénom, il savait ce qu'il représentait pour moi, il n'a pas pu oublier, c'est impossible. Quand il l'a proposé, quand il l'a déclaré, quand il appelle sa fille, à chaque fois, il est obligé de penser à moi, c'est qu'il ne m'a pas totalement oublié non ? Je sais, je suis parfaitement ridicule mais je suis obligée de me faire ce genre d'espoir. Rayane c'était ma vie. Rayane c'est toujours ma vie, il y a juste Théo au milieu de ça maintenant et j'en peux plus d'être loin comme ça. Je lui en veux à en crever mais ça me pousse juste un peu plus à aller vers lui. Enfin bref, je viens juste de revenir d'un petit séjour au Canada pour les fêtes de fin d'année et mon anniversaire, où j'ai pu longuement parler avec ma mère. Elle m'a déconseillé totalement de reprendre contact avec Rayane mais évidemment, je ne l'ai pas écouté. En même temps, elle me connaît, elle sait parfaitement que je ne suis pas raisonnable à son propos. Elle le déteste autant que je l'aime, c'est dire. La seule chose qui l'empêche de le renier complètement de sa vie, c'est Théo. C'est la seule chose pour laquelle elle lui en est reconnaissante, et encore, elle n'apprécie vraiment pas qu'il m'ai quitté alors que j'étais enceinte, même si j'ai eu beau lui dire un million de fois qu'il n'était pas au courant. Enfin bref, je viens de poser le pied sur le sol français. Théo dort sur ma valise sur le chariot. Il a son pouce dans sa bouche et son doudou dans son autre main, je le trouve adorable comme ça. Je crois que le voyage l'a crevé alors je ne tarde pas à rentrer dans notre appartement. A force, en deux ans et demi, j'ai trouvé tout un tas d'astuce pour m'occuper de mon fils tout en gérant autre chose à côté, comme les valises en l'occurrence. Si j'avais eu Rayane, il se serait occupé des valises et de l'ascenseur pendant que moi je prenais soin de ne pas réveiller Théo pour le monter dans sa chambre, mais sans lui, j'ai appris à vivre quand même. A survivre du moins. Au fond, je me remettrais jamais de son départ, je le sais pertinemment. Tout le monde a l'air de croire que si, je le ferais mais je sais que non. C'était mon amour, le seul et l'unique, celui qui est censé durer la vie entière. J'ai eu des histoires depuis, mais rien qui vaille la peine d'être continuer, rien qui vale Rayane en fait. Ce soir, j'ai ce coup de mou qui m'arrive régulièrement et que j'arrive à supporter d'habitude. Beaucoup moins bien que je l'ai revu en fait, c'est vrai. Tant pis, pour la première fois, je craque vraiment. J'attrape mon téléphone et je compose ce numéro que je connais par cœur. Je n'oublie pas de rajouter l'indicateur pour être en inconnu, je veux vraiment entendre sa voix. Je ne suis jamais allé jusqu'au bout de ce geste, je n'ai jamais appuyé sur ce bouton vert et pourtant, ce soir, je le fais. Qu'est-ce qui m'a poussé ce soir ? Mis à part les larmes qui roulent sur mes joues depuis deux heures mais que je ne sens même plus, mis à part à part la question de mon fils dans l'avion « mais maman pourquoi toi et moi on a pas de papa ? », mis à part le fait que j'ai croisé Hichem tout à l'heure mais que je l'ai ignoré, mis à part le fait que ma mère m'ai fait juré par SMS de ne pas passer ce coup de fil justement ? Franchement, je sais pas ce qui m'a poussé à appeler ce soir, je sais plus, mais je sais que je l'ai fait. Ca sonne, longtemps, j'ai une boule au ventre de peur qu'il ne décroche pas. Et puis je l'entends, sa voix que j'attendais tant. Cette voix qui m'a donné tant de surnom, cette voix qui m'a emmené un nombre incalculable de fois au 7ème ciel, cette fois qui m'a fait souffrir mais qui a tant de fois réparé mon cœur. En fait, je garde que le meilleur. Pour moi, cette voix, c'est celle qui m'a dit je t'aime, les seuls je t'aime qui ai jamais compté dans ma vie. Il a juste dit allo depuis tout à l'heure, alors pourquoi je pleure de plus belle ? Il doit m'entendre en plus. Oh et puis je m'en fous, je vais pas me prier de le faire culpabiliser, ça fait trois ans que je pleure, deux mois que je pleure de plus belle et il en est le seul responsable, il mérite bien un peu de culpabilité.

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