Innocence -TomeI-

Chapitre treize

Non, ce n'est pas possible. Ils ne peuvent pas faire ça. Ils ne peuvent pas m'enlever Nate.. Je ne veux pas. Je ne veux pas être loin de lui.

-Je suis sûr que non, enfin, tu es leurs amis. Ils n'en seraient pas capables !

Son regard me montre que si.

Quelle belle bande de cons.

-Tu refuses de voir la vérité Anna. Tu dois partir d'ici... Il est lui même meurtrit par ses paroles.

Quoi ?

Je me lève brutalement, mais une affreuse douleur au ventre me ralentit. Je décide de ne pas me laisser déconcentre. Qu'est-ce qui m'arrive ? Je devrais être heureuse qu'il me dise ça, mais c'est tout le contraire, je suis triste, très triste.

-Pardon ? Le lève le ton, au bord de la crise de nerf.

Il se lève aussi et il me dépasse de sa grandeur en quelques secondes.

-Tu as très bien compris. Vas, rejoins ton meilleur ami et refais ta vie. Je suis si désolé de t'avoir fait tout ceci. Je ne te mérite pas, je ne pensais pas que tu me rendrais fou de toi Annabella. Oui, je suis fou de toi, mais je ne peux pas continuer à te retenir. Tu ne mérites pas de souffrir comme tu souffre. Tu es une personne formidable. Tu as su me montrer le bon chemin, tu as su me montrer ce que c'est....l'amour.

Oublie-moi, c'est tout ce que tu dois faire. Il ne respire pas durant tout son monologue. Et à chaque mots qu'il libère, mon cœur se déchire un peu plus.

Je n'en crois pas mes oreilles. Je ne sais plus où me mettre, il me laisse. Tout s'arrête à ce moment précis. Je passe mes mains sur mon visage. Je ne veux pas partir.

-Nate, écoute-moi bien. Je ne veux pas t'oublier, je ne veux pas partir et je veux encore moins faire ma vie sans toi. Je suis si bien à tes côtés ! Tu n'as pas le droit de m'enlever tout mon petit bonheur. Ma vie, c'est celle-ci, comment veux-tu que je fasse sans toi ? Je ne peux plus me passer de toi. Ça m'est impossible. Penses à ce que je ressens ! Je suis si idiote, je sais, je devrais te haïr pour m'avoir enlevé et enfermé ici, mais je ne peux pas ! S'il te plaît ne me laisse pas seule, pas après avoir passé tant de temps ensemble. Tu es devenu si important à mes yeux comme l'oxygène est important pour l'être humain...

Nos respirations sont saccadées. Je ne veux pas être sans lui, je veux qu'il le sache. Il reste là, quelques secondes, ou bien quelques minutes, je n'en sais rien, je ne vois plus le temps passer. Au bout d'un moment, il finit par baisser la tête et la secouer de gauche à droite et je sais définitivement que sa décision est prise et que je ne peux rien y changer.

-Tu sais, je pensais être la partie qu'il te manquait, mais je ne suis qu'une personne comme tant d'autres à tes yeux. Je me blesse moi même à dire ceci.

Sur ces paroles, je tourne les talons, les larmes ruisselantes sur mes joues. Ça faisait longtemps que je n'avais pas pleuré. J'avance dans le couloir, pleurant silencieusement, en espérant qu'il arrive, qu'il m'attrape, m'embrasse et qu'il me dise qu'il ne peut pas se passer de moi. Mais rien de tout cela ne se passe. Mon monde est dévasté...

Il est 17 heures quand je sens une dernière fois l'odeur de Nate. Je l'ai entendu frapper quelque chose et crier, il ne veut pas que je parte, je le sais, mais je ne comprends pas pourquoi il me le demande alors... Je me dirige vers le salon où je pense le trouver, mais ce n'est pas le cas. Tout ce que je trouve, c'est des morceaux de verres et un énorme trou dans le mur. Où est-il ?

Je sais.

Je cours vers la salle où l'on a passé notre première soirée ensemble en priant qu'il y soit. C'est là où tout ce que je ressens pour lui à commencer et je le vois là, debout devant la chaîne hi-fi. Puis soudain une douce musique se repend dans la pièce. Il s'avance doucement avant de me prendre dans ses bras et de me chuchoter à l'oreille ;

-Danse avec moi, une dernière fois. S'il te plaît.

Une dernière fois.... Ces trois mots résonnent dans ma tête comme un virus dans un ordinateur.

J'accepte et nos corps commencent à bouger avec une lenteur insoutenable. La musique se termine beaucoup trop rapidement à mon goût. Mais je reste accrochée à lui. Je ne veux pas le lâcher. Il pose son menton sur ma tête et je craque encore une fois. Je vide toutes les larmes que mon corps peut fournir. Je pleure en humant cette odeur qui va tant me manquer.

-Pourquoi veux-tu que je parte ? Je murmure, ne trouvant pas la force de parler à haute voix.

On ne bouge pas, et il me répond toujours avec cette once de tristesse dans la voix.

- S'ils me balancent, ils n'auront pas de preuves que je t'ai gardé avec moi. Alors je serais peut-être acquitté et je pourrais te retrouver.

Oh, c'est donc pour ça.

-Combien de temps cela va prendre ? Mes mots sont tous cruels à mes yeux même s'ils ne le sont pas vraiment. Tout ce que je peux dire dorénavant l'est.

-Je ne sais pas Anna.

-Promets-moi que tu reviendras ?Je me retire de son étreinte et je le regarde dans les yeux.

Il prend une grande respiration.

-Je te le promets.

Je me renfonce dans ses bras une dernière fois avant une durée indéterminée.

-Tu vas tant me manquer. Je chuchote en déposant un baiser dans son cou.

-Tu vas me manquer toi aussi. Il me répond doucement, tendrement, avec tout l'amour du monde.

Il me raccompagne jusqu'à la porte. Je suis vêtue de la tenue que j'avais quand il m'a amené ici. Je me tourne vers lui et je plaque violemment mes lèvres sur les siennes et il répond à mon baiser. Il pose ses grandes mains sur mon si petit visage.

-À bientôt Annabella.

-À bientôt Nate.