Innocence -TomeI-

Chapitre un

Le doux soleil matinal berce Seattle dans ses bras. Il n'est que onze heures et la chaleur est déjà écrasante. Comme à mon habitude, je sors de mon boulot pour aller manger dans ce petit restaurant au bout de la rue. Je suis éditrice pour une petite maison d'édition. J'adore lire, c'est donc pour ça que j'en ai fais mon métier. Le rêve d'ouvrir ma propre maison d'édition ne cesse de s'accroître de jour en jour.

Les sirènes des voitures de police comblent la ville, continuellement. On y a le droit tous les jours, et j'aime bien. On est au mois de juillet et les arbres sont beaux comme tout ; s'accordant parfaitement avec le ciel. Je m'arrête au passage piéton, en attendant que le petit bonhomme passe au vert. Il y a beaucoup de circulation à cette heure-ci. Mais lorsque je m'apprête à traverser avec le reste des personnes une main rattrape mon poignet.

-Anna ! Tu ne m'as pas attendu !

Je reconnais la voix d'Ethan, mon meilleur ami. Il a toujours été là quand j'en avais besoin. Il est le frère que je n'ai jamais eu.
Je ne peux m'empêcher de rire,

-Désolée, j'avais la tête ailleurs, je n'y ai pas pensé. Excuses moi ? Je demande d'une douce voix.

Il sourit ce qui illumine encore plus son visage angélique et il me répond sur un ton joyeux.

-Bien sûr que je t'excuse.

Il m'attrape par les épaules et me fait avancer.

-Alors, à quoi pensais-tu cette fois-ci ?
-Rien de précis. Comme d'habitude. Je marmonne dans ma barbe.

On parle jusqu'au restaurant où l'on prit une salade et de la viande. Avec une telle chaleur, l'appétit n'est pas au rendez-vous, mais je mange pour être en forme.

-Mon dieu, j'ai cru que je n'en finirais jamais. Tu as vu tout ce qu'il y avait dans mon assiette ? Ethan s'écrit en se ventilant le visage avec ses mains.

Il me fait rire, encore une fois, ses manières peuvent parfois être assez, étranges.

-Tu n'étais pas obligé de finir ton assiette, tu sais..Je souffle en le regardant désespérément.
-Arrête Anna, tu sais très bien que je n'aime pas le gaspillage. Il roule des yeux en regardant ailleurs.
-Je sais, je sais. Soupirais-je en passants mes mains sur mon visage.

Il est 13:00 et je reprends bientôt.J'ai encore un peu de temps. Ethan, lui recommence dans quelques minutes, il doit donc y aller.

-On se voit demain ma belle. Il m'enlace d'un bras avant de courir vers le passage piéton qui passe tout juste au rouge au moment où il met le pied sur le trottoir d'en face.

Il a toujours eu de la chance contrairement à moi. Je suis née pour subir la malchance de la vie sur terre. Pour mieux vous expliquer, dès qu'il y a un danger dans les parages, ça tombe automatiquement sur moi. Enfin, vous allez me dire qu'il y a 'danger' et 'danger' mais moi, c'est bien les deux. Cette pensée me fit rouler des yeux.

****

-Je te jure, c'était énorme ! Tu aurais dû être là Anna ! T'as raté quelque chose !
-Oui, je sais, je sais, mais je n'avais pas que ça à faire Caro, et puis je n'allais pas venir seule.

Caro de son vrai prénom, Caroline, c'est ma sœur, elle a 23 ans, un an de moins que moi. Mais son style de vie est tout à fait différent du miens.

-Tu n'aurais pas été seule Anna, Souffle-t-elle désespérément, j'aurais été là moi. Et puis tu aurais pu trouver quelqu'un !

Je me masse les tempes. Sa voix aiguë est très fatigante tout comme son acharnement sur le fait que je n'ai toujours pas trouvé d'homme avec qui faire ma vie. Elle ne comprend pas que mon travail prend beaucoup de place dans ma vie et que si je veux réussir, je dois rester concentrée dessus, et je ne cesse de lui rabâcher.

-Je suis très bien seule Caro, bon, je te laisse, j'ai du boulot pour demain et je suis fatiguée.
-Ok ok ! Bisous frangine.

Je la salue à mon tour et je raccroche en poussant un long soupire de soulagement. Elle est têtue comme tout. Elle a déjà eu une aventure avec Ethan, mais ça n'a abouti à rien. Ce sont deux caractères très différents. J'ouvre la porte de mon appartement avec impatience. J'aime tellement mon chez-moi. C'est cosy, et à mon goût, les murs taupe donnent un côté chaleureux et je me sens tout de suite libérée de cette journée affreusement épuisante. Je ferme la porte et je jette mes clefs sur la commode dans l'entrée. Je suis exténuée. Mais une pensée me fait doucement sourire.

Demain, c'est vendredi et tous les vendredi soirs, on sort avec Ethan et des amis. Aller Anna plus qu'un jour et après : week-end ! Il est 18 : 40 quand je décide de commander mon repas.

-Votre commande sera prête dans quinze minutes madame, bonne soirée et merci de votre confiance.

Madame, madame... Je fais si vieille que ça ? L'idée de vieillir m'attriste. Quinze minutes plus tard ma commande arrive et j'ai désormais tout ce qu'il me faut pour passer ma soirée en toute tranquillité. Je me prépare rarement des petits plats comme certaines personnes le font, la cuisine et moi, ça ne fait pas bon ménage. Pendant que je déguste mon repas, la sonnerie de mon appartement me fait descendre de mon petit nuage. Je jubile quelques insultes dans ma barbe en enlevant mon plaid de mes jambes. Je lève paresseusement mes fesses lourdement du canapé et je vais ouvrir à contre cœur. Pourquoi est-ce que l'on me dérange toujours ?

-Annabella ! Ma mère s'écrie en rentrant en trombe pour me prendre dans ses bras.

-Maman ! Qu'est-ce que tu fais ici ? Je demande, choquée de sa présence.

Je n'ai pas vu ma mère depuis six mois. Elle a emménagé avec son nouveau mari à Los Angeles. Elle ne m'avait pas prévenue qu'elle venait.

-Oh ma fille chérie, tu m'as tellement manqué. Elle touche mon visage tout en parlant comme si j'avais changé de tête.
-Toi aussi maman, mais qu'est-ce que tu fais ici ?

Je la presse, tout ceci m'intrigue. J'aime quand tout est prévu et là, ce n'est pas du tout prévu.

-J'ai voulu te faire une surprise, j'ai été invitée au mariage d'une ancienne amie et je viens d'arriver. Alors je me suis dit « Pourquoi ne pas rendre visite à ma fille chérie ?» Alors me voici ! Tu n'es pas heureuse de me voir ? Elle fait la moue, comme déçue de ma réaction.

Je lève les yeux au ciel. Elle adore poser des questions idiotes.

-Mais bien sûr que je suis heureuse de te voir maman, arrête de dire des bêtises. Tu restes combien de temps ?

-Oh pas bien longtemps malheureusement. Jerry veut rentrer le plus rapidement à L.A...

Jerry, c'est mon beau-père, il n'aime pas voyager. Je pousse un soupir et elle me reprend dans ses bras.

-Écoutes, viens nous voir pendant tes vacances ?

Je hoche la tête et elle dépose un baiser sur ma joue.

-Viens donc, on a tellement à se raconter. Elle me tire dans le salon pour me raconter ses péripéties les plus folles.

****

Elle a passé la soirée à la maison et elle est repartie assez tard. Je suis fatiguée, mais je n'ai pas fini de lire le bouquin que mon chef m'a donné à résumer. Alors je m'installe tranquillement dans mon lit douillet et je me remet à lire.
Je finis par m'endormir le livre contre ma poitrine en rêvassant à cette douce histoire d'amour au prince charmant.