Chapitre 5

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C'est d'une humeur extrêmement joyeuse qu'Andrew quitta Papers le lendemain matin pour rejoindre le café. Il se balada dans les rues pavées joyeusement, son ordinateur sous un bras, son carnet sous l'autre. Prêt à attaquer une nouvelle journée de recherches et de notes. Il avait prévu de finir d'interroger les habitués du bar, mais il ne savait pas encore que ce n'est pas ce qu'il allait finalement faire. Il salua gaiement le petit Simon qui sortait de chez lui dans ses vêtements usuels de basket. Le jeune fan de ballon rond sourit à la vue du l'auteur, il l'aimait bien.

Le Britannique finit par arriver au café alors, qu'Emilia venait tout juste d'ouvrir, et qu'elle était encore en train de descendre les chaises des tables. Et, elle n'était pas seule, une femme assez âgé, assise dans un fauteuil roulant la regardait faire. La veille dame ressemblait étrangement à la barmaid, elles avaient les yeux, la bouche et le nez en commun ainsi que la couleur de cheveux. C'est en aucun doute sa mère, songea l'écrivain. Puis il se ressaisit et salua les deux femmes :

«  Bonjour Emilia, bonjour Madame »

La gérante du café, se retourna, une main sur le cœur, et lui assena quelques coups de chiffon gentiment. À croire qu'elle dormait avec.

«  Tu m'as fait peur Andrew, idiot ! Oh ! Et je te présente ma mère, ajouta-t-elle. Maman je te présente Andrew, c'est un jeune auteur anglais qui est venu ici pour se dépayser, le présenta-t-elle en parlant plus fort. »

La mère d'Emilia reluqua le garçon qui se dressait, ravis devant elle, puis se perdit dans ses pensées. L'écrivain décida d'aider la travailleuse à baisser les chaises, et finit par s'installer à sa table habituelle. Les clients commencèrent à arriver, fidèles à leurs horaires quotidien. L'homme au cheveux sombre lui, n'attendait qu'une chose ; les buveurs de bière.

Il repéra ces premières cibles arriver, et leur laissa un peu de temps avant d'aller les aborder. Armé de son fameux carnet noir et de son crayon de papier fétiche, il se décida finalement à aller à leur rencontre.

«  Bonjour, je suis Andrew Clive, écrivain, se présenta-t-il souriant et confiant.

- Roger Lepaire, ancien postier, rétorqua l'homme en face de lui »

L'apprenti auteur, lui posa les mêmes questions qu'à Jules. Malheureusement pour lui, le vieux facteur ne pouvait lui raconter que de vielles anecdotes sur ses tournées, et même si il essayait d'en tirer quelque chose, il ne voyait pas ce qui pourrait l'inspirer.

«  Vous perdez votre temps mon petit, déclara lentement une voix derrière lui.

- Maman, je t'avais dis de ne pas faire de remarques à mes clients. Tu étais sensé venir regarder, on avait dit rien d'autre, s'exclama Emilia en roulant des yeux.

- Laisse Emilia, je suis sûr que ta mère à plein de choses à me raconter, s'enthousiasma Andrew.

- C'est sûr que ce sera mieux que les histoires de cet homme sur son vélo. »

Le Britannique se retint de rire et pris congé de son interlocuteur pour s'installer au calme à la table qu'il squattait depuis des mois. Il observa la veille dame dans son fauteuil, attendant patiemment qu'elle commence son récit, d'une manière ou d'une autre.

« Bon, alors, je te préviens tout de suite, je n'ai pas de don pour raconter des histoires. La mienne commence véritablement à mes seize ans. C'était l'été, je cherchais désespérément un travail, pour partir de chez moi, prendre mon envol. Cet endroit à toujours été un trou paumé. Il me fallait vite de l'argent pour rejoindre les grandes villes. Je voulais rejoindre la capitale, me promener dans ses rues peuplées d'inconnus, me trouvé un mari et être heureuse. Il y aurait eu plein de jeunes filles de mon âge, j'en aurais fait mes amies, on serait allé au bal ensemble, on aurait passé des heures dans les boutiques pour trouver de magnifiques robes, très chères. Mais je peinais à décrocher ce boulot qui allait être mon tremplin vers ma réussite et ma liberté.

Chez JeanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant