Chez Jean

Chapitre 4

« Jules, tu peux m'aider s'il te plait ! »

Le gamin était apparu tellement vite qu'on aurait pu croire qu'il s'était téléporté. Du haut de ses dix ans, le garçon tirait la manche de la chemise de l'homme, qui lui sourit.

« Andrew, je te présente Fabien, déclara le grand-père. C'est un peu notre enfant à tous ici.

_ Bonjour Fabien, le salua l'écrivain.

_ B'jour M'sieur, répondit plus timidement le jeune garçon, avant de se désintéresser totalement de lui, et de se retourner vers Jules. J'ai besoin de ton aide...

_ Pourquoi donc p'tiot? »

Fabien rougit jusqu'à la racine des cheveux, sûrement intimidé par tous les adultes attablés au bar qui le regardait attentivement depuis son arrivée. Andrew n'échappait pas à la règle, se montrant bien attentif à ce qu'allait dire l'enfant, et se préparant à mémoriser chacun de ses mots – la nature l'avait doté d'une mémoire infaillible, ce qui, dans son cas, était une chance.

« Parle, t'inquiète pas, on dira rien, promit un des amis de Jules. On sera muet comme des tombes. »

Après une dernière hésitation, Fabien se lança.

« C'est Laeti...

_ Laeti ? Tu veux dire la petite Laetitia ? Celle qui habite à côté de chez toi ?

_ Elle est pas petite, on a le même âge ! »

Andrew se retint de rire devant l'insurrection de l'enfant. C'était beau l'innocence...

« Mais oui, reprit-il avec un grand sérieux, Laetitia.

_ Et bien, qu'est-ce qu'il lui arrive à ta copine ?

_ Je voudrai lui écrire une lettre pour son anniversaire, et lui dire que je l'aime beaucoup, mais je sais pas comment faire. Je me disais que tu pourrais peut-être m'aider... »

Le Britannique sourit devant l'attendrissante déclaration de Fabien. Quant à Jules, il le regarda, gêné. Les mots ne semblaient pas être son point fort, mais il ne voulait sûrement pas froisser le garçon. Andrew prit les choses en main.

« Si tu veux, je peux t'aider. Tu veux lui dédier un poème ?

_ Je ne sais pas... Je ne sais pas faire de rimes.

_ Alors on peut lui écrire une lettre. Tu en penses quoi ?

_ Oui...

_ Allez viens, on va aller s'installer à la table vide juste à côté. »

C'est ce qu'ils firent. Andrew paya un jus d'orange à Fabien, et attendit que ce dernier finisse sa boisson. Une fois cela fait, il sortit un stylo, arracha la page d'un carnet en guise de brouillon, et lui posa des questions sur Laetitia, et ce qu'il voulait mettre dans sa lettre.

« Je ne sais pas trop... »

Il ne semblait pas savoir beaucoup de choses...

« Bon, repris l'écrivain. Comment est-ce que tu l'as connu ?

_ À l'école. On joue ensemble, avec elle et Clément. Enfin, quand on était petit, on jouait ensemble, et ils venaient tous les deux chez moi. Ou chez lui. Ou chez elle. Maintenant, elle est plus avec ses copines, mais elle m'a quand même invitée pour ses dix ans. Alors, avec ma maman, on a acheté un cadeau. Et je voudrai lui écrire une carte.

_ Et qu'est-ce que vous allez lui offrir ?

_ Un livre. Parce qu'elle aime lire.

_ Lequel ?