OS miraculeux

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Quand Nathan jeta un coup d'œil à sa montre en sortant de la douche, il poussa un juron sonore qui résonna dans la pièce. Nu comme un ver et encore trempé, il chercha fébrilement une serviette pour se sécher. Car malgré le radiateur qui surchauffait la salle de bain, il arrivait encore à frissonner de froid. Il se frictionna tout le corps dans l'espoir de se réchauffer, mit son caleçon et enfila sa chemise en prenant bien soin de ne pas la chiffonner. Puis il chercha son pantalon du regard. Sur le panier à linge ? Non. A côté ? Non. Sur la machine peut-être ? Encore perdu.

Nathan se souvint alors qu'il l'avait laissé sur une chaise dans la chambre la veille au soir pour le repasser le matin même. Jurant de nouveau, il se rua hors de la salle de bain. Il devait mettre en place la table à repasser, mettre à chauffer le fer et défroisser son pantalon. Le tout en moins de huit minutes, car il allait sérieusement être en retard. Si seulement l'eau chaude n'avait pas mis autant de temps à arriver ! Il fallait qu'il en parle au propriétaire, car ce n'était plus possible.

Alors qu'il installait discrètement la table à repasser dans le salon et qu'il s'en allait chercher le fer, Nathan glissa sur quelque chose et atterrit lourdement sur le derrière. Il gémit en sentant la douleur lui remonter le long de la colonne vertébrale. Sous son talon se trouvait une chaussette blanche.

-Joli chute, commenta une voix rauque.

Nathan tourna la tête pour trouver Caleb au seuil de leur chambre, vêtu d'un simple boxer. Ses cheveux noirs étaient ébouriffés et ses yeux bleus semblaient rire. Nathan attrapa la chaussette et la lui lança.

-Combien de fois t'ai-je dit de ne pas laisser traîner tes affaires !
-C'est juste une chaussette, répliqua Caleb en levant les yeux au ciel.
-Elle a failli me tuer, gros malin.
-Mince, ça fait donc de moi son complice, puisqu'elle m'appartient. Vais-je me faire arrêter, commissaire ?

Nathan soupira et se releva pour aller prendre le fer. Caleb le suivit du regard, un sourire mystérieux collé aux lèvres. Alors que son compagnon passait devant lui avec tout son attirail, il lui donna une tape sur les fesses.

-Hey ! protesta Nathan.

Il fut aussitôt coupé par des lèvres posées sur les siennes. Le baiser fut court, et Caleb sourit :
-Joli p'tit cul, darling.
-Je t'emmerde.
-C'était un compliment.
-La dernière fois que tu m'as complimenté sur mon « joli p'tit cul », tu m'as traîné jusqu'au lit et j'ai dû appeler le travail pour leur mentir sur la raison de mon absence.

Caleb éclata de rire à ce souvenir.
-Je m'en souviens ! Qu'est-ce que tu avais prétexté déjà ? Ah oui. Un lumbago. Remarque, avec tout ce que nous avions fait ce matin-là, tu n'en étais pas loin.

Nathan rougit jusqu'aux oreilles et se concentra sur son repassage. Il s'acharna sur les plis récalcitrants de son pantalon deux bonnes minutes avant de trouver son vêtement parfaitement lisse. Il débrancha le fer, mit son pantalon et ajusta sa chemise. Il vérifia une nouvelle fois sa montre. Il pouvait prendre un café.

Caleb le vit arriver dans la cuisine et lui tendit sa tasse, déjà prête. Nathan le remercia avec un sourire et s'installa à la table.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, Nathan et Caleb vivaient désormais ensemble. Après s'être revus au mariage d'Emmanuelle et à l'aide de moult complots organisés par leur bande de joyeux lurons, ils avaient été amenés à se revoir après l'heureux évènement.

Au début, ils avaient été prudents. Leur rupture avait été abrupte et difficile, sans compter que ça faisait des années qu'ils ne s'étaient pas donné de nouvelles. Heureusement, Caleb avait gardé son humour habituel et avait réussi à faire en sorte que leur rendez-vous ne se passent pas dans une ambiance tendue ou gênante. Les deux compères avaient rattrapé le temps perdu en se racontant des choses banales : la fin de leurs études, les stages, les nouveaux amis, l'entrée dans la vie active qui signait aussi pleinement leur entrée dans le monde adulte... leurs conversations n'étaient pas particulièrement excitantes, mais c'était leur manière à eux de se retrouver en douceur.

Don't Touch MeWhere stories live. Discover now