Don't Touch Me

14* Blessure

Nathan était assis sur l'élégant canapé de cuir du salon, sa jambe tressautait nerveusement. En face de lui, son père était assis, et fusillait du regard Caleb qui préparait le café dans la cuisine. On pouvait sentir d'ici la nervosité croissante du jeune homme, et Nathan devina à ses sourcils froncés qu'il rassemblait tout son courage et les arguments en sa possession pour calmer la colère de son père.

Comment ça a pu arriver ? se désola-t-il. Qui avait bien pu dire à son père qu'il avait des ennuis ? Et surtout, pourquoi lui avait-on dit de se rendre au cabinet médical du père de Caleb ? Plus Nathan y pensait, et plus la situation avait des allures de traquenards.

-Du sucre ? proposa Caleb tandis qu'il servait le café fumant.

-Non, répondit froidement Dylan. Et je ne prendrai pas de café non plus. Je veux des explications.

Caleb échangea un rapide regard avec Nathan. Ce dernier ferma les yeux, inspira et décida d'ouvrir les jeux :

-Papa... Caleb et moi sommes en couple.

Nathan sentit son compagnon sursauter. De toute évidence, il ne s'attendait pas à ce que la conversation commence ainsi. Il avait certainement prévu de lancer cette bombe plus tard, après quelques paroles apaisantes. Mais Nathan refusait de tourner autour du pot. C'était inutile. Son père les avait vus s'embrasser, et c'était une chose qu'ils ne pourraient pas lui faire oublier, quoiqu'ils disent. Non. Il valait mieux être honnête dès le début, énoncer tout haut la vérité plutôt que de se cacher derrière des artifices aussi ridicules qu'inutiles.

-Ces quoi ces conneries..., murmura Dylan, ce qui fit frissonner son fils.

-Ça fait quelques mois que nous sommes ensemble, continua Caleb, décidant de se ranger du côté de Nathan. Nous ne voulions pas vous tromper, ni vous le cacher, mais nous attendions le bon moment pour...

-Pour quoi ? Pour me révéler ce que vous faisiez en cachette ? Nathan, tu as conscience de ce que tu fais ? Ou ce gigolo t'a bourré le crâne... Oui, ce doit être ça, je ne vois que cette explication... Jamais tu n'aurais fait ça avant...

-Car j'étais seulement trop focalisé sur mes études pour m'inquiéter de ma vie sentimentale, répliqua doucement Nathan.

-Vie sentimentale ? Tu appelles ça une vie sentimentale ? Ce ne sont pas les sentiments qui te guident Nathan, ce sont simplement des besoins sauvages que tu cherches à assouvir. Sauf que tu le fais mal. Et ce sale pédé...

-Je l'aime, alors fais attention à ce que tu dis.

Dylan éclata de rire, un rire qui n'avait rien de sincère, un rire emplit de colère.

-Tu l'aimes ? Non, Nathan. C'est ce que lui te fait croire, et comme tu n'as jamais eu de relation amoureuse, tu confonds ça avec de l'amour. L'homosexualité n'a rien à voir avec l'amour, c'est seulement une pulsion sauvage et dégoûtante...

-Je crois savoir ce que je ressens sans qu'on ait besoin de me le dicter, rétorqua Nathan.

-Tu crois ! C'est justement là le problème ! Tu n'en es même pas sûr !

-C'était ironique, Papa. Capte un peu les traits d'humour.

-Et arrête de me parler sur ce ton jeune homme.

Nathan serra les poings. Il n'avait peut-être pas adopté la meilleure des stratégies. Le ton montait dangereusement, et on pouvait lire la douleur que provoquaient les paroles de Dylan sur le visage de Caleb. Il devait faire quelque chose pour renverser la tendance. Mais son père était têtu, et par-dessous tout, en colère. Il fallait qu'il choisisse bien ses mots.