15* Sermon

3.3K 359 78
                                    

Nathan arriva à la maison familiale et coupa le moteur. Il inspira profondément, le cœur battant, décidé à affronter la colère et les reproches paternels. Lentement, il sortit du véhicule et s'approcha de la porte. C'était étrange de ressentir une peur sourde face à une maison dans laquelle il avait ses plus beaux souvenirs d'enfance. Crispé, il toqua doucement. Dix secondes plus tard, il se trouva face à son père, qui le fixa avec ahurissement.

-Qu'est-ce que tu fiches ici ? grommela-t-il.

-Parler, répondit simplement Nathan.

-Tu as enfin compris que tu faisais une connerie ?

-Je veux juste te parler, Papa. Et je veux que tu m'écoutes. S'il te plaît.

-Je n'ai rien à te dire. Reviens quand tu auras de nouveau les pieds sur terre.

Il allait refermer la porte, mais Nathan la bloqua.

-Papa, c'est ridicule ! Tu ne peux pas rompre le dialogue comme ça !

-Oh que si je le peux ! Et maintenant dégage ! Je n'ai aucune envie de discuter avec un gamin capricieux et pervers.

-Pervers ? répéta Nathan. En quoi le fait d'être homosexuel fait de moi un pervers ?

Le jeune homme avait de plus en plus de mal à garder la porte entrouverte. Il prenait toutefois le risque de voir ses doigts coincés dans le battant. Il devait savoir pourquoi son père agissait ainsi. Il ne pouvait pas croire que son homophobie était injustifiée, et qu'il était prêt à le renier pour le simple fait qu'il aimait un garçon. C'était exagéré, beaucoup trop gros. Ou alors son père était un connard fini.

-C'est dans votre nature ! cria-t-il. Vous les homosexuels, vous êtes de vraies bêtes, des obsédés prêts à sauter sur tout et n'importe quoi du moment que vous pouvez y prendre du plaisir. Voilà pourquoi vous me dégoûtez autant. Et je ne veux plus jamais avoir à faire à vous. Alors maintenant, fous-le camp avant que j'appelle la police !

-Tu serais très crédible, ironisa Nathan. « Mon fils m'emmerde, venez m'en débarrasser ? ». Quelle blague.

-Dégage, Nathan, je ne le répèterai pas, menaça son père.

Le jeune homme abandonna. Il était impossible de renouer le dialogue. Son père était trop braqué, trop choqué, trop en colère, et il ne comprenait pas pourquoi. Chagriné, il s'éloigna de plusieurs pas, regardant la porte du domicile familial se fermer à lui, peut-être définitivement.

Pourtant, malgré les minutes qui passaient, Nathan ne pouvait se résoudre à partir. Il fallait qu'il comprenne son père, il le fallait. Il ne pourrait pas vivre tranquille après l'avoir quitté ainsi.

Alors il restait là, face à la porte, encore sous le choc d'avoir été mis dehors aussi violemment. Il avala sa salive et, mettant ce qui lui restait de fierté de côté, toqua doucement au battant. Une fois. Deux fois. Trois fois. Il s'acharna ainsi plusieurs minutes avant de renoncer. C'était inutile. Son père ne lui ouvrirait pas. Il ne lui ouvrirait plus. Pas après l'avoir jeté hors de la maison.

Le jeune homme poussa un long soupir, ne sachant pas quoi faire. Il se gratta furieusement les mains, pleines de croûtes, et grimaça. Les multiples petites plaies de ses paumes se mirent à saigner et il pesta. C'était bien le moment ! Il n'avait rien pour les désinfecter.

Il quitta le perron à contrecœur. Son père n'accepterait pas de lui parler. Pas tout de suite. Nathan espérait juste que la colère paternelle s'apaiserait suffisamment pour lui permettre de s'expliquer plus en détails.

Montant dans sa voiture, il fit ronfler doucement le moteur et prit la route. Le voyage jusqu'à son appartement ne fut pas aussi long que l'avait été l'aller. Il avait tellement de choses à penser que l'heure et demie de trajet avait défilée à une vitesse incroyable.

Don't Touch MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant