7. Obsession (fin)

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Il attendit le lendemain matin pour reprendre.

— L'avez-vous ouverte ?

Elle devinait qu'il parlait de la troisième porte. Mais elle n'allait pas de nouveau se laisser piéger, même si, oui, de nouveau cette nuit-là, elle les avait toutes ouvertes.

— A l'instant même.

— Oh vous dormiez encore ? Je suis navré d'interrompre votre rêve au moment où il allait devenir intéressant...

— Non, je suis levée depuis longtemps. Je parlais de ma messagerie, tapa-t-elle avec un petit sourire de satisfaction.

« Et toc, Monsieur Malefoy, vous ne m'avez pas eue ce matin ! »

— Bien joué ! lui écrivit-il.

Donc, il lisait clairement dans son manège.

L'après-midi, elle reçut un nouveau SMS.

— Je pense à vous...

Elle résolut d'y voir un sens professionnel.

— Parfait. Cela signifie-t-il que vous avez de nouvelles données à me fournir sur votre partenaire ? lui envoya-t-elle.

— Oui... C'est une jeune femme aux idéaux élevés, elle croit en l'amour. En un amour pur et noble. Elle voudrait que l'amour ne soit que ce sentiment idyllique. Avec une innocence tout à fait charmante, qui la rend encore plus attirante à mes yeux, elle refuse de voir les versions moins célestes de l'amour. Les versions qui sont chevillées au corps. Aux corps qui désirent.

— Mais n'a-t-elle pas raison ? Vous semblez séparer amour et désir. Ne vont-ils pas de pair ?

— Oui... mais elle pense que seul l'amour permet de condescendre au désir. Que sans amour, pas de désir qui vaille. Je voudrais lui faire découvrir que le désir - un désir fou, ardent, brûlant - peut naître sans amour. Qu'un corps peut aimer terriblement, sans que le cœur soit de la partie. Je souhaite que la nuit que vous préparez, lui permette de découvrir cela : la morsure du désir, en dehors de tout sentiment amoureux. L'amour viendra plus tard...

— Bien.

Ce fut tout ce qu'elle trouva à répondre, tant ces mots résonnaient en elle. Ils éclairaient son rêve et son projet d'une lumière troublante, en faisant d'eux une ode aux seuls désirs des corps qu'Olivier louait.

Il était vrai que jusqu'alors, elle n'avait jamais envisagé le désir autrement que comme le fruit de l'amour, ou du moins son corollaire. Qu'un désir brut pût prendre possession de son corps, sans qu'il fût recouvert des voiles de l'amour, n'appartenait pas à ses schémas de pensée. Et voilà que depuis sa rencontre avec ce mystérieux client, sa machinerie à bien-penser était bousculée par quelques grains de sable jetés par ce dernier. Oui, dans son rêve, il n'était pas question d'amour, mais d'un désir, puissant, croissant de nuit en nuit, au point d'obséder désormais ses jours. D'un désir qui ne lui laissait ni répit ni paix et phagocytait toutes ses pensées. Même en présence de Marc et d'Angel qu'elle aimait pourtant tendrement, une part de son esprit restait absente, accaparée par un cours de cogitations parallèles et cannibales.

Elle s'en voulait profondément d'être ainsi vampirisée par une obsession qu'elle réprouvait mais dont elle n'était pas maîtresse. Elle attendait avec impatience le prochain rendez-vous avec Olivier. Elle espérait qu'il aurait un effet cathartique et la purgerait de toutes ses obnubilations.

Angel & Marie - T. 2Where stories live. Discover now