5. Rendez-vous (1ère partie)

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Le lendemain matin, à son réveil, Marie trouva son lit vide. Déjà parti, se dit-elle amèrement. Elle entendit du bruit : des éclats de voix ? Ou bien des éclats de rire ? Elle se leva et sortit de sa chambre sur la pointe des pieds. Les sons venaient de la chambre d'en face, celle de Marc. Elle s'approcha doucement, colla son oreille contre la porte et reconnut les rires mêlés de son fils et d'Angel. Elle entrouvrit la porte et vit ce dernier qui chatouillait le ventre du premier en faisant vibrer ses lèvres dessus. Elle les observa un moment, en souriant. Marc enchaînait les « arrête, papa, arrête » aux « encore, encore ». Et quand son père n'obéissait pas immédiatement à ses stops, il partait dans des fous rires propres à secouer une assemblée un jour d'enterrement.

Elle s'avança dans la chambre. Angel leva son visage vers elle et lui adressa un de ces regards qui avaient le don de la retourner comme une crêpe. Un regard qui pétillait de joie rien qu'à la voir. Son petit bonhomme ne fut pas en reste : il lâcha un joyeux « Manman ! » en tendant ses bras dans sa direction. Comment résister à deux personnes que son apparition illuminait de bonheur ? Impossible. D'ailleurs, elle n'en eut même pas envie, elle s'assit au bord du lit pour les embrasser et les prendre dans ses bras. Ils restèrent ainsi quelques instants tous les trois enlacés, puis Angel mit fin au câlin en disant à Marc :

— A Maman, maintenant ?

Marc acquiesça immédiatement, Angel la fit basculer sur le dos, remonta son t-shirt et vint faire vibrer ses lèvres sur son ventre pour la soumettre à son tour au jeu des guilis. Marie se laissa faire de bon cœur, surtout quand elle vit Marc tenter d'imiter son père ; sauf qu'à force de vouloir lui aussi faire vibrer ses lèvres en expirant de l'air, il finit surtout par baver abondamment !

Ils ne prolongèrent pas le jeu longtemps, afin de ne pas trop exciter leur fils dès le matin. Ils descendirent prendre leur petit-déjeuner. Tandis que l'un préparait le chocolat chaud de Marc et l'autre ses tartines beurrées, Angel envoya une vision à Marie. C'était une succession de saynètes du premier jour d'école de Marc.

— C'est très bien, Angel, tu as eu accès aux pensées de Marc, mais j'aurais voulu que lui puisse te raconter sa matinée, lui transmit-elle.

— Les images que tu vois correspondent à tout ce qu'il m'a raconté, lui adressa-t-il gentiment.

Force était de constater que s'il avait eu un compte-rendu avec vingt-quatre heures de retard, Angel avait obtenu bien plus de détails.

— D'accord, t'es le plus fort, lui communiqua-t-elle avec un demi-sourire.

Puis à voix haute :

— Tu penses rentrer tard ce soir ?

— Je ne sais pas encore. Je rends visite à un « nouveau client » aujourd'hui.

« Nouveau client » était la façon convenue entre eux de nommer une nouvelle mission.

— Moi aussi, je vois un nouveau client aujourd'hui. Nous avons rendez-vous ici à dix heures. Monsieur Olivier de Malefoy.

— Et ? interrogea Angel qui avait bien perçu une réticence dans la façon dont elle prononça le nom de cet homme.

— Et quoi ?

— Qu'est-ce qui te chiffonne chez cet homme ?

— Je n'ai pas beaucoup aimé son numéro de vieux beau au téléphone. En revanche, nous devrions pouvoir construire un projet intéressant pour lui, il a l'air d'avoir de très gros moyens.

— Eh bien tu me raconteras cela à mon retour, et en cas de besoin, tu m'appelles, dit-il en posant son index sur sa tempe.

Cela signifiait : « tu utilises la transmission de pensées si nécessaire », et non « tu utilises un quelconque téléphone ».

Angel & Marie - T. 2Tahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon