Angel & Marie - T. 2

1. Piège (2ème partie)

Il se précipita près de Marie, restée dans l'appartement.

— Que faisais-tu ? lui demanda-t-elle d'une voix tendue.

— Elles sont là, elles rodent, lui dit-il sans répondre à sa question.

Marie n'eut pas besoin d'un dessin pour comprendre de qui il parlait. Elodie et Sandra.

— Oui, je sens depuis tout à l'heure une présence malveillante, confirma Marie.

Ils échangèrent par la pensée pour éviter que leurs deux ennemis ne captassent leur propos :

— Que fait-on ? interrogea Marie.

— On ne peut laisser ta mère et ton frère sortir chacun de leur côté. Nous ne devons pas nous séparer, sinon elles nous attaqueront chacun notre tour et seront en position de force. Tant que nous sommes deux contre deux, elles vont hésiter à nous attaquer. Mais elles peuvent finir par aller chercher du renfort et là, nous ne ferons pas le poids. Nous aussi, il nous faut de l'aide. Convoque les Juges !

— Oh non, pas eux ! protesta-t-elle.

— Marie, lui rétorqua-t-il avec fermeté, nous n'avons pas le choix ! Si elles vont chercher de quoi grossir leurs rangs, nous sommes perdus. Ta mère et ton frère aussi. Elles peuvent nous emmener par la force en Enfer... Même si moi, je risque d'y aller de toute façon, ce n'est pas votre place à toi et aux tiens. Allez, ne perds pas de temps, convoque les Juges, tu sais le faire mieux que ...

— Attends, attends, pourquoi dis-tu que tu risques d'aller en Enfer ? le coupa Marie à qui l'allusion n'avait pas échappé.

— Ce n'est pas le moment ! Il y a urgence !

— Angel, non, ne me fais pas ce coup-là, je veux savoir ! Tout de suite ! fulmina-t-elle.

— Plus tard, appelle les Juges, nom de Dieu !!

Ce devait être la première fois qu'elle l'entendait jurer. Signe que la situation devait être inédite pour lui. Mais cela ne la détourna pas de sa volonté de savoir. Angel en Enfer, séparé d'elle, c'était sa pire crainte.

— Je ne les appellerai pas tant que tu ne m'auras pas répondu, lui renvoya-t-elle.

Angel capitula : il savait qu'elle pouvait être d'un entêtement redoutable quand elle voulait quelque chose.

— Bien, vois, se contenta-t-il de dire en lui ouvrant l'accès au souvenir de la précédente scène avec Elodie.

Marie poussa un cri d'effroi en mettant ses deux mains devant sa bouche :

— Non, ce n'est pas possible ! Il est mort ? Non, il n'est peut-être pas mort, tu es peut-être parti trop précipitamment, il est peut-être juste évanoui, il va...

— Marie, il est mort, je l'ai tué. J'ai vu rouge quand j'ai cru reconnaître ma sœur en train de se faire forcer. J'ai de nouveau tué sous l'effet de la colère. Je crois même qu'elle était encore plus violente que la première fois.

Marie prenait la mesure des conséquences que l'acte d'Angel pourrait avoir. Des conséquences redoutables. Voilà pourquoi il parlait de l'Enfer pour lui.

— Mais tu n'as pas fait exprès, hein ? Tu as été piégé ! Ce n'est pas de ta faute !

— Marie, toi et moi savons parfaitement que j'ai commis là la pire faute qui soit. Mais ce n'est pas le moment d'en débattre. Appelle les Juges !!

— Non, je ne veux pas les appeler, je ne veux pas qu'ils viennent te juger et encore émettre leurs satanées sentences ! Non, non !

— Ils viendront tôt ou tard régler leurs comptes avec moi. Mais là, maintenant, nous avons besoin qu'ils viennent nous aider à protéger ta mère et ton frère !

— Je vais leur dire que c'est moi qui aie tué cet homme. Moi, mon compte est vierge. Ils seront plus cléments avec moi...

— Arrête, arrête, tu dis n'importe quoi ! s'emporta Angel. Tu sais très bien qu'il est impossible de leur mentir. Et puis, jamais, tu m'entends, jamais, je ne te laisserai endosser ma faute ! Appelle-les ou je vais le faire moi-même !

Ce fut au tour de Marie de céder. Elle savait qu'il avait raison. Ils avaient besoin d'aide et ne pas appeler les Juges ne préserverait pas Angel de leur jugement.

Levant bras et tête vers le Ciel, elle les convoqua.