7. Obsession (4ème partie)

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— Bien rêvé ?

Elle préféra l'ignorer. Mais il insista.

— Je suis à Venise. Voulez-vous quelques photos ?

Elle ne put s'empêcher de répondre.

— Non, merci. Je connais Venise, je m'y suis déjà rendue avec mon mari.

— Certes, mais vous n'avez pas visité mon palais...

— Votre palais ?

— Oui, ne vous ai-je pas dit que je possédais une demeure à Venise ?

— Non, vous ne me l'avez pas dit.

— Voulez-vous en voir quelques clichés ?

— Oui.

Il lui envoya deux photos. Deux seulement. Mais elles suffirent à lui couper le souffle. L'une montrait une immense salle avec un plafond à caissons noirs, l'autre un grand escalier qui montait vers une coursive et ses portes. Ce ne fut pas la splendeur évidente des lieux qui laissa Marie abasourdie, mais le fait qu'ils correspondaient au détail près à ceux qu'elle avait vus en rêve. Comment était-ce diable possible ? Elle était pourtant certaine de ne pas l'avoir visité. En avait-elle déjà vu des photos sur le web, que son inconscient eût mémorisées et qui eussent formé le matériau de son rêve ?

— Puis-je trouver d'autres photos de votre palais sur internet ?

— Non, il n'en existe aucune.

— Il n'est pas ouvert au public ?

— Non, il n'est ouvert à personne en ce monde, hormis quelques amis.

— Se pourrait-il que vos amis aient mis quelques photos en ligne ?

— Impossible.

— On ne maîtrise pas toujours ce que nos amis publient.

— Moi, si.

— Bien, maître ! pianota-t-elle pour le taquiner.

— Je n'attends que cela.

— Quoi ? Qu'attendez-vous ?

— D'être votre maître.

Il l'avait de nouveau embarquée sur des rivages glissants. Recadrer, recadrer.

— Votre palais a l'air splendide. Nous pourrions peut-être nous en servir pour votre nuit d'amour.

— S'il correspond à celui de vos rêves, bien sûr...

Comment prendre cette dernière phrase ? Au sens figuré, comme le palais idéal selon elle ? Ou faisait-il explicitement référence au rêve qui la visitait chaque nuit ?

— Je vais en parler à mon mari, répliqua-t-elle, histoire de mettre une nouvelle fois les points sur les i.

— Bien, parlez-lui-en. Mais ne lui dites pas tout...

— Que ne dois-je pas lui dire ??

— Ne lui parlez pas des trois portes...

— Quelles portes ? tenta-t-elle.

— Vous savez très bien...

Rien. Elle ne trouva rien à répliquer. Trop perturbée par toutes ces coïncidences. Enfin, coïncidences... ce fut ainsi qu'elle voulut les voir, mais leur accumulation devenait troublante. Elle aurait aimé pouvoir s'en ouvrir à Angel, mais cela aurait impliqué qu'elle lui révélât la suite du rêve. Et ça, elle ne le souhaitait pas. Elle ne voulait pas lui infliger davantage de peine.

Olivier stoppa lui aussi leur échange. Peut-être considérait-il qu'il avait porté l'estocade finale ?

Il attendit le lendemain matin pour reprendre.


Angel & Marie - T. 2Where stories live. Discover now