Chapitre 1

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Il est 7h00. L'heure de la journée que je préfère.

Le vent frais souffle délicieusement sur mon visage emportant quelques mèches rebelle de ma chevelure dorée, le chant des oiseaux m'emporte loin et ma fidèle cigarette ne quitte mes doigts. Le tout, accompagné de ma bonne tasse de thé à la menthe.

J'adore me poser au balcon, contempler la ruelle encore déserte et me perdre à travers les tons lumineux et fascinants du levé du soleil. Le calme m'apaise et me terrifie en même temps et j'aime cette sensation contradictoire et particulière.

.............

Je jette un bref coup d'œil à ma montre...7h30. Je souffle bruyamment, si seulement je pouvais prolonger ce moment de la journée..

J'éteins ma seconde cigarette et m'engouffre dans ma chambre. J'enfile mes baskets, attache négligemment mes longs cheveux blonds et prends mon sac de cours posé sur le lit. Je suis fin prête !
Je dévale deux par deux les escaliers et retrouve ma mère postée au salon qui me regarde désespérée en remuant la tête de gauche à droite, les bras croisés contre sa poitrine.

"Qu'ai-je donc fait pour avoir un garçon manqué comme fille.." marmone t-elle pour elle-même.

Ma tendre génitrice se plaint souvent de mon apparence, mes t-shirt trop larges et mes pantalons sans forme la rendent malade. Je n'y peux rien si j'aime me vêtir de la sorte.

Femme de trente-trois ans, ma mère est très élégante, jupe crayon, escarpins, maquillage soigné... Bref, elle est si belle que j'en suis presque jalouse.

"J'y vais m'man !"

J'embrasse bruyamment sa joue et lui arrache un rire sonore.

"A tout à l'heure ma chérie"

Je quitte notre chaleureuse demeure et me mets en route pour l'université, prête pour vingt minutes de marche.

........

J'arrive à l'heure comme toujours car je déteste être en retard et attirer l'attention des autres. Je me précipite pour rejoindre ma petite salle, c'est ma première année de médecine et aujourd'hui est mon troisième jour de cours. J'avoue que je suis toujours aussi stressée, je ne connais encore personne et préfère rester dans mon coin.

La salle se remplie peu à peu et le prof fait son entrée après une quinzaine de minutes de retard.

Je me concentre sur notre premier cours de biologie.. ou plutôt je tente du mieux que je peux. Le cours du vieux prof ne me motive pas, les murs grisâtres qui m'entourent me donnent la nausée et la petite fenêtre m'étouffe. Tout ça pour dire que je n'apprécie pas plus que ça cette fac.

Je n'ai jamais voulu y être d'ailleurs, mais je suis obligée puisque la médecine a toujours été mon rêve. Ma mère à elle seule ne peut se permettre de me payer la meilleure université de la ville et mon petit boulot de serveuse ne m'aide pas vraiment.
Mais je ne me plaindrai jamais, pour elle, je supporterai tout ça. Après la mort de mon père il y'a trois ans maintenant, elle a réussi à se relever, à nous relever. Grâce à elle, on est parvenu à surmonter cette douloureuse épreuve. Une femme forte et admirable, voilà ce qu'elle est !

...............

Les cours enfin terminés, je me précipite vers la sortie le sac sur mon dos, j'ai une faim de loup. Je rentre chez moi plus rapidement que l'allée, mon corps transpire, à midi le soleil brûle ma pauvre peau diaphane.

Je me dépêche de prendre une douche, me vêts à la hâte et fais chauffer une part de lasagne restante de la veille.
Je m'installe devant la télé et suis un documentaire sur les animaux. Je peux être très ennuyante quelque fois, c'est sûrement pour cette raison que je n'ai que très peu d'amis. De toute façon, la solitude ne me dérange pas plus que ça, bien au contraire depuis que papa nous a quitté, je me suis renfermée sur moi-même. J'ai changé. Complètement.

Je sursaute lorsque la porte d'entrée s'ouvre brusquement. ma mère fait son apparition, je la sonde d'un regard surpris, ne m'attendant à la voir de retour de si tôt.

"Maman, que fais-tu à cette heure-ci ?" Questionné-je curieuse.

Elle referme la porte derrière elle sans me regarder, je la sens nerveuse.

"Euh.. j'ai un dîner important avec des collègues ce soir, je dois me préparer" répond-elle.

Je ne sais pourquoi mais j'ai le sentiment qu'elle ne me dit pas tout.

"Si tu le dis.." répliqué-je simplement haussant avec indifférence les épaules.

Je quitte finalement le salon et monte dans ma chambre. Je prends un bouquin posé sur mon étagère et saute sur mon lit.

Absorbée par ma lecture, je ne sens le temps filer, je marque la page où je me suis arrêtée et me dirige vers le balcon au sombre paysage. Le soleil s'est couché trop tôt à mon goût, je trouve cette obscurité déprimante et le silence nocturne terrifiant.

Je rentre dans ma chambre et referme la vitre derrière moi. Je perçois des bruits de talons provenant du couloir, je me précipite hors de ma chambre et reste bouche bée lorsque je croise la silhouette gracile de maman.

"Wow.. Tu es magnifique!" m'exclamé-je en sifflant trop fort.

"Sarah!" me réprimande t-elle faussement un sourire aux lèvres.

Elle tourne sur elle-même pour me permettre d'admirer sa robe noire élégante mais qui la rend super sexy de par sa fente le long de sa jambe.

"Il n' y a pas a dire, tu es à tomber ! La complimenté-je fière. Mais je me demande comment tu parviens à marcher avec ces talons qui ressemblent plus à des échasses"

Son sourire radieux laisse peu à peu place à une tristesse significative, elle s'approche de moi et dépose ses douces mains chaudes sur mes épaules.

"Tu es aussi une femme Sarah, tu es capable de faire cet effort. Regarde toi, tu es si belle, si tu t'occupais un peu plus...."

"Maman, on en a déjà parlé, cette discussion ne mènera nulle part" la coupé-je exaspérée qu'elle revienne sur ce sujet.

Un soupir désemparé lui échappe suite à ma réplique, mais elle n'insiste pas, comprenant parfaitement mon comportement.

"Ne m'attends pas, je vais peut être tarder ma puce"

"D'accord, j'espère que ta soirée se passera bien"

Elle m'embrasse le front et je profite de notre proximité pour inhaler profondément son odeur agréable et réconfortante.
Elle se retourne ensuite pour descendre élégamment les marches, après un signe de main, elle s'en va le sourire aux lèvres.

Je me retrouve finalement seule et baille à en décrocher ma mâchoire, je crois que je ferai mieux d'aller me coucher..

J'enfile mon pyjama, me brosse les dents et m'enferme dans ma chambre.
Je retire l'élastique qui emprisonne mes cheveux à longueur de journée et m'installe sur mon lit. Bien vite, pour mon plus grand bonheur, je rejoins les bras de Morphée...


L'homme InterditWhere stories live. Discover now