Chapitre 15

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Malmenée par cette espèce de loup sans manière, je pensais à aller porter plainte auprès des associations des animaux en voie de disparition. Ils seraient sûrement intéressés d'avoir un majestueux loup, enfin loup-garou, avec eux. Après tout, les loups sont en voie de disparition, et la meute de Cameron rassérénerait les âmes profondément tristes pour ces belles bêtes. De plus ce serait un excellent moyen de me débarrasser de lui... pourquoi n'y avais-je pas pensé plus tôt ? Sûrement à cause de tout ces événements qui s'emmêlent. D'abord ma rencontre avec eux et ce stupide jeu, ensuite la venue de Steven Brock pour me rappeler que je ne serais jamais tranquille, et pour finir... le kidnapping de mon frère, organisé par Junior. J'espérais que Peter ne soit pas mêler à tout ça. Surtout qu'il était très têtu et voudrait sûrement rester après avoir vu tout ça. Il désirerait des explications que j'étais incapable de fournir pour l'instant. Au pire des cas, je n'aurais qu'à le ramener à Cailean, j'avais pu constater qu'ils s'entendaient bien tout les deux.

Cameron finit par me lâcher sur un lit. Il s'était retourné mais ses muscles étaient toujours tendus par la colère. Je tentais de m'échapper, mais il se tourna vers moi, me figeant sur place d'un regard. Normalement je le lui aurais rendu, mais sur le coup, son regard flippant et meurtrier me clouait au sol. L'or avait entièrement recouvert ses iris violettes. Mon cœur battait à vive allure dans ma poitrine. Il était vraiment dans une colère noire, j'allais en avoir pour mes frais.


« Pourquoi m'as-tu amené ici ? Questionnai-je, la voix légèrement tremblante. »


Il ne me répondit pas. Son regard me transperçait, et mon cœur battant, se comprimait douloureusement. La raison me disait de fuir, le plus vite possible. Mon instinct me disait que si je ne devais pas le faire afin de ne pas attiser la sauvagerie de la bête. Et mon cœur se sentait délaissé et perdu face à lui. Pour une fois, j'avais laissé la raison et l'instinct de côté. Je restais là, les bras autour de moi, me protégeant d'un froid imaginaire. Des larmes cherchèrent à courir le long de mes joues, mais je le leur refusais. J'avais trop pleuré aujourd'hui. Ma respiration était hachée par des sanglots étouffés.


« Je ne sais pas ce que tu t'imagines pour être dans cet état, mais je ne vais pas te faire du mal. Souffla la voix rauque du loup.

- Tu me fais déjà du mal, alors pourquoi te croirais-je ? Rétorquai-je.

- Où et quand ? S'enquit-il, en se rapprochant.

- Tout le temps. Tu... es tout le temps entrain de me faire du mal... »


Il lâcha un soupir, et m'attira à lui. Ses bras m'entourèrent et sa chaleur dissipa le froid.


« Haylie... dis-moi, en quoi te fais-je souffrir ? Murmura-t-il, à mon oreille.

- Tu n'as qu'à demander à ton subconscient. Répliquai-je, en m'écartant de lui. »


Nous nous regardions tout les deux. Je ne savais pas trop ce que mon regard laissait transparaître, mais je me sentais mal, comme si mon cœur saignait. Son regard à lui, était perdu. Il ne comprenait et pour tout dire, je ne comprenais pas plus que lui. J'ignorais pourquoi j'avais mal, et pourquoi j'étais si contradictoire. Je voulais être avec lui, mais je ne voulais pas... je ne voulais pas quoi, d'ailleurs ? Découvrir que finalement je l'aime ? Que je m'étais voilée la face pendant tout ce temps ? Que mon corps était en symbiose avec le sien ? Que j'étais finalement jalouse de toutes les filles qui croisaient sa route ? ... peut-être pas à ce point tout de même...


« Haylie. M'appela-t-il, de sa voix grave. »


Sa voix s'insinuait en moi, cherchant à me faire perdre la tête. J'en oubliais presque mes dernières pensées. C'était la première fois qu'un garçon me chamboulait à ce point, et pourtant j'en avais connu des garçons. Cameron n'était pas le premier qui se tenait devant moi... mais il était irrémédiablement le plus beau de tous, et le plus têtu aussi. Il était tout simplement différent, très différent même.


« Haylie, dis-moi. M'intima-t-il.

- Je ne sais pas ! Criai-je, après un moment de silence pesant. Je ne comprend pas, j'ignore le pourquoi du comment. À chaque fois que je suis avec toi, mon corps réagit étrangement. Je n'arrive pas à te sortir de ma tête et il faut que je sois méchante et distante avec toi, parce que je sens que je vais finir par me perdre si je me laisse aller contre toi ! »


Je m'arrêtais essoufflée, mais aussi étonnée de toutes les choses que je venais de dire. Ma langue m'avait encore trahi, j'allais finir par me la couper et en greffer une nouvelle. Je finis par lâcher un soupir et de ravaler les sanglots. Je me trouvais franchement ridicule ainsi. Je passais une main sur mon visage, comme pour nettoyer tout les sentiments que j'avais, et remettre un masque de neutralité. Ma respiration était de nouveau calme. Mon corps était encore tendu, mais j'en avais plus qu'assez sur le coup. J'avais besoin de prendre du recul, de prendre mes distances avec tout ça. J'avais besoin de me retrouver. J'avais besoin de retrouver ma famille, le temps d'une semaine ou deux au moins. Il fallait simplement que je m'éloigne de Cameron pour l'instant.


« Oublie ce que je viens de dire, je suis juste un peu... fatiguée de tout ça. Je rentre chez moi, avec mon frère. Dis-je, le plantant au milieu de la chambre. »


Il ne tenta même pas de m'arrêter, ça en devenait presque une habitude avec lui. Il m'arrêtait toujours les deux premières fois, et à la troisième fois, il me laissait partir. C'était comme si il en avait marre de s'accrocher à moi, alors que je ne faisais que le repousser constamment. Je pourrais d'ailleurs comprendre si il sortait avec une autre fille, et puis de toute manière, je n'étais pas une fille fréquentable. Je n'attirais que les problèmes. De plus, il était préférable qu'il ne se mêle pas à mes relations avec l'A.O.S. Cela risquait de lui nuire, plus qu'autre chose. Je retournais dans la chambre où mon frère se reposait sous la surveillance de Cailean.


« On y va Peter. Informai-je, en lui tendant la main afin de l'aider. »


Il ne me répondit pas et refusa ma main. Il se leva seul, fit une accolade à mon patron et sortit de la chambre tandis que je lâchais un soupir. Je remerciais Cailean de son hospitalité, et l'informais que je prenais des vacances d'au moins deux semaines. Je partis, avant même qu'il ne put répondre quelque chose. Je retrouvais Peter en bas, près de la porte m'attendant sagement. Je lui fis un signe de tête, et nous nous en allions.

Les Gardiens Et Les Loups Tome 1 : L'Appel Du LoupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant