Chapitre 1: Dylan

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(@lina27)

J'avais oublié mon sac.
Quelle conne Cara.
- Putain Cara !
Je suis revenue dans ma chambre en vitesse et j'ai chopé la lanière de mon Dakine.
J'adore ce sac. Il fait garçon, peut-être, mais j'aime bien. Je fais très garçon manqué parfois, il arrive que je me balade avec des vêtements de garçons.. Tout simplement parce que je me sens super a l'aise dedans.
Non mais c'est vrai. C'est carrément idiot d'aller mettre des Louboutins inconfortables au lieu de bonnes vieilles Nike. C'est de la logique.

Bref, je fonce dans ma Jeep. Je l'adore. J'ai passé tout l'été à la bichonner, elle est parfaite. Elle est verte kaki, comme un truck.
Je la démarre. Et elle me fait un caca nerveux.
J'ai tourner l'embrayage trop vite, merde.

- Allez Suzie me fait pas chier s'il te plaît

Je l'ai appelé Suzie. Ouais, j'appelle ma voiture, ça pose un problème à quelqu'un ? C'est parce que c'est une Suzuki, ça sonnait bien de la surnommer Suzie.

Suzie veut toujours pas démarrer. Et je vais être salement en retard si je persiste à espérer qu'elle va se lancer.
Mais j'ai tellement la flemme de prendre le bus.
Je croise les doigts et fait appel à tous les dieux que je connais.

- Faites la démarrer, je vous en supplie

Rien, juste le bruit pathétique et désespérément insupportable de la clé qui tourne, mais le silence du contact qui ne se fait pas.

Je me frappe la tête contre le volant. Au bout de dix minutes, ne me demandez pas comment, ne me demandez pas pourquoi, Suzie se réveille et le moteur se met à tousser, à ronfler.
Le bruit incessant me redonne le sourire, et je lâche un cri de victoire.
C'est quand mes yeux rencontrent ma montre qu'il s'étrangle dans ma gorge, et que j'ai envie d'aller me tuer.
Je suis salement en retard.

Il est 8h15, les cours ont commencé depuis 1/4 d'heure, et j'habite à 20 minutes en voiture du bahut.

- oh merde !

Je tourne le volant, et appuie de toutes mes forces sur l'accélérateur. Je manque de tuer deux ou trois mamies, mais j'arrive au lycée en temps record: il est 8h25 !

Je ne connais pas l'établissement. Je ne sais par conséquent pas où aller. Après avoir erré pendant 5 bonnes grosses minutes, je trouve enfin le bureau du secrétariat.

- bonjour, m'accueille froidement une grosse dame, à l'haleine résultant d'un mélange de café noir et de cigarettes.
- Bonjour.. Je suis nouvelle et...
- Et vous êtes en retard, souligne-t-elle avec un sourcil qui se dresse au dessus de son œil droit. Elle point l'horloge de son doigt ridé et esquisse un sourire hypocrite.
- Oui... Excusez moi, où dois-je aller ?
- Votre nom ?
- Delevingne.
- Cara ?
- Oui c'est cela.
Elle me dévisage de la tête au pied. Les gens font souvent ça lorsque mon nom leur dit quelque chose. Je lâche un sourire étincelant et enfin elle se décide à regarder ailleurs.

Elle me rends négligemment une feuille et un carnet blanc.
- votre emploi du temps, et votre carnet de correspondance. Ne le perdez pas.
Je la remercie d'un coup de tête et m'éloigne rapidement. Fébrile, je parcours des yeux mon emploi du temps. Je devrais être en français, avec Mrs Kells, en salle 303. Les salles autour de moi sont les salles 200. Les salles 300 doivent être au dessus.

La logique Cara, la logique.

Je monte quatre par quatre les marches et arrive rapidement devant la dite salle.

Je souffle un bon coup et je toque. Un "oui" étouffé m'indique que je peux entrer.

Je pousse la porte et entre d'un coup sec dans la classe, regardant devant moi pour ne croiser aucune paire d'yeux. Je me dirige directement vers la prof, lui temps mon carnet et mon mot de retard. Elle hoche la tête et m'indique une place au fond à droite.
J'attrape les hanses de mon sac et m'y dirige.

Je m'installe rapidement et me fond dans le silence. Quelques curieux étendent leur tête pour m'observer, je fais comme si je ne les voyais pas.

De toutes façons, ils sont tous en train de se demander si, oui, je suis bien LA Cara.

Le fait d'être "célèbre" a certes des avantages.
Mais aussi des inconvénients. La plupart des gens autour de moi sont des personnes recherchant la célébrité, qui veulent être vu. Et c'est difficile de reconnaître qui sont les gens sincères dans cette mare de menteurs.

C'est l'heure de la récréation. Les élèves bavardent allègrement entre eux et, alors que je sortais de la salle, quelqu'un vient de tapoter l'épaule.

- Salut ! Dit-il.
C'est un grand garcon, brun, avec des grains de beauté éparpillés sur son visage. Il a un air de lutin, son petit nez trompette ne faisant qu'accentuer cette impression. Il affiche un sourire gai, imperturbable, et des fossettes ultra craquantes se dessinent au bout de ses lèvres.

- Salut, je réponds, gentiment.

Je sors de la salle et il me suit.
- alors ? Demande-t-il
- Alors quoi ? Je réplique, fronçant mes sourcils bruns.
- Tu es nouvelle ?
- Non, non, c'est d'ailleurs pour ça que tu viens me parler ?
Je me demande si ma franchise un peu brusque va le déstabiliser, comme elle déstabilise la première fois les gens qui viennent me parler.
Au contraire, il rehausse d'un cran son sourire, et me dit:
- Oui, c'est d'ailleurs pour ça que je t'ai observé pendant tout le cours de français
Je lache un petit rire et me dirige vers le casier que l'on m'a attribué.
- dis moi, quelle est la marque de ton téléphone ?
Je fronce les sourcils.
- quoi ? Un iPhone, pourquoi ?
- Ah bon ? Je peux le voir ?
Ce garçon est vraiment bizarre. Je le sors doucement de ma poche arrière et lui tends, après lui avoir déverrouillé. Je range mes affaires dans mon casier tandis qu'il fait défiler les applications.

Il me rend alors, et me lache un clin d'œil.

Il allait s'en aller, quand je l'ai rappelé.
- attend ! Comment tu t'appelles ?
Il se retourne, et me décoche un énième sourire, en répondant:
- Dylan.

J'hoche la tête en souriant. Dylan. J'allais partir à mon tour vers les toilettes, quand mon portable vibra dans ma poche arrière.

De: Mon Dieu
Passe une bonne fin de journée Cara la nouvelle 😉

Je ne met que quelques secondes à comprendre que c'est Dylan. Quel malin, il a pris mon numéro ce con.

J'éclate de rire avant de répondre:

À: Mon Dieu
Qui t'as permis de te nommer ainsi dans mes contact, crétin ?

Il met quelques secondes à répondre.

De: Mon Dieu
Je suis Dieu, je fais ce que je veux, non ?
Le crétin t'emmerde, petite bourgeoise

J'esquisse un franc sourire. Je range mon téléphone et me met à penser. Cela faisait longtemps que quelqu'un n'avait osé m'appeler "petite bourgeoise". Je sens que ce Dylan là va beaucoup me plaire..

In the Dark (JG)Where stories live. Discover now