Nuit.

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( Sigur Ros - Unitled 1 ) 

23h55 : " Louis à Harry : Minuit.. ? "

J'arrête tout ce que je fais et j'avale difficilement ma salive, mes joues deviennent totalement rouges parce que je ne m'attendais pas à ce que ce message inattendu de Louis me fasse autant d'effet. Je gesticule nerveusement dans mon lit, je m'apprêtais à aller me coucher mais là, il vient de tout bouleverser et je ne suis plus fatigué.

23h56 : " Harry à Louis : Minuit !! "

Je me redresse doucement du lit, et je m'habille parce que j'étais en pyjama, je fais ça discrètement parce que mon père dort profondément dans la chambre du fond. Je me lave les dents et je descend les escaliers sur la pointe des pieds, la maison est vide, ma mère est à l'hôpital avec Kathy, elle rentre seulement l'après-midi pour venir récupérer des affaires propre à elle, et les seuls mots qu'on s'échange sont " tu as fait tes devoirs ? " et moi qui lui promet que je le ferais le lendemain, mais qui oublie. Ma soeur va passer quelques jours chez sa meilleure parce qu'on perd de plus en plus notre mère à cause de sa propre mère, et que ça nous fait tout les deux du mal. Mais moi, ce mal, je le contiens en moi, dans ma chambre, seul, je n'ai pas besoin ni l'envie d'en parler, je n'y arrive pas. Alors je souffre en silence.

Je sors de chez moi, mon coeur bat rapidement parce que même si la dernière fois que nous nous sommes vu avec Louis était il y a deux jours puisqu'il m'a ramené de l'hôpital, ça me fera toujours du bien de le voir, de le serrer dans mes bras, de le sentir, et de l'embrasser peut-être. Nos messages où nous nous demandons si on va bien, ce qu'on fait, à quoi on pense ne me suffisent plus, j'ai besoin de le voir et je le remercie d'avoir franchi cette barrière parce que moi je n'osais pas le faire.

Je m'approche, il est assis sur le perron de sa maison, et quand il me voit traverser la route il se redresse et s'approche de moi, à son tour. Mon ventre se retourne, je ne sais pas si je ressens de la joie ou de la tristesse, il s'agit d'un mélange des deux et ça me donne envie de pleurer. Le revoir me fait quelque chose, ça me tord les tripes parce qu'il est la seule personne à pouvoir me rassurer rien qu'avec des yeux, rien qu'avec une présence. Je précipite mes pas, j'ai besoin de ses bras, ma mère est entrain de m'abandonner. Je suis entrain de perdre ma grand-mère, de perdre ma mère, de perdre ma vie. De perdre la joie. Je perd tout. J'ai besoin de Louis. Je m'arrête en plein milieu de son jardin, mes jambes tremblent parce que merde, je vais mal. Parce que j'ai besoin d'une personne qui ne peut pas être tout le temps présente. Parce que j'ai besoin de ma soeur mais qu'elle s'est enfuie chez sa meilleure amie, parce que j'ai besoin de mon père mais qu'il s'est enfui avec ses matchs, parce que j'ai besoin de ma mère mais qu'elle s'est enfuie avec ma grand-mère. Je les retiens, mes larmes.

- Ça va ? Demande Louis, inquiet.

- Oui, j'ai.. J'ai juste la tête qui tourne, je répond, le souffle court.

Je mens mais je ne veux plus passer pour le garçon qui pleure tout le temps, je dois rester fort et la présence de Louis m'aide à l'être. Il me prend dans ses bras, et j'enfouis ma tête à l'intérieur de son cou. Un fort frisson me parcourt le corps quand je sens sa chaleur, son odeur, sa peau. Je ferme les yeux, oubliant ce monde et cette souffrance dans ses bras, j'oublie tout.

- Tu es sûr que ça va ? Il répète, d'un ton inquiet.

- Oui.. Tu.. Tu me manquais, je répond, hésitant.

Il soulève mon visage avec ses doigts et je ne peux pas m'empêcher de rougir, je viens de dire quelque chose que je n'aurais jamais pensé dire mais j'ai tellement paniqué pour éviter de mentir que j'ai dit ça sans vraiment réfléchir. Mais je le pensais vraiment. Louis me manque chaque seconde qui s'écroule.

Reste.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant