14* Blessure

Depuis le début
                                    

-Papa, pourquoi tu ne me fais pas confiance ?

-C'est à lui que je ne fais pas confiance, persiffla Dylan en pointant dédaigneusement Caleb du doigt. Il te bourre le crâne, il t'utilise. Mais quand il aura trouvé quelqu'un d'autre, quelqu'un qui lui semblera plus intéressant, il te laissera tomber. Ces gens sont tous des enfoirés, des sales cons malhonnêtes qui ne cherchent que du sexe et qui le trouvent avec des gens fragiles tels que toi !

-J'espère que tu ne penses pas ce que tu dis..., souffla Nathan, sidéré d'entendre de telles choses.

-Oh que si, je le pense ! Laisse-moi deviner : il t'a approché en te proposant son aide, c'est bien ça ? Il utilise ta mysophobie contre toi et en profite. Comment peux-tu ne pas deviner ses intentions ? Comment...

Caleb se leva brusquement, interrompant Dylan. Ils se jaugèrent furieusement du regard.

-Je ne suis pas une bête, s'exclama-t-il, contenant à grand peine les tremblements de colère dans sa voix. Vous pouvez ne pas aimer les homosexuels, comme une personne peut ne pas en apprécier une autre, je ne suis pas juge de vos goûts relationnels. Mais jamais je ne vous laisserai nous dénigrer comme des monstres assoiffés de sexe. Si cela peut vous rassurer, je n'ai encore touché à aucun cheveu de votre fils.

Techniquement parlant, ce n'était pas les cheveux, pensa Nathan, réprimant à grand peine un sourire. Ce n'était pas vraiment le moment de penser ce genre de chose, surtout avec un homophobe confirmé en face de lui.

-J'espère bien, s'écria Dylan. Sinon...

-Sinon, quoi ? menaça Caleb. Vous m'auriez réglé mon compte ? Je ne suis pas différent des hétérosexuels. Je suis en droit d'aimer qui je veux, de souffrir comme je le souhaite...

-Pas mon fils. Fais tes cochonneries avec qui tu veux, je m'en fous, mais je t'interdis de toucher à mon fils.

-Tu n'as aucun droit sur mon corps, intervint Nathan. Je suis majeur, et je fais ce que je veux avec.

Son père le dévisagea, à la fois blessé et dégoûté.

-Tu n'as pas toute ta tête... Tu es aveuglé par ce que tu crois être de l'amour.

-Ma vue et ma tête vont très bien, je te remercie. J'aime Caleb. Et que le fait que je sois dans une relation homosexuelle te dérange me peine, mais c'est ainsi. Je ne peux pas m'arracher le cœur pour te faire plaisir.

Dylan demeura silencieux une longue minute. Caleb se détendit quelque peu, pensant que c'était enfin terminé, mais Nathan savait que quelque chose se préparait. Son père ne lâcherait pas l'affaire. Il était trop buté, trop campé sur ses positions. Il était certes bloqué, sauf que cela ne l'empêcherait pas de trouver une porte de sortie.

-Tu as raison, dit enfin Dylan. Tu ne peux pas t'arracher le cœur, et puisque tu sembles réellement avoir des sentiments pour lui, alors je comprends que ça fasse de toi un homosexuel.

Caleb posa sa main sur celle de son compagnon, un petit sourire soulagé sur le visage. Nathan était tendu comme un arc. La tempête arrivait.

-Tu es majeur, continua son père avec un calme trompeur. Et je ne peux plus décider pour toi. En revanche, ne me demande plus rien. Je ne t'ai pas élevé pour que tu gâches tout en devenant une tapette. Je ne gâche pas mon argent pour que tu ailles batifoler avec lui. Alors à partir de maintenant, tu te débrouilles, de A à Z. Ne viens plus me voir. Puisque tu refuses d'entendre raison, considère que je ne suis plus ton père. Pour moi, à partir de cet instant, tu n'es plus mon fils. Mon fils n'est pas un dégénéré homosexuel. Mon fils n'aurait jamais mené une histoire aussi stupide et sale que celle-là. Mon fils est intelligent, responsable et ne se laisse pas guider bestialement par sa libido. Tu es tout son contraire. Tu n'es pas mon fils.

Don't Touch MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant