Les rousses ne comptent pas pour des prunes ( version 2)

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Chapitre 5 : Les rousses ne comptent pas pour des prunes

Couchée sur mon lit, le téléphone dans les mains, je fixai le message d'Enzo. Toute la nuit j'avais pensé à ce qu'avait raconté Marion. Elle n'avait peut-être pas tort, ce n'était peut-être pas si terrible que ça. Quand on y pense Enzo était plus que mon type, même si j'essayais de m'en dissuader.

Il avait toujours été comme ça, déjà petit, il me chahutait dans tous les sens. Il me volait mes affaires et me prenait pour son souffre-douleur. Les paroles de Marion me revinrent en tête « Tu sais que les garçons tirent les couettes des filles qu'ils aiment à cet âge-là. » Je secouai la tête. Non ! Hors de question que j'accepte son invitation. Si j'acceptais je serais à sa merci... J'imaginais déjà son regard supérieur. Je refusais de reconnaitre qu'il était l'alpha et moi l'oméga. Sans parler qu'il pouvait s'agir d'une autre de ses plaisanteries...

Je repensais à cette tension qu'il y avait eu entre nous quand nous étions dans ma chambre. Tout du moins, la tension que j'avais ressentie de mon côté. Il allait m'embrasser, et moi au lieu de le repousser, j'étais prête pour ce baiser. En fait j'avais même été déçue qu'il se soit juste moqué de moi une fois de plus.

Je me tournais dans mon lit toujours rivée sur mon téléphone. Si j'acceptais sa proposition, alors on s'embrasserait pour de vrai, on finirait comme dans mon rêve, à se déchirer nos vêtements, découvrir chaque partie du corps de l'un et de l'autre. Je connaîtrais enfin les sensations que me décrit Marion quand elle discute de ses parties de jambes en l'air. Ou alors il s'agissait d'une blague et si j'acceptais, j'allais juste m'humilier devant lui.

Je ne comptais pas reparler du message, c'était à lui de le faire, j'aller feindre l'ignorance totale. Je sais ce n'était pas une chose extraordinaire et pourtant pour envoyer ce simple « de quoi tu parles ? » Il me fallut une bonne vingtaine de minutes pour que mon doigt fasse abstraction de mon angoisse d'appuyer sur le bouton « envoyer ».

On était en fin de matinée, et je n'avais reçu aucune réponse. Rien du tout, même pas un petit « à ton avis ? » ou « alors ma proposition t'intéresse ? » non, rien, nada.

Mon plan n'avait pas fonctionné. Pire, je l'imaginais qui souriait fier de me faire attendre. Il fallait accélérer la cadence. Je pris mon sac, il était temps de passer à l'étape suivante. Le système D comme on dit si bien.

***

Je tentais de me réchauffer avec mon latte, que j'avais pris à emporter à mon café favori ? J'avais compris que les locaux d'Enzo était proche de « Thé où café ? », grâce à notre petite histoire avec le taxi. J'avais donc décidé de l'attendre, et le moment où il sortirait dehors, de passer à côté de lui en le bousculant, puis faire croire à une rencontrer fortuite. Ce qui pouvait être très probable vu que ma maison d'édition était à quelques pas d'ici.

Si cette idée m'avait paru excellente quand j'étais chez moi, au fur à mesure que le temps passé, elle me paraissait totalement hors-norme. N'était-ce pas le comportement d'un stalker ? Tout ça pour une histoire de sms... « Tu es folle ma pauvre fille » soupirais-je à haute voix, en regardant mon téléphone.

Ça faisait déjà quasi trente minutes que j'attendais, c'était un miracle que mon café soit encore un tant soit peu chaud.

Il faisait un peu frisquet pour un mois de septembre, mais j'avais prévu le coup et portait un manteau d'hiver. J'étais capable d'attendre toute l'après-midi s'il le fallait. Ça montre vraiment à quel point tu es désespérée me dit ma voix intérieure. Je secouais la tête pour oublier cette petite voix.

Attendre presque toute l'après-midi n'était pas si loin de la vérité. Il ne sortit du bâtiment que trois heures après. Ce fut un miracle que j'arrive à me diriger vers lui, vu l'état de mes doigts de pieds qui étaient totalement gelés et engourdis. Je sortis mon manuscrit de mon sac pour que la scène paraisse plus plausible. Je feignis de la lire en allant vers lui, prête à lui rentrer dedans d'un moment à l'autre, mais je n'eus pas l'occasion. J'étais encore très loin de lui, quand une petite Audi rouge s'arrêta à côté de lui. Une splendide blonde à la tenue hyper glam sortie de la voiture, déposa un baiser sur la joue d'Enzo. Il fit un baiser à son tour, sa main posée sur le dos de la jolie blonde. Il prit les clefs de la voiture, se dirigea vers le siège conducteur pendant qu'elle s'installait sur le siège passager, tout ça devant mes yeux ébahis.

Je continuais à fixer la Audi, jusqu'à ce que celle-ci ne soit plus qu'un vague point rouge au loin, mon manuscrit toujours dans ma main droite, et mon café dans la main gauche. Soudain la honte m'inonda. Évidemment qu'un mec comme lui aurait une copine ou du moins des conquêtes !

J'étais énervée contre moi-même. Au lieu d'attendre des plombes dehors, j'aurais mieux fait de l'appeler. J'avais raté ma chance. Comme d'habitude j'avais manqué de courage.

Je n'avais pas totalement perdu ma journée pensais-je. Au moins j'avais eu confirmation que ce message n'était qu'une blague idiote de sa part.

Cependant, il était hors de question que je me morfonde. J'allais trouver un homme toute seule pour m'envoyer en l'air une bonne fois pour toute !

Je pris mon téléphone, et appelai Marion. Elle avait à peine décroché que je lui déclarai déjà son programme de ce soir.

- Ce soir on va au Crazy banana ! Préviens les filles, je vous offre la première tournée.

- Tiens c'est inhabituel de ta part ? Il s'est passé un truc avec Enzo ?

- Oh que oui ! J'ai pris conscience que je n'avais pas besoin d'un mec comme ça pour plaire. Alors ce soir, tenue sexy, on va draguer !

- Waouh ! Est-ce vraiment toi qui parles Lulu ? Okay, j'appelle les autres, ça va être d'enfer.

C'était décidé, j'allais prendre cette histoire en main et prouver à ces abrutis finis, que sont mon éditeur et Enzo qu'ils m'avaient sous-estimés.

êtes vous prête à coucher?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant