Chapitre 2

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(musique : honest // the neighbourhood)

Point de vue de Lexie

Les livres que je tenais entre mes mains se renversent par terre et je m'accroupis immédiatement pour les ramasser. Je ne relève pas la tête pour voir celui ou celle que j'ai bousculé car je me suis mise à pleurer et que je refuse que quiconque me voit ainsi.

"Je suis désolé, je ne faisais pas vraiment gaffe où j'allais, me dit la voix masculine de la personne face à moi."

Je le vois alors s'accroupir pour m'aider à rassembler mes affaires et je murmure :

"Ce n'est rien."

"Tu pleures ?"

Je ne fais plus aucun mouvement et essuie rapidement mes yeux avec la paume de ma main, puis nous nous relevons. Je n'ai pas envie de répondre à cette question. Je finis par relever la tête et fixe attentivement mon interlocuteur. Il est brun avec des yeux bleus particulièrement électrisants, porte une chemise noire, un jean et une paire de Vans. Il a l'air d'être préoccupé par mon état, alors que nous ne nous connaissons même pas.

"Je vais bien, déclarai-je alors en esquissant un genre de sourire."

"La prochaine fois que tu me sortiras un mensonge pareil, tu prendras soin d'enlever les coulées de mascara sur tes joues."

J'arrête de sourire et il poursuit :

"Viens avec moi, on va arranger ça."

Sans chercher à comprendre, je le suis jusqu'aux toilettes des femmes, où il saisit un mouchoir qu'il humidifie pour nettoyer mes traces de maquillage.

"Tu n'as pas le droit d'être dans ces toilettes, remarquai-je."

"Il n'y a personne à cette heure-ci, on ne me verra pas, rétorqua-t-il."

Je laisse un échapper un petit rire et il me lance alors :

"Ton visage est quand même bien plus joli avec un sourire qu'avec des larmes."

Il s'accoude alors au lavabo, puis s'exclame :

"Je ne t'ai jamais vue au lycée."

"C'est normal, je suis arrivée ce matin. Mais, je ne t'ai jamais vu non plus alors que j'ai passé l'année passée ici."

"J'ai fait ma rentrée ici en septembre, expliqua-t-il."

"D'accord. Tu es en quelle classe ?"

"Dans toutes les classes à la fois."

J'affiche une expression surprise et il se justifie :

"Je suis professeur de philosophie."

Et merde.

"Oh, tu... vous êtes professeur, balbutiai-je."

"Oui, c'est ça."

"Et, vous avez le droit d'être dans les toilettes avec une élève ?"

"Je pense que non, mais, c'est la première année que j'enseigne, alors, je n'ai pas encore assez de recul avec les élèves. J'ai encore tendance à agir comme un étudiant."

"Je pense qu'il serait mieux que l'on se sépare et que je retourne en cours, déclarai-je."

"Tu as raison, ce serait mieux, approuva-t-il."

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