En Apesanteur

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Milan se réceptionna dans une fente entre deux rochers, sur une couche de neige pas aussi solide qu'il ne l'avait escompté, si bien que dans sa chute, il s'enfonça jusqu'à la ceinture.

Les vigiles, en dépit de l'écart produit par l'hélicoptère, l'avaient vu sauter. Ils n'étaient pas sûrs de ce qu'ils avaient vu exactement, n'étant pas accoutumés à de telles acrobaties ; néanmoins, ils ne se laissèrent pas berner, si bien que quatre d'entre eux se dirigèrent vers l'endroit où la cible avait touché le sol.

Milan peinait encore à se sortir de la neige au travers de laquelle il s'était enfoncé, quand il les vit approcher. Il savait qu'il serait difficile de leur échapper. Pas question de les fasciner, ou de leur glisser impunément entre les doigts. Les membres du CIO étaient immunisés contre tous ses tours de passe passe ; sans compter que leurs balles seraient tout aussi efficaces, mortelles pour ainsi dire.

Cependant, il n'eut pas à tester leur vigilance, car à ce moment, un sifflement strident les paralysa, tous autant qu'ils étaient. Milan comme les autres se prit la tête entre les mains pour résister à cet espèce de grincement assourdissant. Sur le coup, il fut incapable d'identifier ni sa nature, ni sa provenance. Seule la douleur le tétanisa. Et même une fois qu'il s'arrêta, il n'en conservait aucune mémoire précise, seulement celle du supplice enduré.

En même temps que le grincement suraigu, toutes les baies panoramiques du bâtiment du CIO avaient éclaté, et pire encore, un morceau de balcon situé sur le versant surplombant la falaise, au dessus du vide, s'était fracturé, en déclenchant une avalanche sous ses fondations.

Tout un pan de mur semblait également avoir été éventré. Le bruit fracassant de l'éboulement focalisa l'attention des vigiles qui se précipitèrent dans cette direction en oubliant quasiment Milan.

Ce dernier n'avait même pas profité de la diversion pour s'enfuir, il restait bouche bée face au spectacle. Il y avait un trou énorme dans le bâtiment du CIO, à hauteur du troisième étage semblait-il. Probablement de la taille d'une salle entière. Le mur extérieur avait été brisé, pire que cela, renversé, si bien qu'à présent, l'intérieur de l'édifice béait sur les étoiles.

Milan s'attendait à voir les flammes et les fumées d'une explosion, mais ce ne fut pas le cas. Pendant un instant, tout ce qu'il vit, ce fut une étrange lueur rouge sanguine qui émergeait de la brèche, un peu comme l'éclairage brutal d'un gyrophare. 

Stupéfait par le spectacle, Milan s'en rapprocha, en faisant à peine attention à ne pas attirer les vigiles. Mais ces derniers étaient comme lui obnubilés par l'accident. La moitié d'entre eux se dirigeait vers la brèche située au-dessus de la falaise, tandis que l'autre moitié se précipitait en direction des portes du bâtiment, afin de porter secours aux éventuels blessés.

La lueur rouge disparut assez rapidement, et Milan entendit à ce moment la voix de Sergi dans ses écouteurs.

– Milan ! Milan ! Bon sang t'as vu ça ?!

Il entendit l'hélicoptère qui se rapprochait. L'appareil avait fait une dangereuse embardée lors du sifflement, qui avait saturé les tympans de ses deux passagers de la même manière que toutes les personnes à terre. Mais ils s'en étaient sortis et se trouvaient maintenant aux premières loges face au sinistre.

L'engin volant cependant n'était pas aussi discret que Milan, et les vigiles eurent tôt fait de le repérer. Ils se mirent alors à décharger leurs revolvers sur sa carlingue. A bord, Sergi et Todor comprirent qu'il ne s'agissait pas de coups de semonce. Les troupes du CIO cherchaient à les abattre. 

Milan Lazsco : La Dette [E4 Quadrilogie du vampire] en  coursWhere stories live. Discover now