Duel psychique

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Rapidement, Célia fut semée à la fois par le télépathe, qui avait pris une certaine avance, et par les deux agents, moins éprouvés qu'elle, qui la laissèrent en arrière pour tenter de combler leur retard. 

Comprenant qu'elle ne pourrait suivre leur rythme soutenu, Célia tenta de trouver le sien, en commençant par joindre Darno Warren au téléphone, afin de le tenir informé des dernières péripéties.

– Nous ne sommes pas arrivés à la gare, dit-elle dans son micro filaire, tout en soufflant sous l'effort. Volkov a stoppé le train et vos hommes sont à sa poursuite.

– Je sais, j'ai suivi la progression du train jusqu'à son arrêt. Je ne suis plus qu'à six minutes de vous. Restez en contact.

Célia obtempéra en cessant de parler, afin d'économiser son souffle. Elle traversa toutes les étendues accidentées et les terrains vagues entourant les voies ferrées. La silhouette de leur cible avait disparu depuis plus d'une minute derrière un bosquet d'arbres situé tout à l'extrémité des voies ferrées et les agents l'avaient ensuite suivie, pour disparaître à leur tour. 

Ce n'était pas la douleur de son genou, subie en bondissant sur le train, qui ralentissait Célia, elle y faisait à peine attention. C'était plutôt la fatigue accumulée contre les attaques psychiques du médium. Le choc avait secoué tout son corps, et elle s'efforçait maintenant de récupérer.

Lorsqu'elle parvint au bosquet d'arbres en question, elle grimpa un talus et se retrouva dans un grand parking rempli de véhicules en tous genres. Ce n'était pas un endroit fréquenté, les véhicules pour la plupart étaient à l'abandon. Certains désossés ou même brûlés. Seuls quelques mendiants hantaient cet endroit qui ressemblait à un cimetière de métal rouillé. La face cachée de Sotchi, songea Célia en son for intérieur.

Elle aperçut les agents au loin dans le parking, sur la droite, qui la devançaient en zigzagant entre les véhicules. Elle prit son courage à deux mains et repartit à leur poursuite en dépit de la distance, en dépit même du fait qu'elle ne pourrait probablement pas les rattraper : au contraire, ils semblaient chaque fois accroître leur avance. Quant au télépathe, elle ne le voyait même plus. A ce rythme, tous auraient bientôt disparu de son champ de vision.

Elle n'abandonna pas cependant et gagna la fin du parking, à l'endroit où elle avait vu les deux agents disparaître. 

Ce fut malheureusement pour se retrouver plus perdue encore, face à un ensemble de plusieurs petites ruelles étroites, inextricablement emmêlées, avec sur la gauche une allée piétonne bordée de platanes, tout droit, trois ruelles distinctes, et sur la droite un escalier abrupt qui montait en direction d'une église orthodoxe dont on n'apercevait que le clocher doré sous les lueurs du crépuscule. 

Célia ignorait la direction prise par ses prédécesseurs. Se fiant à ses sens les plus instinctifs, elle s'élança dans l'escalier étroit, grimpant en direction de l'église Saint-Michel-Archange. Les dômes dorés du monument religieux surgissaient au détour de son ascension, entre les toits et les murs des bâtisses.

A cette heure, l'endroit était beaucoup plus calme que le reste de la ville. Il était certainement visité de jour, mais la nuit tombait et à cette heure la vieille ville se désertait. Les rues spécialisées dans la restauration, ainsi bien sûr que les sites olympiques, les remplaçaient en terme de fréquentation.

Célia cependant avait décidé de se fier jusqu'au bout à son intuition. Et plus elle avançait, plus sa sensation se précisait. Elle parvint au sommet de la première série d'escaliers en ayant croisé tout au plus une dizaine de personnes, des locaux essentiellement, plutôt de vieilles personnes. Une rue pittoresque s'écartait des escaliers, pour mener vers une série de bâtiments massifs, officiels. Célia les ignora et poursuivit l'ascension des escaliers.

Milan Lazsco : La Dette [E4 Quadrilogie du vampire] en  coursWhere stories live. Discover now